Sous (dans ?) le voile.
L'Huma dimanche du 24 juillet nous apprend que la Cgt n'approuve pas l'arrêt de la Cour de cassation donnant raison à l'employeur qui avait licencié une employée voilée de la crèche Baby-Loup. Encore une fois mon syndicat est à côté de la plaque. Un membre de la direction confédérale se demande : « L'Etat est laïc. Mais en quoi l'entreprise devrait-elle l'être ? ».
Camarade, tu n'écoutes pas les infos, tu ne regardes pas la télé, tu ne lis pas les journaux ? Il ne t'apparaît pas que la religion, quelle qu'elle soit, est du domaine strictement privé et ne devrait pas apparaître aux yeux de tous de façon prosélyte, entraînant de ce fait tous les conflits qui ont émaillé l'histoire de l'Humanité (je ne parle pas du journal de Jaurès) ? Ouvrir des salles de prières dans les entreprises, ne pas travailler le samedi sous prétexte de shabbat, donner du poisson le vendredi dans les cantines, est-ce bien une revendication qui relève du domaine de notre grande maison syndicale ? Non, décidément, une fois de plus je pense que notre organisation syndicale fait fausse route.
Pourquoi une fois de plus ? Je me souviens de deux prises de position, certes locales, mais qui m'ont marqué, avant que je n'adhère à la CGT.
En mai 68, mon père, chef cuisinier dans un hôpital et militant depuis plus de trente ans, s'était déclaré gréviste. Mais il fallait bien nourrir les patients hospitalisés, et sa conscience à la fois professionnelle et humaine, l'a conduit à travailler sans être payé. Mais le syndicat de l'hôpital avait déclaré que pendant la grève, les repas seraient gratuits pour les grévistes. Résultat : il y a eu deux fois plus de repas commensaux que d'habitude, et mon père a cessé de se syndiquer à la fin du mouvement.
Un autre exemple, alors que je n'étais pas encore adhérent : la CGT défendant bec et ongles le droit pour un aide-éducateur de fumer du haschich pendant son service au sein d'un collège. Ma formulation est tendancieuse, je le reconnais : le syndicat prétendait que le licenciement était abusif...et elle a gagné ! Selon moi, il n'y a pas lieu d'en tirer une quelconque fierté ; d'ailleurs l'ensemble du personnel du collège a organisé une journée « collège mort » en soutien au chef d'établissement qui avait pris la seule décision responsable.
Alors non, la CGT n'est pas infaillible et il serait bon que pour préserver sa grande force elle ne se lance pas dans le communautarisme. Pour ma part, après avoir sacrifié ma « carrière » en adhérant à la CGT, je continuerai à y militer, mais aussi à la Ligue des Droits de l'Homme et d'autres organisations laïques.
Et ce n'est pas fini...