20% des élèves infirmiers abandonnent leurs études
In La Tribune du 9 novembre 2022
Alors que la France fait face, depuis de nombreux mois, à une pénurie de soignants, 20% des élèves en écoles d'infirmières « abandonnent leurs études », déplore François BRAUN. Pour expliquer ce renoncement, le ministre de la Santé pointe notamment leur « précarité » financière, et même la « maltraitance » subie durant les stages de formation.
La fuite des blouses blanches débute dès l'école. Dans les instituts de formation aux soins infirmiers (Ifsi), qui intègrent chaque année plus de 30.000 nouveaux étudiants et étudiantes, « 20%, en gros, abandonnent leurs études » au cours de leur cursus de trois ans.
Ce phénomène « me préoccupe vraiment beaucoup », a ajouté le ministre de la Santé, précisant que « l'abandon des études » était aussi « de l'ordre de 10% en médecine ».
Chez les infirmiers, les défections massives s'expliquent d'abord par les « problèmes de précarité des étudiants », en particulier des « bourses versées en retard » par les régions, notamment en Île-de-France, a expliqué François BRAUN. « Quand il faut attendre la deuxième partie du mois la bourse qu'on doit avoir le premier jour, c'est compliqué », a-t-il insisté.
Mais là n'est pas la seule cause selon le ministre. Le renoncement est aussi lié à « la maltraitance en stage », qui débute dès l'entrée en Ifsi. « Pour leur premier stage, en première année, ils vont se retrouver en Ehpad ou en gériatrie, c'est quasi systématique », a-t-il affirmé, mais « comme ils n'ont pas de compétences d'infirmières, on leur dit « On manque d'aides-soignants, donc tu vas faire les toilettes », et en plus ils se font engueuler ».
« Ce type de stage à très forte pression, il faut les mettre plutôt en fin d'études », estime François BRAUN. Selon lui, pour « le premier stage, on doit faire briller leurs yeux, ils doivent être en réa, aux urgences, dans des services très pointus. » »
François BRAUN a par ailleurs défendu la suppression du concours d'entrée dans les Ifsi, qui sélectionnait « des jeunes préformatés pour rentrer dans le cadre ». La sélection via Parcoursup, décriée par les étudiants, permet au contraire d'attirer « des jeunes avec des parcours complètement différents », auxquels « il faut que le cadre de formation s'adapte ».
Et ce n'est pas fini...