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Le blog de Bernard SARLANDIE

Pouvoir d'achat

22 Février 2023, 10:35am

Publié par Bernardoc

in Libé-matin du 22 février 2023 (extraits)

Hausse des prix alimentaires : la menace d’un «mars rouge» plane sur les chariots

Les négociations annuelles entre fournisseurs et distributeurs sur les prix de gros des marchandises prendront fin le 28 février. L’application des nouveaux tarifs pourrait engendrer une explosion des prix en grandes surfaces, malgré les déclarations optimistes de Bruno Le Maire.

L’expression a de quoi faire peur. Début janvier, Olivier Dauvers, spécialiste du secteur de la grande distribution, alertait sur un potentiel «mars rouge», soit une explosion des prix dans les grandes surfaces consécutives à l’application des nouveaux tarifs 2023 au 1er mars. L’expression a depuis fait le tour des plateaux télés jusqu’à être reprise par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Ce dernier signalait lundi sur BFMTV, qu’il «n’y a aucune raison qu’il y ait un mars rouge», désirant ainsi rassurer des consommateurs dont le pouvoir d’achat s’est déjà bien érodé en 2022. Mais l’élan d’optimisme affiché par Bercy ne semble pas partagé par tous.

Chaque année, fournisseurs de l’industrie agroalimentaire et grande surfaces se retrouvent pour négocier le prix de gros des marchandises vendues en rayon. Ces tractations annuelles, qui prendront fin le 28 février, reposent sur l’ensemble des produits de marque nationale (Danone, Lu, Herta…), ceux de marque distributeur (Marques Repères, Produits U ou Carrefour) n’étant pas concernés. Si les discussions sont habituellement âpres, le contexte inflationniste a attisé les tensions entre les deux camps. Les industriels, qui ont vu leurs coûts de production s’envoler (matières premières, énergie, transports), demandent une hausse des prix comprise entre 10% et 40% en fonction des produits. Les distributeurs rétorquent que de telles augmentations conduiraient à une inflation difficilement supportable pour le consommateur.

«Les industriels demandent des hausses de tarifs délirantes de 20 % alors que les prix des matières premières, des transports, et de l’énergie sont désormais significativement à la baisse», s’insurgeait dans un entretien au Figaro le 14 février, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, qui présentait par la même occasion un chiffre d’affaires mondial à la hausse. «On peut être impressionné par le niveau des hausses demandées, mais chacune d’entre elles est avérée, et elles sont tout sauf délirantes, objectait auprès de l’AFP Jean-Philippe André, le président de la principale organisation patronale de l’agroalimentaire français, l’Ania. Les matières premières sont plus chères que l’an dernier et nous avons acheté l’énergie aux tarifs actuels pour toute l’année.» Malgré leurs divergences, fournisseurs comme distributeurs devraient s’entendre sur une «augmentation des prix de gros autour de 10 %» Olivier Dauvers. Et comme les grandes surfaces n’imaginent pas (trop) rogner sur leurs marges, l’addition sera répercutée sur les consommateurs.

Devant ces prévisions qui n’augurent rien de bon, les Français continueront d’adapter leurs habitudes de consommation. Les marques distributeur, qui ont vu leur part de part de marché repartir à la hausse en 2022 après des années de baisse continue, devraient en être les principales bénéficiaires. Devraient aussi se multiplier les arbitrages liés à la privation de certaines denrées. Un ménage sur quatre a déjà commencé à rogner sur l’achat de produits alimentaires. Avec le risque que la réduction du volume dans le chariot ne se traduise pas par une addition moins salée en caisse. «L’inflation printanière pourrait avoir des conséquences sociales désastreuses, souligne Olivier Dauvers. Cela me rappelle l’atmosphère pré-gilets jaunes.»

Le spécialiste du secteur de la grande distribution entrevoit toutefois une possible issue de secours : «L’année dernière, le gouvernement a imposé un nouveau round de négociations quand les coûts de l’énergie et ceux des matières premières se sont envolés afin de ne pas pénaliser les fournisseurs. On peut imaginer cette fois-ci des négociations revues à la baisse, avec le possible recul des matières premières et les prochains contrats énergétiques qui seront, eux, affectés par le repli des cours.» Pour l’heure, rien de tout cela n’est prévu.

Et ce n'est pas fini...


 

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