Salut, salut à vous, glorieux soldats de la grande guerre, qui n'en avaient pas vu la fin, assassinés par vos frères d'armes, tout aussi démunis que vous qui n'aspiriez qu'à la paix.
Nous allons bientôt refermer la parenthèse « socialiste », probablement pour longtemps, et nous n'avons pas vu notre juste demande avancer d'un iota au cours de ce quinquennat. Pourtant, à l'origine, socialisme ne rimait-il pas avec pacifisme ? Les fusillés pour l'exemple demeurent encore les parias de la nation. Leur crime ? Avoir voulu rester dignes et éviter la boucherie entre frères humains. Même les amateurs d'évangiles, ceux qui rabâchent « Tu ne tueras point », devraient reconnaître que ce commandement a été bafoué par la sainte alliance du sabre et du goupillon.
Mais nom de dieu, faudra-t-il attendre un gouvernement de droite pour que justice soit rendue à ces malheureuses victimes ? Après tout, c'est bien sous Giscard que l'IVG a été rendue possible. Et cette réhabilitation est nécessaire, pour faire émerger la Vérité. Car, comme l'a écrit Louis BARTHAS, tonnelier audois qui fit la guerre en tant que caporal : « On a menti en nous disant qu'il fallait aller jusqu'au bout pour que ce soit la dernière des guerres. On a menti en nous disant que nous, les poilus, nous voulions la continuation de la guerre pour venger les morts, pour que nos sacrifices ne soient pas inutiles.On a menti...mais je renonce à écrire tous les mensonges sortis de la bouche ou sous la plume de nos gouvernants ou journalistes. La victoire a fait tout oublier, tout absoudre...Et dans les villages on parle déjà d'élever des monuments de gloire, d'apothéose aux victimes de la grande tuerie, à ceux, disent les patriotards, qui « ont fait volontairement le sacrifice de leur vie », comme si les malheureux avaient pu choisir, faire différemment. »
Et bien justement, si ! Des milliers de soldats, d'hommes ont refusé cela, des centaines furent passés par les armes pour avoir exprimé des sentiments d'humanité. Et tous ces réfractaires à l’armée, qu’Albert Einstein qualifiait de « véritables pionniers d’un monde sans guerre », ne sont toujours pas entrés dans la mémoire collective. Pour des milliers de rues dédiées au massacreur Joseph JOFFRE, combien de plaques bleues au nom de Louis LECOIN, insoumis à toutes les guerres ?
Pourtant, dès la fin de la guerre, des témoignages, plus modestes que le monument de Gentioux, existaient. Ainsi, le syndicat des maçons de Lyon et banlieue avait réalisé une plaque en l'honneur d'un de leurs camarades, sur laquelle on pouvait lire : « Maudite soit la guerre, maudits soient ses bourreaux. BAUDY n'est pas un lâche, mais un martyr. »
Un siècle après, nous ne baissons pas les bras. Nous continuerons avec opiniâtreté à réclamer justice pour les fusillés pour l'exemple, et pour toutes les victimes des armées, passées, présentes et à venir, et quels que soient les pays.
Vivent les insoumis ! Vivent les réfractaires ! Vivent les déserteurs ! A bas toutes les armées !