Contre la réforme des retraites, un front syndical uni et déterminé
Extrait d'Options, le magazine de l'Ugict-Cgt
Sans surprise, c’est en dramatisant les déséquilibres à venir des régimes de retraite qu’Élisabeth Borne à officiellement présenté la réforme des retraites. En utilisant jusqu’à saturation le verbe « préserver » ou ses dérivés pour argumenter le sauvetage d’un système qui, selon le gouvernement, serait en péril, la Première ministre a pour une fois omis de citer le dernier rapport du Cor (Conseil d’orientation des retraites) qui s’inscrit en faux contre cette affirmation. C’est ce qu’a confirmé son président, Pierre-Louis Bras, lors de la présentation du rapport en septembre 2022 : « Dans la plupart des hypothèses, la charge que représente les retraites pour les actifs diminuera, sauf dans la plus défavorable ».
Le déficit évoqué incessamment par le gouvernement à l’horizon 2030 représenterait en effet à peine 3 % des masses financières consacrées aux retraites (plus de 300 milliards d’euros par an). En appelant à une journée de mobilisation interprofessionnelle de grèves et de manifestations dès le 19 janvier, l’intersyndicale (Cfdt, Cgt, Fo, Cfe-Cgc, Cftc, Unsa, Solidaires et Fsu) dans un front uni et déterminé, l’affirme : « Le système de retraite par répartition n’est pas en danger. Rien ne justifie une réforme aussi brutale ». Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, n’en démord pourtant pas. Et insiste : « C’est un fait, un fait incontestable (…), c’est grave », a-t-il martelé lors de son intervention.
Ce qui est grave, c’est en réalité la baisse continue du niveau relatif des pensions par rapport à la rémunération des actifs. Un décrochage documenté par le Cor et que va accentuer la réforme annoncée, le « travailler plus longtemps » et dans des conditions de plus en plus mauvaises se traduisant par une difficulté toujours accrue à atteindre le taux plein. Comme cela était annoncé au cours des dernières semaines, l’âge légal à partir duquel il sera possible de partir à la retraite, si le projet devait être mis en œuvre, sera progressivement relevé à compter du 1er septembre 2023, à raison de trois mois par année de naissance. Il faudra avoir 63 ans et 3 mois en 2027, 64 ans en 2030 pour les personnes nées après 1968.
Le taux plein est en outre conditionné à une durée de cotisation allongée : 43 ans, soient 172 trimestres dès 2027 pour les personnes nées à partir de 1965, contre 169 avant la réforme. C’est une accélération du calendrier envisagé par la réforme Touraine de 2014. Elle ouvre la voie à un nouvel espace pour le développement de l’épargne retraite, notamment par les cadres, les professions intermédiaires et techniciennes dans l’espoir d’un maintien du niveau de vie. Tous les agents publics, fonctionnaires comme contractuels, sont concernés, sur les trois versants de la fonction publique.
Et ce n'est pas fini...