Pion
Depuis l’Angleterre, j’avais demandé à mon copain Lazlo (Michel CHATELAIN), qui était déjà pion à Jean Aicard, de m’envoyer un dossier puis de le déposer au rectorat de Nice. En rentrant de Newport, je passais au rectorat pour demander s’ils avaient bien reçu mon dossier ; la secrétaire regarda la pile de dossier, trouva le mien et le posa sur le dessus du paquet ; deux jours plus tard, j’étais affecté au lycée Jean Aicard ! Je me présente quelques jours avant, et le censeur m’embauche dès le lendemain, soit trois jours avant le début de mon contrat, date que bien entendu je n’ai jamais pu faire valider comme début des services ; s’il m’était arrivé quelque chose, je suppose que les autorités hiérarchiques auraient dit, comme elles en ont l’habitude, que j’étais seul en tort.
Le bahut avait bien changé depuis trois ans que je l’avais quitté : mai 68 était passé par là. Les garçons et les filles étaient mélangés dans les cours de récréation, il était devenu habituel de tutoyer les pions et de les appeler par leur prénom, ce qui ne me dérangeait pas, car ce n’est pas cette attitude qui empêchait d’établir la distance nécessaire. En revanche, ce qui était peut-être un peu plus difficile, c’est que des élèves (et pas des post-bacs –il n’y en avait pas à l’époque) étaient plus âgé(e)s que moi.
Au bout d’un an, ma licence en poche, je pris conseil auprès de mon ancien prof. d’anglais, qui était toujours là, pour lui demander son avis concernant une éventuelle non-présentation au CAPES pour pouvoir repartir outre-manche. Il me dit « Oui, à condition de préparer un doctorat. » Pour moi, il s’agissait d’une maîtrise que je comptais rédiger sur le nationalisme gallois (Mon pote Geraint n’y était pas étranger). M. ROLLAND me dit de tenter, à condition de devenir lecteur en université. Je déposai donc un dossier en ce sens, et ne fut pas trop déçu de voir qu’il me manquait quatre points pour être admissible au CAPES. Je me dis qu’en travaillant le concours l’année suivante il ne devrait pas y avoir de problème.
Mais aucun poste ne me fut proposé. J’entamais donc ma troisième année de surveillant d’externat. Fin septembre je reçus une lettre me demandant si j’accepterais un poste dans le secondaire. Réponse : « Oui, à condition que ce soit au Pays de Galles. »
En toute logique je fus donc nommé à Preston, dans le Lancashire, c'est-à-dire au nord de l’Angleterre, mais comme j’en avais ras le bol d’être pion, je suis quand même parti, en ayant perdu un mois de salaire car j’avais démissionné trop tôt de mon poste.
Et ce n’est pas fini…