Accusations de harcèlement au Sénat : la crainte d'une omerta
« Pour comprendre ce qu’il se passe vraiment au sein du Palais du Luxembourg, il suffit de se rappeler l’Ancien Régime en France » ironise David, collaborateur parlementaire. Aujourd’hui en conflit aux prud'hommes avec sa sénatrice qu’il accuse de harcèlement, il a eu tout le temps d’observer le fonctionnement interne du Sénat. Pour lui, c’est simple, les sénateurs constituent la noblesse, intouchable, les hauts fonctionnaires sont le clergé, gardiens du temple et de l’ordre social tandis que les collaborateurs représentent le Tiers-Etat. « La piétaille » comme il aime se surnommer lui-même. Une armée corvéable à merci et aisément remplaçable qui doit encaisser sans broncher. Pourtant, sans eux, le Sénat serait à l’arrêt.
Si la comparaison avec le Tiers-Etat est la bonne, alors elle donne une idée des difficultés qu’ont pu rencontrer ceux qui ont osé faire sortir leurs mésaventures hors des murs de l'institution, que certains comparent à une « machine à étouffer ».
Depuis des mois, la chambre haute est confrontée à plusieurs témoignages de collaborateurs parlementaires qui se risquent à rendre public leurs récits, faisant ainsi effet boule de neige auprès des autres petites mains.
Derniers événements en date, les révélations de Mediapart sur Esther Benbassa, « la sénatrice EELV qui piétine la santé de ses assistants » comme le titre le site d’investigation ou encore la décision de justice rendue par le tribunal des prud'hommes de Paris contre la sénatrice PS Frédérique Espagnac. Ce 24 août, cette proche de François Hollande a été condamnée à verser 26 000 euros à son ancienne collaboratrice (dont 8 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice subi « par les manquements à l’obligation d’exécution de bonne foi du contrat de travail et à l’obligation de veiller à la santé et à la sécurité de sa salariée » ainsi que 8 000 euros d’indemnités pour « licenciement sans cause réelle et sérieuse »).
Finalement, je ne suis pas mécontent de n'avoir jamais été invité à voter pour ces gens-là.
Et ce n'est pas fini...