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Le blog de Bernard SARLANDIE

1936 : Syndicalisme enseignant et Front populaire

24 Novembre 2024, 12:02pm

Publié par Bernardoc

Le 12 février 1934, en réponse au coup de force factieux du 6 février, un appel à la grève générale est lancé. Pour la première fois de leur histoire, les enseignants sont appelés à cesser le travail.

En juillet, c’est dans les locaux du Syndicat national des instituteurs (SNI-CGT), que les forces qui vont constituer le Front populaire tiennent leur première réunion. Le SNI, qui syndique alors 100 000 des 120 000 institutrices est en pointe dans la lutte contre le fascisme, d’autant que celui-ci s’intéresse de très près à l’école qu’il veut mettre à sa botte. Un an plus tard, c’est le serment du 14 juillet 1935, acte fondateur du Front populaire et de la réunification syndicale (excepté pour le déjà très réactionnaire Snalc, qui refuse de rejoindre la CGT…).

Si le programme du Front populaire comporte un volet éducatif (scolarisation jusqu’à 14 ans, fin du dualisme scolaire, « garantir à tous, élèves et maîtres, la pleine liberté de conscience », défense de la laïcité, etc.), il reste assez timide.

Au lendemain des élections, c’est à Jean ZAY qu’est confié le portefeuille de l’Éducation nationale et des Beaux-arts. Alors qu’elles sont toujours exclues du droit de vote, trois femmes – Cécile Brunschvicg, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore – deviennent sous-secrétaires d’État. Zay entend s’appuyer sur les forces vives de la communauté éducative : syndicalistes, pédagogues, militants de l’éducation populaire, etc.

Il instaure la scolarité obligatoire à 14 ans, qui passe par un recrutement massif d’enseignants (2 000 dès la rentrée 36 puis 4 000 en septembre 1937) et des constructions de nouvelles écoles (le budget dédié est multiplié par 5), dans le secondaire, on dédouble les classes à 35.

Le gouvernement engage aussi le chantier de l’unification du système éducatif instaurant l’École unique. Il s’agit d’en finir avec la ségrégation sociale héritée de l’école de Jules Ferry – enseignement primaire, pour le peuple, et enseignement secondaire public, réservé à l’élite (5 %) et payant jusqu’en 1932.

Ce sont aussi des pratiques pédagogiques nouvelles – inspirées des méthodes actives – qui sont dès lors préconisées. Les contenus sont repensés (introduction de l’histoire du monde du travail), des activités interdisciplinaires inscrites à l’emploi du temps et on réfléchit enfin à la place des enfants en situation de handicap à l’école.

Mais bien sûr, les réactionnaires fulminent contre des programmes « judéo-bolcheviques », « le nivellement par le bas », « la disparition de la haute culture » (latin /grec) et « une pédagogie de l’amusement »… Et Jean ZAY finira exécuté par la milice vichyste.

En 1940, les toutes premières mesures de Pétain acteront la dissolution du SNI, la fin des Écoles normales d’instituteurs et le retour à un 2d degré public payant…

Et ce n’est pas fini...

 

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