Une fois de plus le texte n’est pas de moi, mais il me paraît important de diffuser largement la lettre du Secrétaire régional de la CGT, Philippe MEDIAVILLA expliquant pourquoi il a décliné l’invitation du Président lors de sa visite à Bordeaux.
Monsieur le Président de la République,
Je vous informe par la présente que je décline l’invitation que vous m’avez faite d’aller écouter votre discours sur la lutte contre la fraude sociale, mardi 15 novembre à Bordeaux, et ce pour plusieurs raisons.
La première est qu’en matière de lutte contre la fraude sociale, vous avez toujours eu plus d’empressement à stigmatiser les bénéficiaires des prestations sociales comme étant des fraudeurs potentiels qu’à vous intéresser à ceux qui grèvent le plus les comptes sociaux par la fraude (comme le montrent les études faites notamment auprès des URSSAF), c’est à dire les employeurs.
De plus, cette politique de communication qui tend à opposer les plus démunis, les personnes malades, les accidentés du travail, les privés d’emploi avec le reste de la population en les présentant comme responsables de déficits tout à fait discutables, est en contradiction avec votre discours selon lequel les efforts que vous demandez face à la crise devraient être partagés.
Outre le fait que les nombreux allégements de cotisations sociales accordés aux entreprises n’ont eu pour effet qu’un aggravement des déficits des comptes sociaux sans pour autant créer des emplois, nous constatons que les dernières mesures d’austérité annoncées par le Premier Ministre, montrent une fois encore que ce sont les salariés de notre pays qui vont devoir faire les plus gros efforts.
La CGT, vous le savez, propose au contraire la mise en oeuvre d’une politique créatrice d’emplois notamment dans les services publics et dans le secteur industriel, ainsi qu’une hausse des salaires, des pensions, des prestations sociales et minimas sociaux. Les nombreuses luttes des alariés dans les entreprises en Aquitaine et en France pour les salaires et l’emploi montrent les difficultés qu’ils rencontrent et le sentiment d’injustice qui pèse face aux profits engrangés par les actionnaires.
En Aquitaine, région industrielle, l’emploi stable se transforme en emploi précaire. Des milliers d’emplois ont été supprimés dans les services publics les éloignant ainsi de la population. Des entreprises du secteur industriel ont fermé ces derniers mois et des menaces lourdes pèsent sur l’emploi dans des filières comme le bois-papier, l’automobile, l’aéronautique et l’agroalimentaire alors qu’il s’agit de filières et d’activités d’avenir, pour peu que le politique s’en saisisse en lieu et place des seuls tenants du marché.
La CGT fait des propositions en Aquitaine et souhaite qu’elles soient entendues. Cela nécessite une écoute de la part des politiques et des représentants de l’Etat. Or, nous faisons le constat amer que la démocratie sociale n’est pas un souci prioritaire dans notre pays ni en Aquitaine, où le Préfet de région n’a pas dénié répondre à notre demande de table ronde sur la filière bois. Aussi, si vous persistez à ignorer, comme vous l’avez fait lors du passage en force de la réforme des retraites, l’expression des salariés et des organisations syndicales qui les représentent, dans une période aussi importante que celle que nous vivons, il ne faudra pas vous étonner des réactions qui ne manqueront pas de se faire jour dans les semaines et les mois qui viennent.
Ainsi, Monsieur, c’est de concertation et de négociation dont les salariés ont besoin, non pas de discours culpabilisants si longtemps répétés et sans effet sur l’amélioration des conditions de vie et de travail qu’ils souhaitent au quotidien.
Recevez, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.
Philippe MEDIAVILLA
Secrétaire régional
Et ce n’est pas fini…