C’est le titre d’un ouvrage de Chantal KERDILES paru en 1995 au Vent des îles, une maison d’édition tahitienne. Nous étions contemporains dans cette région du globe puisqu’elle y était arrivée un an avant nous. Je viens de le terminer juste avant de partir pour Alacante. C’est Guilhem et Elena qui en avaient fait l’acquisition lors de leur voyage de noces au fenua.
Intéressant ouvrage, témoignage ethnographique de la vie dans ces confettis de l’empire que sont les atolls des Tuamotu. Intéressant témoignage aussi concernant l’éducation dans l’école publique, surtout venant de la part d’une journaliste de formation qui avait une vision plutôt négative de l’enseignement.
Première impression : la religion omni présente, comme partout sur le territoire avec sur ces îles un partage entre les catholiques et les sanitos (mormons dissidents).
Deuxième impression : la puissance du tavana (le maire), bien souvent non francophone, sinon illettré.
Troisième impression : l’alcool – de la bière fabriquée sur l’île, la goélette n’arrivant que de temps en temps – qui entraîne la violence (les Polynésiens ont le vin mauvais). Curieusement l’auteure ne nous parle pas du pakalolo (cannabis) qui pourtant avait des vertus apaisantes contrairement à l’alcool.
Quatrième impression : l’administration où l’on voit trop souvent le maire et ses affidés utiliser l’argent ou le matériel de l’Etat ou du territoire à leur seul profit.
Cinquième impression : l’éducation, où l’on voit les petits gamins avides de comprendre et d’apprendre, d’autant plus facilement que l’on utilise la bienveillance et non la violence, moyen « traditionnel » de l’éducation polynésienne.
Beaucoup de plaisir à retrouver in situ les mots tahitiens que nous avions utilisés au quotidien pendant six ans pour décrire cette vie de tous les jours.
Le premier chapitre et l’épilogue sont plus intimes et décrivent le cheminement personnel jusqu’à dieu qui s’installe petit à petit chez l’auteure, un peu à la façon dont cette idée envahit les marcheurs des chemins de St Jacques.
Et ce n’est pas fini…