Retraites (14)
Et ce n’est pas fini…
Pour éviter d'avoir à me répéter, notes en vrac d'un retraité, incorrigible militant.
Et ce n’est pas fini…
Dans ce scénario, où la répartition entre retraites, salaires et profits reste constante, on peut se rendre compte que les plus lésés sont les retraités, puisqu’il faut répartir la même proportion du PIB entre 22 millions de retraités en 2050 au lieu de 12 millions en 2003, ce qui aboutit à des baisses considérables de revenu pour les salariés au moment du départ en retraite.
Ce scénario ne nous convient pas !
Dans ce deuxième scénario, qui s’appuie sur les prévisions du COR, la part des retraites devrait être portée à 18% du PIB. Ces 6 points supplémentaires, répartis sur une quarantaine d’années, pourraient fort bien être prélevés sur la part salariale, et le revenu des salariés se trouverait cependant multiplié par 1,71 (contre 1,64 pour les retraites). Les profits, quant à eux, continuant à engraisser les capitalistes.
Au nom de la solidarité et d’une répartition des richesses plus équitable, nous ne pouvons non plus nous contenter de ce scénario.
Voici donc le troisième.
Si l’on souhaite maintenir à la fois le niveau des retraites et celui des salaires, ce qu’il faut ponctionner, ce sont les profits.
On voit que dans ce cas et à l’horizon 2050 la part des salaires dans le PIB passerait de 60% (48+12) en 2003 à 66% (48+18) en 2050. Or cette part était voisine de 70% dans les années 1980…
C’est donc tout à fait possible, et je dois dire SOUHAITABLE !
Et ce n’est pas fini…
Oui : c’est un problème de partage des richesses entre le capital et le travail, autrement dit entre salaires et profits.
Attention : les propositions qui vont suivre ne sont pas celles du Medef, donc du gouvernement à ses ordres !
Sur ce graphique, en vert la part du PIB consacré aux retraites, en rose les salaires et en bleu les profits.
Selon le COR, mais aussi selon la quasi-totalité des économistes, le PIB aura doublé d’ici 2050, pour atteindre 3 000 milliards d’euros constants (c'est-à-dire d’euros ayant conservé leur pouvoir d’achat de 2003).
A venir, trois scénarii possibles pour alimenter votre réflexion.
Et ce n’est pas fini…
La courbe bleu foncé, sur laquelle figure le point A, correspond au scénario dans lequel l’âge de départ à la retraite demeure inchangé. Ce point A indique qu’à l’horizon 2040 il faudra environ 9,5 points de cotisation supplémentaire, soit un peu moins de 0,24 point par an pour financer des pensions équivalentes à ce qu’elles sont aujourd’hui, soit environ 64% du SAM (voir plus haut). En revanche, et compte tenu de la démographie, la durée de jouissance de la retraite serait augmentée de 5 ,5 ans.
Si l’on prend le point B (en haut, à droite), on découvre qu’à niveau de pension inchangé, sur toute la période, il faudrait progressivement augmenter les ressources consacrées au financement des retraites de l’équivalent à terme, c'est-à-dire en 2040, d’un peu moins de 15 points de cotisations sur le salaire moyen brut, ce qui représente en moyenne moins de 0,38 point d’augmentation par an durant 40 ans. Mais dans le cadre du partage actuel entre employeur et salarié, seuls 6 points seraient à la charge du salarié.
Est-ce réaliste ? Pendant 20 ans, de 1971 à 1991, l’augmentation a été de 0,4 point par an. Avez-vous souvenir de protestation ? Moi non, et pourtant j’ai été salarié depuis 1969.
Et ce n’est pas fini…
Pour nous autres, travailleurs exploités (salariés, si vous préférez), il est évident que seul le troisième point est envisageable.
Ce graphique se lit de la manière suivante :
L’axe horizontal indique le niveau relatif de la pension moyenne nette par rapport au revenu net moyen d’activité – tous régimes confondus- et en prenant en compte tous les droits à retraite.
L’axe vertical indique, estimés en points de cotisation sur le salaire brut, l’augmentation des ressources qui permettraient de financer globalement l’ensemble des régimes dans les différents scénarii possibles.
C’est ce que nous verrons dans les jours à venir.
Et ce n’est pas fini…
Quels sont alors les choix possibles ?
Les projections de l’INSEE montrent que le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus va s’accroître de manière très importante d’ici 2050, pour se stabiliser après.
A âge de départ en retraite et à montant de pensions inchangés, il faudra donc forcément consacrer à cette population une part des richesse créées chaque année plus importante qu’aujourd’hui si on veut lui conserver le niveau de vie qui est le sien.
Le problème des retraites est donc un problème de financement.
Et ce n’est pas fini…
Le régime « suédois » fonctionne en répartition, mais seul le montant des cotisations versées est porté au compte du salarié qui accumule ainsi un capital VIRTUEL en euros. Ce capital peut être « actualisé » au fil des années. Lorsque le salarié fait valoir son droit à retraite, on divise le capital total qu’il a ainsi accumulé durant sa vie active par l’espérance de vie « moyenne » qui est la sienne à l’âge où il prend sa retraite et on lui verse alors le résultat de cette division sous forme de rente durant toute la durée de sa retraite. Et cela dans le meilleur des cas, c'est-à-dire si le montant total des pensions ainsi calculées n’excède pas le montant total des cotisations encaissées par le régime.
Dans le cas contraire, un coefficient de minoration (« coefficient de conversion ») est appliqué à la rente afin de réaliser l’équilibre financier du régime.
Dans un tel système, le salarié n’a plus aucune garantie sur le montant de la pension auquel il aura droit et plus aucune idée de ce que ce montant pourra représenter par rapport à son salaire d’activité.
Et ce n’est pas fini…
La réponse est clairement : NON !
Le bilan des quinze années de réformes que nous venons de vivre s’avère négatif tant sur le plan social que financier. De plus, la crise du capitalisme financier, par son impact sur l’emploi et les salaires, aggrave encore sensiblement la situation. Loin d’en tirer les conséquences, le Président de la République, aux ordres du Medef entend poursuivre dans la même voie et liquider le système mis en place à la Libération et qui avait quasiment atteint l’intégralité de ses objectifs quarante ans plus tard.
En arriver à proposer le cumul emploi-retraite, mesure glorifiée à la télévision par le Président de la République, comme solution à la diminution des pensions, n’est-ce pas avouer la faillite de la politique mise en œuvre depuis quinze ans ? Ou alors souhaite-t-on épuiser les vieux (j’en suis, c’est pour cela que le terme ne me choque pas) à la tâche afin de hâter leur disparition, générant ainsi de substantielles économies ?
Dans le premier article je mentionnais le système de répartition comme gage de la solidarité. Il existait une autre forme de solidarité « familiale » : c’était la pension de réversion. Or voila-t-il pas qu’il faut trouver de quoi alimenter le bouclier fiscal, et donc pourquoi ne pas se tourner vers des économies mesquines ? Il s’agit vraiment pour nos dirigeants d’exprimer leur mépris vis-à-vis des citoyens modestes ou pauvres.
Comme je le disais précédemment : une seule solution : la lutte !
Et ce n’est pas fini…
En effet, les effets nocifs et malveillants imposés par les précédentes « réformes » n’ont joué que sur une partie de la carrière pour les salariés qui font liquider leurs droits aujourd’hui.
Si l’on prend pour hypothèse d’évolution du SAM des salariés du secteur privé celle minimale du COR (Conseil d’Orientation des Retraites), de l’AGIRC et de l’ARRCO, soit 1,5%, les tableaux suivants indiquent les pertes subies par un salarié entré dans la vie active en 2006 à l’âge de 22 ans et demi.
On constate la baisse du taux de remplacement de la pension suite au nouveau mode de calcul (voir articles précédents), mais ce qui est encore plus dramatique, c’est qu’au bout de 20 ans de retraite, la pension indexée sur « les prix » sera inférieure de 26% à ce qu’elle aurait été en cas d’indexation sur les salaires. Cette perte représentera donc un « manque à gagner » de 35% par rapport à la pension qui était servie avant le début de démantèlement du système issu du CNR.
Cette même baisse s’appliquera aux retraités des fonctions publiques (ou de ce qu’il en restera ! )
Et ce n’est pas fini…
Depuis 2003 et la loi Fillon, les fonctionnaires cotisent à la RAFP (Retraite Additionnelle de la Fonction Publique). Ces cotisations sont prélevées sur la partie extérieure au traitement, c'est-à-dire sur les différentes primes ou indemnités que l’on trouve sur les bulletins de salaire. Or, cette retraite additionnelle n’a rien à voir avec la retraite par répartition (dont nous avons vu les avantages plus haut) ; il s’agit d’un fonds de pension, vous savez ces machins si populaires aux USA qui rachètent les usines européennes et qui « rentabilisent » après.
Et dans cette RAFP, seul le montant de la cotisation est défini, mais pas le niveau de sortie. On y cotise à l’aveugle et le régime ne garantit en aucun cas un niveau de retraite donné. D’où la vieille revendication de la CGT d’inclure les primes dans le traitement afin que les cotisations retraite soient intégrées au régime par répartition.
De plus, comme la RAFP est relativement récente, pendant encore quelques années les fonctionnaires ne toucheront pas de pension additionnelle (gestion trop onéreuse pour de petites sommes), mais un capital versé en une seule fois lors de leur départ en retraite.
Et ce n’est pas fini…