De Lynch à Marquet.
C’était la deuxième conférence dans le cadre de l’exposition « Les portes et les Ponts de Bordeaux ». Elle était proposée devant une salle comble (il n’y avait pas assez de chaises !) par Franck LAFOSSAS, qui n’est ni Bordelais d’origine, ni historien puisqu’il était magistrat. C’est donc un amateur passionné qui nous a fait part de ses recherches et de ses découvertes. Cela me rappelait un peu la façon dont la découverte d’un document d’archives avait conduit notre camarade Lucien GAY à dérouler le fil jusqu’à retracer l’action héroïque et oubliée du matelot Paul PEYRAT. Mais là il s’agissait d’une valise d’archives personnelles d’Adrien MARQUET, ancien maire de Bordeaux, bâtisseur de la Bourse du travail, du stade Lescure et de la piscine Judaïque.
Ce qui avait intrigué le conférencier dans cette valise, c’était la reproduction d’une gravure représentant la remise des clés de la ville le 12 mars 1814 (véritable date du début de la restauration de Louis XVIII) par Jean-Baptiste LYNCH, alors maire de Bordeaux, au duc d’Angoulême, représentant du roi d’Angleterre. D’où le titre exact de la conférence : «Les maires Marquet et Lynch : même refus du combat, même souci de collaboration ». En effet, Marquet était un jaurésien pacifiste acharné en 1913 qui aimait se comparer à Lynch : tous deux étaient grands, maigres et élégants et étaient issus de familles de réfugiés ayant fui les Anglais pour l’un et les Allemands pour l’autre.
C’est son pacifisme qui a conduit Marquet à devenir ministre de l’intérieur de Pétain ; il sera l’avant-dernier parlementaire à quitter le gouvernement de Vichy, n’y laissant plus que Laval. Il n’aura de cesse de répéter que les pleins pouvoirs avaient été accordés pour écrire une constitution, pas pour gouverner la France. D’ailleurs sa valise contenait un projet de nouvelle constitution.
Exclu de la SFIO en 1933, Marquet avait conservé précieusement sa carte de délégué au congrès fondateur de 1905 ainsi que l’invitation reçue pour la translation des cendres de Jaurès au Panthéon. Contrairement à ce qu’il prétendait, ce traître à la patrie n’a jamais été amnistié.
Les photos de la conférence sous le lien :
Et ce n’est pas fini…