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Le blog de Bernard SARLANDIE

A l’Assemblée nationale, deux ans de vote RN

28 Juin 2024, 11:37am

Publié par Bernardoc

In Le Monde du 28 juin 2024 (extraits)

Les députés d’extrême droite se sont surtout attachés, depuis 2022, à favoriser les propriétaires, les ménages aisés et les grandes entreprises

Hégémonique au sein de l’électorat populaire qui se déplace encore pour voter, le RN se révèle favorable aux intérêts des grandes entreprises, des propriétaires immobiliers et des ménages aisés.

Logement : priorité aux propriétaires : Pour tenter de régler la crise du logement, le RN a fait le choix depuis deux ans de défendre les intérêts des propriétaires bailleurs, y compris au détriment des personnes en situation de mal-logement.

Les députés RN se sont aussi opposés au coup de rabot sur la niche fiscale dite « Airbnb », estimant qu’il relevait de « la contrainte et [de] la punition des propriétaires ». Pour ne pas « terroriser des propriétaires », ils ont aussi cherché à supprimer l’amende administrative de 15 000 euros infligée à ceux qui falsifiaient des documents lors de l’enregistrement électronique de leur meublé de tourisme.

Fiscalité : des baisses d’impôts bénéficiant aux plus fortunés Lors de l’examen des lois de finances, le RN a défendu les grandes lignes de son programme présidentiel de 2022. Dont les mesures de baisses d’impôts bénéficient souvent à un public très large… et aisé. Ainsi, la baisse de la TVA sur les carburants vise à alléger la facture des familles vivant loin de leur lieu de travail, mais profiterait à tous les conducteurs, y compris urbains et aisés, disposant de gros véhicules gourmands en essence. Le soutien aux détenteurs de SUV se retrouve dans la position adoptée contre le malus au poids pour les véhicules thermiques, en 2023 : le RN s’y est opposé – comme LR – arguant qu’il s’agissait de « l’outil de travail des Français ».

De même, la baisse de la TVA sur les énergies bénéficierait aux occupants de grands logements. « L’ensemble des taux réduits confèrent un gain en euros plus élevé aux ménages les plus aisés », relevait la Cour des comptes en 2023 dans un rapport sur la TVA, soulignant l’inefficacité de la mesure. Cependant, le poids de la TVA dans le revenu disponible des ménages est par nature plus important pour les revenus modestes.

L’exonération d’impôts sur le revenu pour les moins de 30 ans et pour leurs entreprises bénéficierait, elle aussi, principalement aux ménages et aux entrepreneurs fortunés. Les ménages les plus modestes ne sont en effet pas imposables. Selon une note du cabinet Asteres en 2022, les 10 % de moins de 30 ans les plus aisés capteraient les deux tiers de cette manne puisée dans le budget de l’Etat.

Le RN a également soumis des propositions propres à avantager les détenteurs de patrimoine, avec l’abrogation des droits de succession pour les héritages inférieurs à 150 000 euros et le remplacement de l’impôt sur la fortune immobilière par un impôt sur la fortune ­financière. Là encore, au bénéfice des plus aisés : selon la dernière étude de l’Insee, en 2018, moins de 15 % des Français transmettaient des héritages supérieurs à 100 000 euros et étaient donc soumis à l’impôt. De même, la fin de l’impôt sur la fortune immobilière bénéficierait aux propriétaires.

Agriculture : contre toute forme de contrainte Les députés RN ont voté contre l’inscription dans la loi d’objectifs à 2030 de surfaces en agriculture biologique, contre l’instauration de diagnostics climatiques lors de l’installation, contre la mise en place de stages de sensibilisation en cas d’atteintes à l’environnement. Au final, le RN a voté contre l’ensemble de la loi d’orientation agricole, l’estimant décroissante.

En matière de santé publique, le parti fait régulièrement passer les mesures de prévention après la défense des intérêts économiques. Les députés ont ainsi voté contre l’interdiction des nitrites dans les charcuteries, s’alignant avec la position des industriels charcutiers, malgré les preuves abondantes du rôle de ces additifs dans la survenue de cancers.

S’ils disent soutenir le « manger français », les élus du RN ont voté contre un amendement écologiste proposant un approvisionnement 100 % français pour la viande servie en restauration collective.

Social : un entre-deux qui penche à droite Sur l’emploi et le social, le RN a tenté de tenir une position d’équilibriste au prix d’un discours ambigu : une défense de certains acquis sociaux mâtinée d’une remise en cause de certains droits. Ce qui les conduit à défendre les plus modestes et les plus précaires tout en stigmatisant les « assistés ».

Même chose sur les réformes de l’assurance-chômage du gouvernement depuis 2022. Les élus RN ont voté en faveur de la première, instaurant notamment le principe de contracyclicité qui durcit les règles d’indemnisation quand le chômage baisse et les assouplit quand le marché du travail se détériore. Le RN a, par exemple, défendu la fin de l’indemnisation des chômeurs ayant refusé un CDI à la fin d’un CDD et voté pour assimiler les abandons de poste à des démissions.

Le parti d’extrême droite s’est systématiquement opposé à une augmentation du smic ou à l’indexation des salaires sur l’inflation.

Sur le monde du travail, le parti a plutôt montré une volonté de favoriser la division entre employés, avec des amendements sur la représentativité syndicale, privant de droit de vote aux élections professionnelles les travailleurs précaires et les employés ne maîtrisant pas la langue française.

Réindustrialisation : un soutien aux entreprises, sauf celles engagées dans la transition énergétique Le RN entend poursuivre la baisse des impôts de production et la « simplification » des normes juridiques et environnementales.

Et ce n’est pas fini...

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Contre le SNU et la militarisation de la société

27 Juin 2024, 15:46pm

Publié par Bernardoc

Motion du 5ème Congrès de l’Union CGT FERC Sup (2024)
 


L’exacerbation des guerres économiques auxquelles se livrent les impérialismes partout dans le monde, en plus de conduire à l'épuisement des ressources planétaires, menace la survie des peuples eux-mêmes. La course croissante aux armements connaît sur la période récente un regain mortifère. La loi de programmation militaire 2024-2030 engage à dépenser 413 milliards d'euros pour toujours plus de missiles et d’armes de destruction massive. Investir dans les armes n’a jamais permis de garantir la paix. C’est le contraire. Les actionnaires des industries d’armement amassent les profits pendant que les peuples, eux, meurent sous les bombes.

À l’inverse, l’enseignement supérieur et la recherche, services publics, sont asphyxiés par manque de moyens. Partout en France, les institutions privées ont fleuri par la volonté politique d’un gouvernement qui vise à construire des profits supplémentaires aux grandes fortunes.

Une répression plurielle et violente de la liberté académique, de la liberté syndicale et de la liberté d’opinion s’abat sur les personnels et les étudiants des établissements du supérieur, qui voient les espaces d’échanges de savoirs se réduire et le totalitarisme poindre.

Une militarisation de la société, progressant au travers du Service national universel (SNU) et les campagnes de recrutement ciblant la jeunesse sur nos campus, progresse. Parallèlement, le président de la République multiplie les accents guerriers et suggère l’envoi de troupes au front. L’Ukraine, après l’Afrique ou le Moyen-Orient, est un champ d’expérimentation de la mise à mort des peuples. Les armes fournies, toujours plus destructrices, préparent la société française à un affrontement généralisé entre blocs. D’autres zones de conflits à venir se profilent. Les conséquences pour les peuples de l’usage des armes modernes construites et vendues par nos sociétés occidentales portent un nom : la terreur. Gaza la vit.

Nous appelons les universitaires et chercheurs à refuser de travailler pour l'industrie d'armement. Nous demandons un moratoire sur les ventes d'armes françaises et la réorientation de leurs industries de mort vers des activités civiles utiles aux populations.

La CGT FERC Sup veut la paix entre les peuples. Ses militants appellent au dialogue et à la désescalade sur toutes les zones de tension et d’affrontements. Le respect du droit international est aujourd’hui un point d’appui irremplaçable pour la paix.

Et ce n’est pas fini...
 

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Une première.

26 Juin 2024, 11:48am

Publié par Bernardoc

La nuit dernière j’ai expérimenté pour la première fois la malvoyance à pied dans nos rues.

Habituellement, pour aller à Bordeaux, je prenais ma voiture pour atteindre le tram (les deux plus proches stations sont à 4 km). Depuis l’arrivée du « G » j’essaie de prendre ce bus express en profitant du 39 qui passe au bout de ma rue. Malheureusement, deux fois le matin, ce dernier n’est pas passé et TBM est « désolé pour ce désagrément » mais ne propose pas d’alternative. Donc je marche jusqu’à l’arrêt du « G ». Hier soir, miraculeusement, le 39 est passé et quasiment à l’heure. A l’heure où je revenais, j’avais repéré qu’il n’y aurait plus de correspondance possible. Je descend donc à la mairie (la distance est à peu près similaire jusqu’à chez moi). Je commence à marcher et au bout de dix minutes, économies ! J’étais place du Mayne, du bon côté de la route que je connais relativement bien et de temps à autre les rares voitures apportaient un peu de clarté, si bien que je ne me suis retrouvé dans l’herbe qu’une seule fois.

Pour finir d’arriver chez moi je devais traverser la rue (pas pour trouver du boulot, je suis retraité!) deux fois. J’avais une chemise blanche, donc j’étais bien visible ; mais l’hiver, lorsque j’aurais mon manteau gris foncé, je pense que je devrai mettre un gilet jaune pour être visible. Pas terrible ; enfin, on verra bien.

Après 22 heures, le 3 pouvait s’arrêter à la demande entre deux arrêts pour des raisons de sécurité. Je n’ai pas demandé, mais je doute que le « G » accepte de le faire. J’espère être démenti.

Et ce n’est pas fini...

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Concours enseignants : un sujet test qui inquiète

25 Juin 2024, 12:04pm

Publié par Bernardoc

In Le Monde du 25 juin 2024 (extraits)

Dans certaines disciplines, les exercices élaborés au ministère de l’éducation nationale ont stupéfié les formateurs qui préparent les étudiants au CRPE ainsi que plusieurs représentants syndicaux, au point que plusieurs confient avoir cru à un « canular ». C’est notamment le cas en mathématiques ou en histoire-géographie, où les questions consistant à classer des nombres par ordre croissant ou des événements par ordre chronologique (sans les dater), ainsi que celles sous forme de questionnaires à choix multiples, ont interpellé par leur apparente facilité. L’indignation naît cependant moins du niveau de connaissances requis que du format des exercices.

« L’actuel CRPE s’appuie sur des notions exigées au brevet, mais on demande aux étudiants de faire preuve de davantage de recul, de chercher, de conduire des raisonnements, explique Laure ETEVEZ, formatrice en mathématiques à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) Centre-Val de Loire. Là, il n’y a que de l’application directe, des questions très mécaniques, presque pas de rédaction. » Selon cette professeure, qui se dit « affligée », l’épreuve proposée n’est ainsi « même pas du niveau brevet », et le positionnement du concours deux ans plus tôt ne peut constituer une explication suffisante : « Après un bac + 3, on peut quand même espérer que des étudiants fassent plus que ça ! »

Même sentiment sur l’histoire-géographie, incluse dans une épreuve de polyvalence où sont évaluées quatre autres disciplines (arts, éducation physique et sportive, sciences et technologies, et langues). Les exercices proposés consistent essentiellement à donner des définitions, et la principale question supposant un développement attend une réponse de « 5 lignes »« Le décalage est énorme entre l’ambition qu’on prête à cet enseignement, qui doit participer à la formation d’un citoyen éclairé, et cette épreuve qui consiste juste à vérifier que le candidat maîtrise un ­savoir minimal sans aucune rédaction », déplore Marie BOULOGNE, formatrice à l’Inspé d’Amiens, pour qui cette épreuve ne cherche pas à garantir « l’autonomie intellectuelle » des futurs enseignants.

Dans les autres disciplines évaluées, le ministère souligne que « l’on attend des candidats une maîtrise d’un grand volume de savoirs dans un grand nombre de champs  »« Répondre à un QCM n’est pas juste cocher une case, mais nécessite un raisonnement et parfois son élaboration à l’écrit ; formuler une réponse courte mais solide et dans un français parfait requiert une maîtrise du contenu et une faculté d’analyse suffisamment poussée », fait-on valoir.

L’émoi suscité par ce « sujet 0 » est d’autant plus notable que le positionnement du concours de professeur des écoles à bac + 3 ne souffre aucune contestation parmi les représentants de la profession, qui plaident tous depuis des années pour cette disposition. A une condition toutefois : que les épreuves de recrutement conservent leur exigence. « L’objectif premier du gouvernement est d’attirer les candidats parce que c’est une urgence, mais ce n’est pas parce qu’on passe le concours en licence qu’on doit abaisser le niveau », s’insurge Guislaine DAVID, à la tête du premier syndicat du primaire, le Snuipp-FSU.

Pour elle, « les “sujets 0” dénotent une vision du professeur du premier degré qui est complètement erronée ». L’image d’un corps d’enseignants dont le travail serait plus « facile » que celui de leurs homologues du second degré, et à qui il suffirait « d’appliquer les bonnes consignes selon les bonnes méthodes établies par des programmes officiels détaillés ». Une crainte redoublée par la toute récente refonte des programmes de primaire, dénoncés par une large majorité de syndicats comme portant « une vision mécaniciste, simpliste » et réduisant les enseignants à « de simples exécutants ».

« Tout cela traduit une négation totale de l’expertise et de la professionnalité des enseignants du premier degré », dénonce la secrétaire générale du Snuipp-FSU. Un débat qui vient rappeler que, derrière ses atours technocratiques, cette réforme engage une question bien plus philosophique et politique : celle des compétences attendues pour exercer aujour­d’hui le métier de professeur des écoles, et donc du rôle que la société leur assigne.

Et ce n’est pas fini...

 

 

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Clarification

24 Juin 2024, 11:20am

Publié par Bernardoc

in Libération du 24 juin 2024

Antisémitisme : le Nouveau Front populaire dénonce une «odieuse campagne de diffamation menée par une macronie en déroute»

Dans un communiqué diffusé ce dimanche 23 juin, les quatre chefs des principaux partis de l’union de la gauche condamnent «avec la plus grande fermeté ceux qui utilisent nos compatriotes juifs comme boucs émissaires de tous les maux de la planète» et rappellent leurs propositions pour lutter contre l’antisémitisme.

Ce dimanche après-midi, alors que commençait dans le XVIe arrondissement de Paris un rassemblement en soutien aux Juifs de France, les chefs des quatre principaux partis qui composent le Nouveau Front populaire ont diffusé un communiqué appelant à «combat[tre] l’antisémitisme et toutes formes de racisme» et dénonçant des «campagnes de diffamation». «Le drame du viol antisémite de Courbevoie nous bouleverse, affirment d’emblée Marine TONDELIER (Les Ecologistes), Fabien ROUSSEL (Parti communiste français), Manuel BOMPARD (La France insoumise) et Olivier FAURE (Parti socialiste). Cet acte à l’encontre d’une enfant de 12 ans traitée par ses agresseurs de “sale juive” est une abomination. Nous affirmons tout notre soutien à la victime et à ses proches.» Pour couper court à l’idée, propagée par l’extrême droite et certains responsables de la majorité, que cette nouvelle union à gauche n’est pas claire sur le sujet, les quatre martèlent : «Ce crime témoigne de la résurgence inquiétante des actes antisémites dans notre société, et de la culture du viol qui gangrène les comportements masculins dès le plus jeune âge. Cela doit nous interpeller et nous mobiliser.»

Et je complète en disant qu’affirmer que Netanyahou est un fasciste n’est pas une manifestation d’antisémitisme.

Et ce n’est pas fini...

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Des faits, rien que des faits.

23 Juin 2024, 19:19pm

Publié par Bernardoc

Et ce n'est pas fini...

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1924, le Paris des Jeux olympiques.

22 Juin 2024, 22:44pm

Publié par Bernardoc

C’est le titre d’un documentaire qui vient de s’achever sur LCP. Les JO étaient en fait un prétexte pour présenter la civilisation de cette époque, depuis la fin de la première guerre mondiale. On y voit le début de l’émancipation des femmes qui n’ont malgré tout pas le droit de vote en France. Certaines épreuves sportives leur sont interdites et les descriptions journalistiques de celles qui leur sont autorisées, sont des exemples de dénigrement. De même, on célèbre les athlètes blancs par rapport aux autres « races » affichées en unes des journaux. C’est pourtant lors de ces JO que le premier athlète noir (un Américain) remporta une médaille d’or : c’était au saut en longueur.

J’ai aussi appris que c’est la première fois que les jeux étaient commentés à la radio, mais le journaliste, interdit de stade, devait intervenir depuis un ballon.

Des choses n’ont pas beaucoup évolué en un siècle : le logement des spectateurs a nécessité la création d’un office public permettant aux propriétaires de louer une chambre pour accueillir les spectateurs (ça ne vous rappelle rien?) et le prix des billets déjà trop chers.

Un débat a lieu après ce docu, mais la présence de Guy DRUT, cet ancien champion puis ministre chiraquien passé au RN ne m’encourage pas à le suivre.

Et ce n’est pas fini...

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Une interview de Marylise LEON, SG de la CFDT

21 Juin 2024, 17:59pm

Publié par Bernardoc

In Libération du 21 juin 2024

La secrétaire générale de la CFDT appelle ses 630 000 adhérents à se mobiliser dans la campagne pour empêcher l’accession du Rassemblement national au pouvoir.

Près de 80 organisations du Pacte du pouvoir de vivre et de l’Alliance écologique et sociale ont lancé mercredi la Coalition 2024, qui «appelle à la mobilisation autour de seize mesures prioritaires à engager dès le 8 juillet». On trouve dans la liste des signataires Attac, la Fondation Abbé-Pierre, la Ligue des droits de l’homme ou encore Oxfam, mais aussi cinq syndicats réunis en intersyndicale : la CFDT, la CGT, l’Unsa, la FSU et Solidaires. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, évoque les enjeux et les difficultés de cette campagne éclair pour empêcher l’accession de l’extrême droite au pouvoir.

Quel est l’objectif de cette coalition ?

C’est une centaine d’associations, d’ONG, de syndicats opposés à l’extrême droite et réunis autour de seize mesures qui permettent à tous de dire : «Ça oui, c’est important», et de se demander quelle formation politique les propose. Par exemple, revenir sur la réforme des retraites, donner accès au RSA dès 18 ans, garantir l’accès aux services publics sans condition de nationalité et partout sur le territoire… Et puis, ça implique la mobilisation de toutes les troupes des organisations qui font partie de cette coalition. Et ça fait du monde.

Comment décliner cela concrètement ?

Une des priorités de la CFDT depuis toujours, c’est de s’engager contre l’extrême droite, l’enjeu étant de se mettre en ordre de marche pour agir efficacement d’ici à 2027. Là, le soir de l’annonce de la dissolution, on se dit qu’on va devoir faire en trois semaines ce qu’on devait faire en trois ans ! Notre mot d’ordre, c’est «tous sur le pont». Pour convaincre de l’importance d’aller voter et de l’impasse qu’est l’extrême droite. Le tout, c’est de dépasser le cercle des responsables pour embarquer tout le monde. On a fait des tracts, des vidéos, des argumentaires, et on va sur deux terrains. D’abord la question des valeurs, c’est-à-dire que, dans notre conception de la société, l’émancipation, la solidarité, la démocratie sont incompatibles avec ce que porte le RN, qui défend des principes d’inégalité de droits entre individus, de discrimination, de préférence nationale. Ensuite, on a les exemples des pays européens qui ont vu l’extrême droite arriver au pouvoir. Systématiquement sont remises en question l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, les libertés syndicales.

Comment ça se passe sur le terrain ?

L’idée qu’on défend, c’est qu’il faut débattre. Dans cette période, il n’y a rien de pire que le silence et l’évitement. Je préfère un débat musclé, où on va se confronter et argumenter de part et d’autre, au silence. Sur le terrain, on a des remontées diverses. Des militants pointent la difficulté d’aborder ces questions sur les lieux de travail, donc l’organisation doit être en renfort pour les aider, les accompagner. Les discussions peuvent aussi être âpres. On nous explique que ce n’est pas le rôle d’un syndicat de se positionner sur ces questions. Je ne vais pas jouer la langue de bois, on a des adhérents qui partent.

Pourquoi ?

Parce qu’on a pris position contre l’extrême droite. Mais un adhérent qui part fait toujours plus de bruit qu’un adhérent qui arrive. Et on en a aussi beaucoup qui arrivent.

Et du côté des employeurs ?

Certains disent qu’il ne faut pas distribuer de tracts. C’est la première fois que je vois ça. Ça se produit dans des très grosses boîtes où les syndicats ont accès aux messageries. Je leur réponds que c’est de la liberté d’expression syndicale, qu’on est pleinement dans notre rôle, fidèles à notre histoire. Et qu’on est dans un moment inédit pour tout le monde.

Que dites-vous aux salariés pour les convaincre que voter RN revient à voter contre leurs droits ?

Qu’il y a ce que le RN dit et il y a ce qu’il fait. Au Parlement européen comme en France, ils n’ont jamais pris position en faveur des droits des travailleurs. Les trois directives de progrès, même petites à l’échelle européenne, ils ont voté contre : celle sur les travailleurs des plateformes, celle sur le devoir de vigilance, celle sur la transparence sur l’égalité salariale entre femmes et hommes. En France, c’est le groupe qui compte le plus de députés ayant voté contre ou s’étant abstenu sur la constitutionnalisation de l’IVG. Et leur politique est un tout, basé sur la discrimination et la préférence nationale. Je trouve extrêmement éclairantes - et inquiétantes - les dernières déclarations de Jordan Bardella qui nous parle de Français d’origine étrangère. Il y aurait deux types de Français selon les origines ? Quand Laure Lavalette [députée RN du Var, ndlr] dépose un amendement expliquant que les travailleurs étrangers en situation régulière ne peuvent plus participer aux élections professionnelles, c’est bien qu’ils sont obnubilés par les étrangers et ne comprennent pas ce qu’est un collectif de travail.

Vous n’envisagez toujours pas d’aller au-delà d’un appel à voter contre le RN en soutenant explicitement le Nouveau Front populaire ? Vous disiez mardi à Albi qu’il fallait un «vote de progrès»

J’ai dit ça parce que je ne veux pas désespérer tout le monde en expliquant qu’il faut voter contre. Je crois à l’intelligence de la liberté de réflexion et de choix. C’est aussi la démarche de la coalition dans laquelle la CFDT est investie. C’est en liberté que les travailleurs doivent pouvoir voter pour un choix de progrès, donc de formations politiques qui ont des choses à dire sur le travail et la solidarité. Mais moi, je ne vais pas leur dire de voter pour untel, sachant qu’il y a 577 élections. Notre position, c’est : pas de consigne de vote au premier tour, si ce n’est de faire barrage au RN. Et la CFDT sera très claire au deuxième tour sur un appel à voter pour tous les candidats qui seront face au RN.

Et ce n'est pas fini...

 

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Eh oui !

20 Juin 2024, 16:50pm

Publié par Bernardoc

Les inégalités d’accès aux services publics, carburant pour le RN ?

in Le Monde du 20 juin 2024

Fermeture de bureaux de poste, de centres des impôts, de services de maternité, suppression de classes, de petites lignes de train… En plus de fragiliser des territoires, contraignant leurs habitants à parcourir des kilomètres pour accéder à leurs droits, les restructurations de services publics, qui ont cours depuis plus de vingt ans, alimentent le vote pour le Rassemblement national (RN), lequel exploite opportunément le sentiment d’abandon et de déclassement qui en résulte.

Le politologue Jérôme FOURQUET y voit « un carburant du RN dans les petites villes et les villages ». Dans son ouvrage La France d’après (Seuil, 2023), il montre la corrélation entre la progression du vote RN entre 2002 et 2022 et la fermeture de toute une série de services publics, dans des préfectures, des sous-préfectures et d’anciens chefs-lieux de canton. Des disparitions « douloureusement vécues par les habitants et les élus », qui, rappelle-t-il, y voient une « rétrogradation » du rang de leur ville.

Dans une étude sur la mobilité des jeunes ruraux publiée en mai, l’Institut Terram, un groupe de réflexion qui se consacre à l’étude des territoires, et l’association Chemins d’avenirs, qui lutte contre l’inégalité des chances des jeunes ruraux, estiment que les entraves à la mobilité, faute d’offre de transports publics, et l’isolement géographique ressenti par nombre de jeunes ruraux concourent à alimenter le vote en faveur du RN – les critères socio-économiques renforcent l’effet de lieu.

Coautrice de La Valeur du service public (La Découverte, 2021), l’historienne Claire LEMERCIER rappelle « la portée symbolique de ces services publics à la française dans l’imaginaire collectif. Bureau de poste et ligne de train matérialisent l’aménagement et la desserte du territoire jusque dans chaque canton, comme l’avait voulu la “République”, à la fin du XIXe siècle, avec des bâtiments donnant une majesté à ce qui appartient à tout le monde ». Donc, une fierté. Leur fermeture est vécue comme un déclassement en même temps qu’un désengagement de la puissance publique.« Voir se dégrader ces bâtiments n’est pas non plus sans effet », rappelle l’historienne.

La sociologie du vote RN dépasse désormais largement les catégories populaires. Sur ses terrains, on constate que les notables locaux vivent tout aussi mal le recul des services publics, « symbole d’un déclassement territorial ». « Les élus locaux du RN l’ont bien compris, qui viennent grossir les cortèges dès qu’un service public est menacé, profitant du vide laissé par la gauche. »

« Si la gauche espère reconquérir le vote des catégories populaires, celles des bourgs mais aussi des banlieues et des villes, cela doit passer par des propositions fortes en matière de services publics », dit Julia CAGE, coautrice d’Une histoire du conflit politique (Seuil, 2023) et engagée aux côtés des forces progressistes de gauche – par ailleurs présidente de la société des lecteurs du Monde. L’économiste considère que l’injustice dans l’accès aux services publics est l’un des principaux déterminants du vote RN, avec le pouvoir d’achat. Et ce, avant la question migratoire.

Quant au monde rural, il n’est pas structurellement conservateur, estime-t-elle, mais a en revanche été déçu par une offre politique de gauche essentiellement urbaine et peu attentive à ses préoccupations. « Si vous devez faire des kilomètres pour accoucher ou avorter, comment voulez-vous que des discours sur la constitutionnalisation de l’avortement et la PMA pour toutes vous parlent ? », rappelle-t-elle. Proposition de l’économiste : « Réintroduire l’ISF en ciblant toutes les recettes vers le financement des services publics sur tout le territoire. »De quoi rapporter 30 milliards d’euros par an, d’après ses calculs.

En matière de programmes pour les législatives des 30 juin et 7 juillet, le Nouveau Front populaire s’engage à un « plan d’investissement » afin que « personne ne [puisse] habiter à moins de trente minutes d’un accueil physique des services publics ». Mais aussi au « rattrapage des postes manquants de fonctionnaires », de l’hôpital à l’école publique.Dans sa profession de foi, le RN parle, quant à lui, de « réduire les déserts médicaux, soutenir l’hôpital public et sécuriser l’approvisionnement en médicaments », sans davantage de précisions, pour l’heure. La majorité devrait, quant à elle, s’appuyer sur ses engagements pris en avril pour simplifier les démarches administratives et améliorer les services publics.

Et ce n’est pas fini...

 

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Et dire que c'était mon métier...

19 Juin 2024, 10:43am

Publié par Bernardoc

in Libération du 19 juin 2024 (extraits)
En salle des profs, «des collègues votent RN et ne s’en cachent plus, alors qu’avant, ça restait dans le secret de l’isoloir»

Historiquement de gauche, elle a voté pour la première fois majoritairement à droite lors de la dernière présidentielle. Et, alors que 1 % seulement des profs avaient glissé un bulletin pour l’extrême droite en 2007, ils étaient 20 % au premier tour et 25 % au second en 2022, selon une enquête de Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS. Aux européennes de cette année, 16 % des «enseignants et professions scientifiques» et 23 % des professeurs des écoles prévoyaient de voter pour un parti dit de droite radicale (comprenant notamment le RN et Reconquête).

D’autres enseignants interrogés par Libération, en primaire, collège ou lycée, estiment au contraire que les opinions d’extrême droite ne s’expriment pas au grand jour entre collègues. «Je crois que c’est dans toutes les salles des profs de France : quand les gens sont de gauche, ça se sait, quand ils sont autre chose, c’est beaucoup plus discret», glisse Damien, professeur d’histoire-géographie dans un lycée de la banlieue bordelaise. Depuis le séisme politique du 9 juin, il s’étonne d’ailleurs de n’avoir pas eu beaucoup de discussions avec ses collègues sur le sujet. «Il y a déjà eu 2022. Les gens sont résignés», analyse-t-il.

Un épisode l’a particulièrement marqué en début d’année scolaire : un contractuel venu pour un remplacement dans son lycée, «pas au courant des choses qui peuvent se dire et ne pas se dire en salle des profs», s’est ému d’avoir entendu parler arabe, croisé nombre de personnes non blanches et vu une voiture brûlée lors de son trajet, le tout «dans un amalgame absolu», raconte Damien. «C’était la première fois que j’entendais quelqu’un dire ça à voix haute. Ça a créé un mini-scandale.»

Mohaz, qui est d’origine algérienne, prend ce type de propos personnellement. Il y a quelques mois, un de ses collègues lui a tranquillement expliqué à la machine à café qu’il avait quitté son précédent lycée «parce qu’il en avait marre du multiculturalisme et il était déçu d’en retrouver» dans son nouvel établissement. «J’étais tellement sidéré que je n’ai rien dit. Ça m’a totalement flingué, je me suis pris un uppercut en pleine tête, relate l’enseignant. Il tient des propos très limite vis-à-vis de certains élèves d’origine immigrée qui n’ont pas plus de problèmes de comportement que d’autres. Avant, l’école était préservée de tout ça mais depuis deux ans environ, je trouve que de plus en plus de profs ne respectent pas les valeurs républicaines.»

Dans d’autres établissements scolaires, à l’inverse, la montée de l’extrême droite est collectivement vécue douloureusement – parfois à distance, dans des échanges de messages entre professeurs, car les cours sont terminés dans de nombreux lycées. «Le RN est à 40 % dans la commune dans laquelle notre lycée est implanté, ça ne nous semble pas cohérent avec la population qu’on a, en majorité des CSP + qui habitent dans des pavillons avec piscine», indique Florian.

Nombre d’enseignants interrogés par Libération ont peur de voir l’extrême droite accéder au pouvoir. Avant tout pour leurs élèves. «Ils seront les premiers sanctionnés dans leur vie quotidienne. Je pense aux violences policières, avec des policiers qui se prennent pour des cow-boys avec nos élèves noirs ou d’origine arabe. Si le RN devient majoritaire, ils vont se sentir libres d’aller au-delà de ce qu’ils font aujourd’hui et c’est insupportable d’imaginer ça, anticipe Hayat El Kaaouachi, prof d’histoire-géo à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). C’est très violent aussi pour nos élèves qui sont en pleine révision du bac, reçoivent leurs vœux Parcoursup et se projettent dans leur vie de se prendre dans la figure : “Le problème, c’est vous.”»

«On a pas mal d’élèves étrangers en situation irrégulière, donc notre première préoccupation, c’est eux. Si le RN gagne, on a peur qu’ils soient renvoyés dans leur pays, alors qu’ils vivent déjà dans des situations très difficiles», déplore Sophie, professeure documentaliste dans un collège normand classé en éducation prioritaire. «En classe, c’est ressorti, mes élèves ont demandé : “Est-ce qu’ils vont nous renvoyer dans les pays ?”, raconte pour sa part Marie-Mélanie Dumas, enseignante en CM1-CM2 à Limoges et cosecrétaire départementale de la FSU-Snuipp 87. On se demande ce qu’on va dire à nos élèves à la rentrée de septembre si on a face à nous un ministre de l’Education nationale, un Premier ministre d’extrême droite…»

Certains professeurs constatent par ailleurs un racisme décomplexé parmi leurs élèves. Au lendemain des élections européennes, «un élève de troisième prépa-professionnelle a dit : «Il y a trop d’Arabes en France, il faut les exclure», rapporte Mohaz, en Ille-et-Vilaine. Ses copains sont allés immédiatement lui serrer la main pour approuver ce qu’il venait de dire. Je ne comprends pas, on a abordé en cours le régime de Vichy, le massacre d’Oradour-sur-Glane, j’avais l’impression d’avoir réussi à leur faire comprendre des choses importantes et là ils ne voient pas le rapport avec ce qui se passe aujourd’hui, désespère-t-il. Certains m’ont dit «mais monsieur, vous c’est pas pareil, vous avez un travail, vous êtes prof».»

Sophia, professeure des écoles dans les Côtes-d’Armor, craint les conséquences d’une politique d’extrême droite sur l’éducation : «J’ai lu par curiosité le programme du RN pour l’éducation nationale, c’est tellement court que ça ne peut pas avoir été réfléchi, tacle-t-elle. On est vraiment sur une restriction des apprentissages, ciblés sur les maths, le français, l’histoire, et la fin du collège unique, avec une orientation dès la cinquième. Le lycée sera pour la bourgeoisie et les classes populaires iront en apprentissage très rapidement.» Dans leur école de l’Aisne, département qui a le plus voté Rassemblement national aux européennes, Julien et ses collègues ont «très, très peur pour les moyens alloués à l’éducation, qui ne sont déjà pas énormes mais vont encore baisser. On l’a déjà vu dans certaines communes, comme Villers-Cotterêts : ils ont baissé les budgets alloués aux écoles, au niveau des fournitures, des aides pour les sorties culturelles. On a peur que ça ait le même effet au niveau national».

Malgré l’ambiance, certains préfèrent voir le verre à moitié plein. «Je n’ai pas spécialement peur, je trouve la période fascinante, confie Damien, rivé aux infos depuis dix jours. J’espère que ce Nouveau Front populaire va l’emporter et je pense que tous les scénarios sont sur la table. Je crois en la force de la démocratie, ce n’est pas parce que le Rassemblement national gagne qu’on va basculer dans je ne sais quoi.» Dans les Côtes-d’Armor, Sophia et ses collègues refusent de baisser les bras : «Des messages tournent pour prendre des procurations, pour motiver tout le monde à aller voter.» Tant que les législatives anticipées ne sont pas passées, rien n’est encore perdu.

Et ce n’est pas fini...


 


 


 

 

 

 

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