Réforme du collège.
Je ne vais pas commenter ce que propose la ministre, mais je vais jouer les anciens combattants.
J’ai été Principal-adjoint dans un petit collège ZEP de centre-ville. A l’époque, sur les trois classes de 6ème, il y avait deux 6èmes bilangues : anglais-espagnol et anglais-portugais, cette dernière débouchant ensuite sur une classe européenne portugais. C’était un des pôles d’excellence du collège. Mais, dans ce collège très métissé, environ la moitié des élèves étudiaient (avec plaisir !) le latin, et en 3ème, c’était un quart de l’effectif qui devenait helléniste. La professeure avait l’habitude d’inscrire ses élèves à des concours de langues anciennes, et les Karim ou Fatima étaient au moins aussi nombreux que les François ou Marie parmi les lauréats. C’était la preuve que, lorsque les moyens sont présents, on peut sans hésiter proposer l’excellence à des élèves, y compris, et surtout issus de milieux défavorisés, et les conduire à la réussite.
On fait mine de réinventer ce qui, de mon temps, avait pour nom IDD, c’est-à-dire Itinéraires De Découvertes. Je les ai toujours encouragés et ménagé le temps pour qu’ils puissent être pratiqués. Ils avaient un immense avantage : celui d’obliger les profs à travailler ensemble, et à sortir de la boîte noire de leur classe. Quelque chose que les gens de ma génération qui étaient passés par l’ENNA avaient toujours pratiqué. C’est vrai que la pédagogie enseignée dans ces Ecoles Normales était très en avance par rapport à ce qui se pratiquait majoritairement dans l’enseignement secondaire « ordinaire » (c’est-à-dire ni technique, ni professionnel). Peut-être étais-je à côté de la plaque, mais j’ai toujours considéré que les IDD ne devaient pas se substituer au cours, mais aller plus loin et permettre de faire le lien entre différentes disciplines afin de montrer la cohérence de ce qui était enseigné par plusieurs collègues. Ce n’est pas après un cours de géographie sur les îles britanniques qu’on va déboucher sur l’étude de l’anglais (à la limite le gallois !), alors comment l’étude de la civilisation romaine pourrait-elle déboucher « naturellement » sur les déclinaisons du latin ? Je dois dire que là, ma réflexion pédagogique bute.
Et ce n’est pas fini…