Fusillés pour l'exemple
Ma seule manifestation du 11 novembre cette année…
Chers Amis, chers Camarades,
Certains d’entre vous me connaissent, mais aujourd’hui j’interviens avec ma casquette de l’Union Pacifiste de France. Et c'est la première fois que l'UPF intervient en Gironde, alors qu'elle est présente depuis le début, notamment à Gentioux.
Les rébellions et les fusillés pour l’exemple ont commencé dès le début de la guerre. Mais le 16 avril 1917 débutait, au Chemin des Dames, une des plus grandes boucheries guerrières de la première guerre mondiale. Devant les monceaux de cadavres, plusieurs dizaines de milliers de soldats refusèrent d’aller au combat. 10% d’entre eux, soit 4 000, furent jugés en conseil de guerre et plusieurs centaines (environ 650) passés par les armes.
Du haut de ses 52 ans, L’Union Pacifiste, section française de l’Internationale des Résistants à la Guerre, s’associe à la demande de réhabilitation des fusillés pour l’exemple. Elle rend hommage aux mutins et à tous les réfractaires de tous les pays et de toutes les époques qui sont les pionniers d’un monde sans guerre.
Dès 1919 s’était constitué le Comité national pour la réhabilitation des victimes des conseils de guerre, présidé par Blanche MAUPAS, veuve d’un fusillé. Elle s’est battue pendant vingt ans pour obtenir la réhabilitation de son mari et de ses camarades. Un très beau film racontant son combat a d’ailleurs été télédiffusé il y a quelques années.
Tous ces humains si courageux ne sont pas encore réhabilités dans la mémoire collective (pour une rue du maréchal JOFFRE, combien de place Louis LECOIN ?). Pour ceux qui l’ignoreraient, c’est après la grève de la faim de ce dernier, en 1963, que le général de GAULLE a accordé le statut d’objecteur de conscience aux Français qui le souhaitaient, suivi en 1967 par le Conseil de l’Europe, en 1983 par le Parlement européen et l’ONU en 1987, qui ont adopté des résolutions et des recommandations pour la reconnaissance de ce droit.
Malgré ces prises de position, l’institution de la bêtise militaire continue à assassiner, torturer et terroriser trop d’êtres humains. Pourtant, dès la fin de la guerre, Anatole FRANCE affirmait : « On croit mourir pour la patrie, et on meurt pour des industriels. », ce que confirmait Lazare PONTICELLI, le dernier poilu décédé en 2008 à plus de 110 ans : «On partait patriote, et on revenait pacifiste. »
Mais puisque nous sommes à Bordeaux, et à défaut de monument aux morts pacifiste, réunis sur la place Jean JAURES, assassiné pour avoir voulu éviter cette boucherie, je tiens à rendre hommage à un courageux ancien sénateur socialiste girondin, Marc BŒUF. En effet, quelques mois avant sa mort, avec quelques collègues, bien peu cependant, il avait déposé, en 1992 sur le bureau du Sénat, une proposition de loi pour le désarmement unilatéral de la France. Inutile de vous dire que les média se sont bien gardés de parler de cette initiative. Pourtant, la reconversion des armements en industries civiles permettrait de répondre aux besoins sociaux de notre société, et d’éradiquer la pauvreté dans le monde. Car n’oublions pas ce que disait Paul VALERY : « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » Et c’est pourquoi Louis LECOIN, qu’on appelait P’tit louis, affirmait : « S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même non à la guerre. Car on n’élabore pas une société humaine sur des monceaux de cadavres. »
Souhaitons que ce rassemblement soit le dernier, et qu’avant le centenaire du début de celle qu’on a appelée à tort « la der des ders », l’ensemble des fusillés pour l’exemple soient réhabilités. Parce que, comme le dit l’Internationale des Résistants à la Guerre : « La guerre est un crime contre l’humanité. Pour cette raison, nous sommes résolus à ne participer à aucune espèce de guerre, et à lutter pour l’abolition de toutes ses causes. »
Les photos sous le lien :
Et ce n’est pas fini…