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Le blog de Bernard SARLANDIE

Dernière année sous les tropiques

7 Octobre 2009, 10:31am

Publié par Bernardoc

          Il me semble que c’est cette année-là que la fête nationale était célébrée en grande pompe par le Secrétaire d’Etat aux Affaires du Pacifique (Gaston FLOSSE ) à BoraBora avec toute une brochette des représentants des micro-états de la région ; et bien, moi qui ne suis pourtant pas un défenseur intransigeant de La Marseillaise (je veux dire de ses paroles), j’ai quand même été profondément choqué par le fait que toutes les huiles restent assises lors de la diffusion de l’hymne national.


21939 1322580858783 1058686208 31019333 3411975 n[1]Quant au collège, après cinq ans avec deux Principaux remarquables, voici qu’arrive une femme : sans doute le pire chef d’établissement avec qui j’ai eu à travailler. Dès le départ, je lui parle des soucis que j’avais eus l’année précédente avec un élève : elle convoque le père, l’enfant et moi : j’ai eu honte ! Elle a été insultante avec le père qui du coup a définitivement retiré son gamin du collège.

         Chaque fois que je faisais une proposition sa réponse était : « Monsieur Sarlandie, vous allez partir, alors laissez tomber. » A un collègue qui venait d’arriver : « Monsieur Daniel, vous venez d’arriver, installez-vous avant de faire des propositions. » A cette époque, nous venions pour des séjours de trois ans, éventuellement renouvelables une fois, donc si la première année il fallait attendre et ne rien proposer, de même que la dernière année, nous n’étions « rentables » qu’une année !

         J’ai parlé plus haut de la nécessité de posséder un véhicule pour se déplacer sur l’île ; son véhicule à elle était un cyclomoteur, conduit par son mari, elle se contentait du porte-bagages : belle image de la République et de ses institutions !

         Son mari avait été intronisé documentaliste, alors que le CDI était en rénovation ; il l’occupait donc pour lire La dépêche de Tahiti, et il était tranquille puisque sur la porte était affiché : « Interdit aux élèves ».

         Je me souviens de l’accueil des nouveaux collègues et notamment un soir au coucher du soleil j’avais emmené René faire un tour dans mon bateau et je lui avais dit : « Ca fait cinq ans que je suis payé pour être ici, et ça, c’est magnifique ! » Il a eu l’occasion de me dire que cinq ans plus tard il avait eu la même attitude vis-à-vis des arrivants.21939 1322580818782 1058686208 31019332 4674742 n[1]

         Nous avons profité de nos dernières vacances de Noël pour partir en Nouvelle Zélande en famille (Guilhem était encore dans son couffin) et en camping car. Ah ! le barbecue de Noël dans le jardin de Lloyd UPTON, le consul honoraire de France à Christchurch fera partie de nos plus agréables souvenirs ; mais j’aurai l’occasion plus tard de revenir sur la Nouvelle Zélande.

         Et notre départ, en l’absence de certains amis tahitiens qui ne voulaient pas pleurer sur le quai et qui donc nous avaient fait leurs adieux avant, nous conduisit après l’indispensable arrêt à Disneyland, nous conduisit sur les Champs Elysées pour le défilé du bicentenaire : nous avons beaucoup moins bien vu qu’à la télévision, mais l’ambiance pour notre retour en métropole fut très festive.

Et ce n’est pas fini… 

          

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Anticipation

6 Octobre 2009, 10:20am

Publié par Bernardoc

         J’optais donc pour le concours de CPE pour plusieurs raisons : une envie de ne pas replonger à mon retour dans la même routine que j’avais quittée six ans auparavant ; peut-être augmenter mes chances de devenir chef d’établissement (à l’époque, les CE/CPE représentaient pratiquement un tiers du recrutement) ; mais surtout la volonté de profiter au maximum de mon séjour en Polynésie. En effet, si je choisissais le concours de PLP2, je devais rentrer immédiatement en métropole, repasser par l’ENNA puis participer au mouvement national sans aucune bonification. Ayant eu la chance de commencer ma carrière dans l’académie de Bordeaux, je ne me voyais pas, avec ma petite famille, aller faire un séjour du côté de Nancy-Metz. A contrario, CPE me permettait de demander un report de stage avant de participer à une formation.

  21939 1322577018687 1058686208 31019303 7178996 n[1]       Cette année-là, sous l’impulsion d’un collègue fondu de théâtre qui venait d’arriver, nous apprîmes le métier d’acteur, dans une troupe mixte popa’a et polynésienne en participant régulièrement à un atelier de formation de l’acteur qui alternait avec la mise en scène de…En attendant Godot. Le choix de cette pièce, que la plupart d’entre nous ne connaissait que de nom, étonnait le patron qui émettait des doutes sur la portée que ce spectacle pourrait avoir sur la population de BoraBora. De plus, certains d’entre nous avaient des problèmes d’apprentissage du texte. Si bien qu’une autre idée germa dans la tête de notre metteur en scène : imaginer un spectacle fondé sur la poésie des prénoms tahitiens. Et pour être sûr d’avoir du public et de montrer ce que nous étions capables de faire, le proposer pour le tiurai (juillet) ou plutôt le Heiva comme il venait d’être rebaptisé, c'est-à-dire les festivités du 14 juillet qui durent habituellement entre deux et trois semaines, avec des spectacles tous les soirs, concours de chants et de danses entre les différents villages de l’île. Nous étions donc les seuls à n’être pas en compétition, mais simplement là pour prendre du plaisir ensemble, ce que nous fîmes par deux fois. Ce fut une très bonne expérience qui malheureusement ne devint pas pérenne, notre metteur en scène ayant trouvé d’autres centres d’intérêt l’année suivante.

Et ce n’est pas fini…

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Réorientation ?

3 Octobre 2009, 15:04pm

Publié par Bernardoc

          C’était l’époque où Jospin, Ministre de l’Education nationale (conseillé par Claude ALLEGRE ! ) avait décidé de créer deux grades pour les PCET, qui devenaient donc PLP1 et PLP2. Les PLP1 continuaient d’être recrutés à Bac + 2 alors qu’il fallait une licence pour passer le concours de PLP2. Etant déjà licencié lorsque j’avais passé le concours, je m’imaginais, ô combien naïvement, que j’allais être reclassé PLP2. Que nenni ! Je devais repasser un concours.

         Syndicaliste discipliné (j’étais à l’époque secrétaire local du Snetaa-Fen), j’ai appliqué le mot d’ordre du syndicat, en substance : « Le gouvernement nous prend pour des imbéciles, inscrivons-nous donc au maximum de concours pour lui prouver notre capacité. » Je le fis donc et m’inscrivis aux concours (interne et externe) de PLP2 et au concours externe de CPE.

         Il faut savoir qu’aux antipodes, nous devons composer pratiquement aux mêmes heures qu’en métropole, donc la première épreuve devait commencer à trois heures du matin. Et bien entendu, pour un des concours je ne me suis pas réveillé car à minuit et demi je n’avais toujours pas fermé l’œil. J’ai donc loupé l’épreuve de français, une péroraison de Bossuet, sans trop de regret. J’ai néanmoins participé à l’épreuve d’anglais, qui m’a donné une note fort honorable. En multipliant les réveils, j’ai participé aux deux épreuves du deuxième concours…qui fut annulé. Etait-ce à cause de la faute d’orthographe dans l’épreuve d’anglais ? Je n’en ai pas la moindre idée. Toujours est-il qu’il me fallait revenir à Tahiti à mes frais pour le repasser, ce que je n’ai pas fait. Quant au concours de CPE, j’étais tellement content de moi que j’ai écrit au ministère pour lui demander de m’envoyer la convocation pour l’oral à mon adresse de vacances en France. Las, je n’avais que 16 de moyenne à l’écrit et l’admissibilité était cette année-là à 17 !

         Rebelote l’année suivante, mais cette année-là nous devions choisir entre le concours externe ou l’interne pour le PLP2 (ainsi le ministère espérait réduire l’absentéisme - déjà ! – des profs pour cause de concours. J’ai choisi l’externe…et je fus admissible. Nous devions partir au moins quinze jours du Territoire pour pouvoir bénéficier d’un tarif économique. J’arrivais donc quarante-huit heures avant l’oral et partis ensuite en Dordogne, chez mes parents. En repassant par Paris, je passais à l’ENNA voir les résultats et j’étais admis. Je changeais de lieu et passais au ministère pour voir les résultats de CPE : j’étais admissible, l’oral aurait lieu dans une douzaine de jours. Après avoir modifié mon billet de retour, j’envoyai un télégramme (nous étions dans l’ère pré-internet) au patron : « Reçu PLP2 ; admissible CPE ; rentrerai quand pourrai ; Youpi ! ». Mon « youpi » fut apprécié !!! L’oral se déroula de façon mitigée : une épreuve sur les internats me parlait beaucoup, mais j’ai dû apparaître comme un vrai facho (j’ai eu 10) alors que l’épreuve concernant l’animation de la vie scolaire m’a permis de faire des éclats.

         Je reçus les notes des deux concours à peu près en même temps et je décidai d’opter pour CPE. Toutefois je m’étonnai de ma note d’anglais, qui n’était pas un multiple de trois (34). J’écrivis donc au ministère pour faire part de mes interrogations. On me répondit au dos de mon original (ainsi il ne restait aucune trace de ma contestation) en me disant qu’il ne s’agissait pas d’une note sur 20 avec coefficient 3, mais d’une note sur 60, ce qui n’était pas le texte du Bulletin Officiel. Sur les quarante cinq minutes que devait durer l’épreuve, on ne me laissa m’exprimer qu’une vingtaine de minutes avant de me remercier. Devant ma décomposition, le jury me dit de ne pas m’en faire, que ma prestation avait été très bonne. J’en conclus donc qu’il y avait dû y avoir une erreur de transcription de note et que c’aurait dû être 54 et non 34 ma note d’anglais. Mais effectivement, le ministère devait se demander qui c’était ce mec qui était reçu et qui contestait.

Et ce n’est pas fini… 

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Deuxième parenthèse "actuelle" : ma cinquième semaine de retraite

2 Octobre 2009, 22:36pm

Publié par Bernardoc

 

Un matin de septembre à Euronat
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Le soleil se lève vite sur la thalasso
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On commence par un gommage

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On continue par un enveloppement d'algues
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Et on se repose au calme
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Puis c'est la libération
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On se fait rincer au jet

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Et on se prélasse dans un bain à bulles...
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...avant de terminer par un massage.
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Après, entre sauna et hammam, il y a aussi la piscine d'eau de mer chaude.

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     Il n'y a pas à dire : il faut vraiment être maso pour continuer de bosser au-delà de soixante ans !
Et ce n'est pas fini...






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La charnière entre deux séjours

25 Septembre 2009, 22:12pm

Publié par Bernardoc

         Juin 1986 : l’heure du congé administratif avait sonné. Nous partions sans attendre la fin de l’année scolaire, selon les ordres du ministère, pour bénéficier de tarifs minorés.

         A cette époque, nous avions droit à la deuxième partie de notre prime de séjour (six mois et demi de traitement non indexé) au départ, ainsi qu’à un déménagement aller-retour vers la métropole. Au retour, nous touchions la première partie de la prime du deuxième séjour. Inutile de dire que nous ne nous étions jamais sentis aussi riches que pendant ces vacances. Nous avons loué une Renault 21 avec laquelle nous avons sillonné la France et je n’arrêtais pas de me dire c’était un beau pays, alors que la majorité des gens nous enviaient notre confetti du Pacifique.

         Mi-août : moment du retour pour être présents pour la rentrée.  Maeva allait retrouver Tao, sa nounou, Estelle allait retourner au CE2 pour continuer à écrire que « Tihoti ramait la pirogue » ou que « Tina pédalait la bicyclette », tout en enrichissant son vocabulaire de gros mots tahitiens. Mais au moins elle continuait de nous parler avec un accent popa’a, le franco-tahitien étant réservé aux conversations avec ses camarades.

         Nous avions laissé notre fare à deux familles de collègues pendant nos vacances : une des Marquises et l’autre étant un ancien de BoraBora qui avait fait souche à Tahiti. C’est quelque chose qui se pratiquait beaucoup, et qui permettait de visiter les îles de façon relativement bon marché, les prix des hôtels étant peu compatibles avec nos salaires (même indexés ! ). Pour ceux qui n’avaient pas cette possibilité, le Club Med offrait à l’époque le meilleur rapport qualité/prix sur l’île. Il avait la particularité d’être ouvert aux gens de BoraBora, suite à une gentille et amicale pression de certains résidents. Avec celui de Moorea, il avait aussi contribué à fournir un certain nombre d’enseignants aux différents CETAD, grâce aux compétences des GO,  qui n’avaient parfois qu’un très lointain rapport avec les disciplines des concours de l’Education nationale, que certains ont pourtant passés et brillamment réussis.

         En route donc pour la deuxième ligne droite, avec un personnel renouvelé à 50% par rapport à notre première arrivée.

Et ce n’est pas fini…

 

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Sortons du nucléaire

24 Septembre 2009, 21:45pm

Publié par Bernardoc

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Le début de l'ère Duranton

24 Septembre 2009, 19:10pm

Publié par Bernardoc

          Début de la troisième année : il fallait songer à faire le dossier de renouvellement de séjour. J’en profitai aussi pour demander mon inscription sur la liste d’aptitude de censeur de LEP, mais je ne fus pas celui qui fut coopté. Le nouveau Principal avait des méthodes différentes du précédent, plutôt du style « Allez, on pousse dans la mêlée », mais je me suis fort bien entendu avec lui, et il sera aussi un de mes inspirateurs. Il arrivait de St Jean de Luz et son collège était informatisé. Nous étions à la rentrée 1985 et il voulait nous faire profiter de ses compétences en informatique, si bien que pendant quelques mois, le collège de BoraBora fut le plus en pointe du territoire pour ce qu’on appelait pas encore les NTIC.

21939 1322580738780 1058686208 31019330 891277 s         Je crois que ce fut cette année-là que nous organisâmes notre voyage scolaire à Hawaï, en fait à Honolulu sur l’île de Oahu. Nous partîmes une cinquantaine…et nous revînmes de même. Quelles découvertes pour nos élèves : les avions pour certains d’entre eux, et la ville, une ville propre malgré le nombre de touristes. Dès le premier soir, ils partirent, accompagnés du surveillant à la découverte de leurs environs immédiats, au milieu des grands bâtiments, alors que sur leur île, à l’époque, il devait y avoir deux maisons à étage !

         Nous n’avions pas retenu de restaurant, nous en changions chaque jour et la réaction était toujours la même : quand ils nous voyaient débarquer à cinquante, ils avaient un moment d’hésitation, puis ils nous faisaient cadeau du dessert ou d’une remise sur la facture ; l’accueil : une vraie tradition de ce fenua-là !

         Je profitais de cette semaine pour valider plusieurs modules d’anglais à mes élèves, car je les avais prévenus que je ne serai pas leur traducteur, mais un observateur attentif. Je suis simplement intervenu une fois quand une élève a été désarçonnée par le prix demandé pour un sac qu’elle souhaitait acheter : le marchandage ne fait pas partie de leurs traditions.

         La professeure de tahitien qui nous accompagnait a fait beaucoup d’affaires : les prix n’avaient rien à voir avec ceux de son île : elle est donc revenue avec un carton d’environ un mètre-cube pour contenir ses achats et un certain nombre de montres à chaque bras ! Je ne suis pas sûr qu’elle ait fait la relation entre les impôts que payaient les Américains et les taxes d’importation qui complétaient le budget issu de la métropole sur le territoire…

         Quant à moi, je suis revenu avec quantité de matériel qui fut abondamment utilisé lors de stages pédagogiques d’anglais au cours des années suivantes.

Et ce n’est pas fini…

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Les deux premières années

23 Septembre 2009, 16:47pm

Publié par Bernardoc

          Avant de partir, Rose avait écrit à Tahiti pour demander un poste d’infirmière. La réponse était : les postes sont réservés aux résidents. Donc, en arrivant, même lettre disant : « Ca y est, je suis résidente ! ». Réponse : il n’y a pas de boulot à BoraBora.

         Or voici qu’au moment où elle tomba enceinte, une adjointe de soins prit un congé de maternité. Et voilà donc Rose transformée en « taote vahine », avec gardes et accouchements nocturnes. La naissance de Maeva correspondit au retour de l’adjoint de soins, mais une infirmière partait pour Tahiti. La direction de la santé décréta donc que dès la naissance Rose pourrait la remplacer. Et bien ils attendirent le délai légal du congé de maternité, et elle reprit du service.

         Entre temps Maeva avait eu un problème digestif, ce qui entraîna son baptême de l’air à six semaines.

         Peu de temps après, alors que nous avions parlé à nos propriétaires de la venue de mes parents et de la famille de ma sœur pour juillet et août, et que nous nous demandions bien comment nous ferions pour les loger dans nos deux chambres, ils nous signifièrent notre congé (heureusement que nous avions signé un bail devant le commandant de la brigade de gendarmerie, officier d’état civil) car ils venaient de se rendre compte que louer à la journée ou à la semaine rapporterait beaucoup plus que louer au mois. Nous trouvâmes rapidement, et pour le même prix ! un fare avec quatre chambres tout près du collège.

         Nous déménageâmes à la fin de notre préavis et partîmes accueillir notre famille à Tahiti : c’était une bonne année, car ils arrivaient au beau milieu du Festival des arts du Pacifique, délocalisé pour cause d’émeutes en Kanaky. Nous eûmes donc droit à des prestations souvent impressionnantes de ce qui se faisait de mieux de Pâques à la Nouvelle-Zélande, de Wallis et Futuna à l’Australie…

         Remarque de ma sœur en débarquant : « Vous ne nous aviez pas dit que c’était si beau ! » Pendant huit semaines sur les neuf qu’ils ont passé, nous avons pu organiser quelque chose de nouveau chaque jour, la dernière semaine le travail avait repris pour moi avec un nouveau patron, ancien prof de gym celui-là.

Et ce n’est pas fini…

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Le paradis ?

18 Septembre 2009, 17:09pm

Publié par Bernardoc

         Après cet accueil sympa, il fallait se mettre à la recherche d’un logement. C’est à ce moment-là que l’on me dit qu’une voiture semblait nécessaire sur l’île (qui fait 32 km de tour), surtout avec des enfants car soit on habite à la plage et il faut un véhicule pour venir faire les courses chez le Chinois, soit on habite au village et il faut une voiture pour aller à la plage. Chaperonné par le coordonnateur du CETAD, je fus contraint d’accepter le seul fare qui restait à louer sur l’île, à la pointe Matira. Le hic était que la location était 30% plus chère qu’ailleurs, mais je n’avais pas le choix. Avant de trouver une voiture, j’achetai une Vespa car le collège se trouvait à sept kilomètres.

         La rentrée se déroula bien, l’ambiance semblait bonne et le Principal, qui arrivait des Marquises, accordait d’emblée sa confiance au personnel. C’était un ancien professeur de musique qui menait l’établissement avec la finesse d’un chef d’orchestre. C’est une des personnes qui a confirmé ma volonté de devenir chef d’établissement.

         Ce qui m’a surpris, c’est que je passais d’environ deux cent vingt élèves par an à une quarantaine. L’enseignement se devait donc d’être individualisé et nous validions périodiquement des unités de valeur. Si le cours était le même pour tout le monde au début de l’année, bien vite on arrivait à quatre ou cinq cours différent dans la même classe en fonction de la progression des élèves.

         Dans nos vingt et une heures de travail étaient incluses une heure de travail en commun avec les professeurs d’atelier et une heure de concertation (qui avait du mal à être contenue en deux heures). Les CETAD étaient rudement en avance, même sur les Lycées d’Enseignement Professionnel.

         Nos élèves, issus de la classe de 5ème, passaient, au bout de trois ans, un C.A.D (Certificat d’Aptitude au Développement) ou un C.A.Professionnel au D., option Activités Familiales Artisanales et Touristiques. Cela se traduisit notamment par la construction et la gestion d’un gîte rural…poliment décliné par un Inspecteur de l’Education Nationale qui préféra passer la nuit dans un des trois hôtels quatre étoiles qui existaient sur l’île à l’époque. Mais dans ces hôtels, il retrouvait nos anciens élèves, car l’excellence de notre enseignement étant unanimement reconnu, nous devions résister aux tentatives des hôteliers qui, à partir de Pâques, auraient bien aimé embaucher nos élèves avant la fin de leur cursus et donc l’obtention de leur diplôme.

Et ce n’est pas fini…

 

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La parenthèse polynésienne

17 Septembre 2009, 22:18pm

Publié par Bernardoc

         En rentrant du Ghana à l’été 1977, nous nous étions promis de repartir dans le monde après ma titularisation. Entre temps, Estelle est arrivée et Rose a accompli ses études d’infirmière. Il a fallu attendre son succès pour que je puisse faire une demande, ce qui lui a permis d’exercer autour du cours de l’Yser à Bordeaux pendant une année (qui ne sera pas prise en compte pour sa retraite). J’ai donc fait plusieurs dossiers, demandant des postes du Canada jusqu’aux Seychelles en passant par la Polynésie. Dans ce territoire, il y avait trois postes (dont un double) en Lettres-anglais. Je me disais donc que si ça marchait, j’irai à Faaa, ville de l’aéroport, dirigée par Oscar TEMARU, qui depuis a fait son chemin.

         Et bien, contre toute attente, je fus nommé à BoraBora, au CETAD (Centre d’Education aux Technologies Appropriées au Développement), une sorte de mini-LP adossé à un collège. Naïvement, je pensai que, si j’avais été affecté dans cet établissement, c’était grâce à mes expériences antérieures, et que mon profil correspondait au type d’enseignant recherché. Et bien non ! Cela aurait impliqué que l’Education nationale gère ses ressources humaines avec une certaine clairvoyance et en tenant compte des compétences. Foutaise ! Si j’ai abouti à BoraBora, c’est parce que mon prédécesseur était là depuis deux ans et qu’il ne supportait plus de vivre au bord du lagon, avec sa pirogue amarrée à deux brasses. Il était donc prioritaire pour obtenir une mutation et me libérer la place !

         Je suis parti seul pour voir où je mettais les pieds, Rose et Estelle devant me rejoindre un mois plus tard, quand j’aurais trouvé un logement.

         Arrivé vers quatre heures du matin à Tahiti, je découvris l’accueil fleuri…pour ceux qui étaient attendus, ce qui ne fut pas mon cas : le responsable territorial du Snetaa-Fen devait être le seul représentant syndical à ne pas être présent.  Au bout d’un moment je fus pris en charge par le responsable du BETPED (Bureau d’Etudes Techniques Pour l’Education au Développement), qui m’emmena déjeûner avec des responsables du Vice-Rectorat. Je fus étonné du tutoiement colonialiste utilisé envers les serveuses tahitiennes. Je découvris par la suite que c’était en fait le mode de communication en cours, et entre tout le monde, sur l’archipel.

         En attendant de prendre mon avion d’«Air Po(lynésie) » pour terminer mon voyage, Jean-Pierre (un autre ! ), qui était arrivé à Tahiti juste avant un cyclone, me fit faire une grande virée pour me montrer les dégâts causés par celui-ci. Après une bonne douche et un copieux repas, Jean-Pierre fit le nécessaire pour que je sois, moi aussi, accueilli à BoraBora. Le téléphone étant une denrée rare sur l’île à l’époque, il prévint le pharmacien qui avertit les collègues du collège de Vaitape.

         Après un vol relativement court en Fokker (quelle différence avec le 747 transpacifique ! ) et trois quarts d’heure de navette maritime, j’eus droit à mes colliers de fleurs en débarquant sur le quai de Nunue. Une « aventure » de six ans commençait !

Et ce n’est pas fini…

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