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Le blog de Bernard SARLANDIE

La vie à l'internat

20 Janvier 2010, 08:02am

Publié par Bernardoc

         Ce qui m’a frappé en arrivant, c’était l’extrême liberté des internes, une liberté fondée sur la confiance…nous qui venions de nous battre depuis six mois contre la ségrégation garçons-filles dans les résidences universitaires. Les élèves en effet, pouvaient sortir en ville dès la fin des cours, à condition qu’ils soient revenus pour le dîner qui avait lieu à dix-huit heures. Et dès qu’ils rentraient, l’uniforme n’était plus obligatoire, ce qui veut dire qu’en hiver les petits (6ème et 5ème) étaient autorisés à mettre un pantalon long, qui était quand même plus confortable que ces shorts longs et ces chaussettes montantes qui étaient une partie de leur uniforme.

         00000043J’ai eu l’occasion de pratiquer l’internat car, à partir du deuxième trimestre, le Directeur m’a proposé d’être logé, nourri, blanchi gratis en échange d’une à deux nuits de service par semaine. Grâce à cette aubaine j’ai pu faire de sérieuses économies, et comme nous étions trois jeunes célibataires à nous partager la tâche, il y avait toujours moyen de s’arranger si on avait calculé de sortir une nuit de service.

         Comme à midi, le soir aussi les élèves attendaient debout à leur place qu’un adulte dise « grace », c'est-à-dire le benedicite. S’il n’y avait pas d’adulte, c’était un « prefect », c'est-à-dire un élève de terminale qui s’en chargeait. Or, un soir de juin, je me retrouvai seul en face du réfectoire ; j’étais en charge des « juniors » (6ème à 4ème) et les « prefects » avaient été dispensés de leur encadrement pour préparer leurs examens A-levels. J’attendais l’arrivée de mes collègues, mais ils n’arrivaient pas. Et je voyais les élèves me regarder en souriant, car ils connaissaient mes opinions, tout en refusant de déroger à la règle. Au bout de trois longues minutes, alors que l’agitation commençait à poindre, j’ai marmonné une formule incompréhensible qui était le feu vert pour le début du repas.

         Lorsque j’étais de service le dimanche, je devais accompagner les élèves à la messe. J’en ai alors profité pour visiter les quatre églises du village, avec mes yeux d’étudiant, car un certificat de ma licence comportait une partie consacrée à l’histoire des églises en Angleterre. Et dans chaque église les paroissiens me sautaient dessus, persuadés qu’ils allaient faire un nouvel adepte. Il fallait que je résiste pour ne pas être contraint de communier !

         Les grands élèves étaient quant à eux persuadés que la France était encore « la fille aînée de l’Eglise » et que la sexualité était gérée en direct de Rome par le Pape. J’ai dû leur expliquer que la France n’était pas l’Irlande, ni l’Espagne franquiste ou l’Italie.

Et ce n’est pas fini…

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