2025
Meilleure que l'an dernier, moins bonne que 2026 : tous les espoirs sont permis.
Bonan novjaron al vi geamikoj !
Et ce n'est pas fini...
Pour éviter d'avoir à me répéter, notes en vrac d'un retraité, incorrigible militant.
Meilleure que l'an dernier, moins bonne que 2026 : tous les espoirs sont permis.
Bonan novjaron al vi geamikoj !
Et ce n'est pas fini...
« L’Église chez elle et l’État chez lui »*
Un bel article trouvé dans Le livre bordelais n°82 (bulletin des retraités de la Filpac).
En préambule je dirai : on peut être un citoyen croyant, mais pas un croyant citoyen.
Si la laïcité est un principe constitutionnel français, elle n’est pas pour autant strictement définie.
Cependant, elle s’exprime par des règles fondamentales que sont la séparation des églises et de l’État, la liberté de conscience et de culte et l’égalité des citoyens devant la loi, peu importent leurs croyances ou leurs convictions.
La séparation des églises et de l’État implique la neutralité des agents du service public (service public qui est rendu de la même façon à tous les usagers sans aucune discrimination). L’application de ces règles permet la
liberté et l’égalité du citoyen.
De même, la société évite l’effet pervers du communautarisme. Par sa neutralité dans le service public et sa tolérance dans la sphère privée, la laïcité est indubitablement un facteur d’émancipation.
NEUTRALITÉ ABSOLUE
C’est dans cette optique que la loi a imposé la neutralité à une catégorie d’usagers du service public : les élèves des écoles, collèges et lycées. L’acceptation d’une neutralité absolue dans les affaires relevant de la chose publique (la res publica), d’une liberté limitée dans le secteur privé (par le bon fonctionnement de l’entreprise) et d’une liberté quasi absolue dans la sphère strictement privée (sauf à commettre un délit) permet d’assurer une cohésion sociale efficace.
Pour que la laïcité puisse s’appliquer ainsi, il y a une condition sine qua non, qui consiste à accepter que la loi soit une norme supérieure à tout précepte religieux. Et cela n’a pas pour but de brimer le sentiment religieux, ni d’empêcher les cultes de s’exercer.
Notons que les instances judiciaires européennes (CEDH et CJUE) apportent aussi leurs pierres à la construction juridique de la laïcité; la tendance est à reconnaître que la laïcité dans les textes français, comme l’interdiction de porter un signe ostensiblement religieux à l’école (loi du 15 mars 2004) n’est pas contraire aux libertés fondamentales de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.
La laïcité a donc une importance fondamentale pour la création d’un citoyen éclairé appartenant à une société épanouie.
Elle est en vérité un bien commun appartenant aussi bien à ceux qui croient en un dieu et pratiquent un culte qu’à ceux qui n’y croient pas. La société laïque permet l’acceptation de tous. Mais il faut jouer le jeu, comme aurait dit Félix ÉBOUE.
Comment se fait-il que nos concitoyens, nos politiques, dans leur grande majorité, soient aussi peu nombreux à spontanément mettre en avant leurs convictions en matière de laïcité ?
FISCALITÉ ET FINANCEMENT
La fiscalité ne doit reconnaître que ce qui est d'intérêt commun. Le financement indirect des religions par l'exonération fiscale des dons au denier du culte porte atteinte au principe de séparation.
L'hypothèse d'un « don spiritualité » déductible des impôts (comme le proposait le Rapport Baroin) est une réintroduction détournée du financement des cultes, abandonné en 1905.
Le financement des lieux de culte doit rester une affaire privée. L'exemple de la cathédrale d'Evry et du Musée d'art chrétien est une infraction à ce principe, et il ne saurait faire jurisprudence.
La décentralisation ne peut donner lieu à un transfert de charges sociales des écoles privées à l'État.
Le plafonnement des fonds versés aux écoles privées, tel qu'il était prévu par la Loi Falloux, ne saurait être remis en question, sauf provocation à l'égard des défenseurs de la laïcité.
Les glissements trop fréquents de culturel à cultuel ressortissent à une conception communautariste : ils font d'un particularisme religieux un
critère d'identification culturel, comme si le cultuel et le culturel étaient intimement mêlés et inséparables.
Conception dangereuse de la culture, car elle en dénie le caractère libre.
Du religieux comme essence de la culture au fanatisme politico-religieux au nom de l'identité culturelle, il n'y a qu'un pas.
La laïcité c'est la liberté d'opinion de chacun.
La laïcité c'est l'égalité dans la sphère publique de chacun.
La laïcité c'est la fraternité sur le vivre ensemble.
La laïcité c'est l'égalité de tous devant la loi.
C'est une notion qui procure des droits et des obligations, qui sert à réunir les hommes dans un même idéal : celui de vivre en bonne intelligence dans la paix, la liberté et l'égalité.
Qui pourrait douter de cette nécessité au sein de notre République ?
Jean-Luc VALEGEAS
* Victor Hugo. Discours du 14 janvier 1850 à l’Assemblée Nationale
Et ce n’est pas fini...
À l'approche de la fin de l'année, nous souhaitons attirer votre attention sur une cause urgente : l'accès aux vaccins essentiels pour tous les enfants.
En 2023, 21 millions d'enfants ont été privés de vaccins essentiels. Le budget d'aide internationale de la France, qui finance notamment Gavi, l'Alliance du Vaccin, pourrait chuter de 2 milliards d'euros en 2025 si le prochain gouvernement maintient le cap lancé par le Premier ministre sortant Michel BARNIER. Cette réduction aura des conséquences dramatiques sur la santé des enfants à travers le monde.
La vaccination est cruciale pour protéger les enfants contre des maladies mortelles. Gavi a besoin de notre soutien pour continuer à sauver des millions de vies. C'est pourquoi nous avons collaboré avec Steves Hounkponou pour créer une vidéo inspirante, adressée au Président Emmanuel Macron. Steves, qui a la chance de pouvoir soigner sa maladie génétique, s'associe à ONE pour demander à la France de ne pas baisser son engagement financier à Gavi en 2025.
Pour en savoir plus et nous soutenir, rendez-vous sur notre compte Instagram @onefrance_ong. Visionnez, likez et partagez notre vidéo réalisée en collaboration avec Steves Hounkponou. N'oubliez pas de taguer @emmanuelmacron en commentaire pour attirer son attention sur cette cause cruciale !
Et ce n’est pas fini...
In L’Humanité du 20 décembre 2024
« La CGT, c’est aussi ça : proposer des alternatives de progrès », s’enorgueillissait sur X Sophie BINET en juillet, lors du lancement de la coopérative d’imagerie médicale Axel à Moirans (Isère). La société coopérative d’intérêt collectif (Scic) vient de franchir un nouveau cap avec le dépôt de son dossier de création au tribunal de commerce de Grenoble. Le projet imaginé par la CGT Thales en 2012 prend ainsi corps. À l’époque, la multinationale envisageait de se défaire de sa branche imagerie médicale pour se recentrer sur ses activités cyber et défense. Les représentants du personnel se sont alors battus afin de pérenniser les compétences et matériels de haute technicité du site. Douze ans plus tard, Axel, avec ses sociétaires Thales et Fortil, le CHU de Grenoble et des écoles d’ingénieurs du cru, ainsi que la CGT elle-même, prend son envol. La coopérative va structurer une filière industrielle de l’imagerie médicale en assurant des synergies dans la recherche et développement.
Et ce n’est pas fini...
In La lettre de Cuba Coopération France du 28 novembre 2024
Joaquín Alonso Vázquez, ministre de l’Économie et de la Planification (MEP) a indiqué que l’un des secteurs particulièrement endommagés était celui du logement, où, à la suite des ouragans Oscar et Rafael et des forts tremblements de terre dans l’est de Cuba, plus de 34 000 maisons ont été signalées comme ayant subi des effondrements totaux, partiels et de toits.
Quant au service d’électricité, affecté par deux effondrements antérieurs du Système national d’énergie électro-électrique (SEN), environ 2 449 transformateurs, un nombre indéterminé de poteaux tombés, 200 kilomètres de lignes de distribution et huit pylônes à haute tension ont été touchés.
Dans le domaine de l’agriculture, a indiqué le chef du MEP, des pertes ont été signalées sur 37 000 hectares consacrés à la production agricole, ainsi que dans 381 installations agricoles, avec des dommages économiques considérables dans le secteur et des estimations préliminaires de l’ordre de 383 millions de pesos.
Des dommages ont également été signalés dans 22 hôpitaux, 605 poteaux de communication, 276 établissements d’enseignement, 189 établissements de commerce intérieur et 25 entrepôts, 88 systèmes de pompage et quatre ponts, parmi d’autres dommages dans différents domaines, a ajouté le haut fonctionnaire.
Ces chiffres, a expliqué Alonso Vázquez, bien qu’ils donnent une idée approximative des effets destructeurs des phénomènes qui se sont produits, ne représentent qu’une partie minime des dommages annuels estimés causés par le blocus économique, commercial et financier imposé par le gouvernement américain à la plus grande des Antilles.
Oscar Pérez Oliva-Fraga, ministre du commerce extérieur et de l’investissement étranger (Mincex), a salué le rôle joué par le système des Nations unies à Cuba et a déclaré qu’une grande partie de la réponse immédiate a été possible grâce aux ressources déjà présentes sur le terrain.
Face à ces calamités, des plans de redressement sont déjà en cours, qui dépendent en grande partie de la disponibilité des ressources, mais il y a sans aucun doute la volonté du pays d’améliorer le parc immobilier et de renforcer son adaptation et sa résilience au changement climatique.
Et ce n’est pas fini...
L’Union Fédérale des Syndicats de l’État s’adresse aux fonctionnaires.
MACRON, Barnier et Kasbarian, leur ministre de la liquidation de la fonction publique, portent une politique violemment régressive et méprisante à l’encontre des agents publics. Trois jours de carence, diminution du taux d’indemnisation des arrêts maladie, non-reconduction de la garantie individuelle de pouvoir d’achat (GIPA), gel du point d’indice, casse des missions publiques, de l’emploi public, du Statut général des fonctionnaires et des droits des contractuels : la liste des attaques est longue.
L’austérité budgétaire du gouvernement est décomplexée. Il programme 40 milliards d’euros de baisses des dépenses publiques. Au lieu d’aller chercher de nouvelles recettes pour financer le haut niveau d’action publique dont la société a besoin, il veut priver les usagers des services publics de pleine compétence et de proximité. Pour les agents aussi, c’est l’impossibilité de disposer des moyens et des ressources nécessaires à l’exercice de leurs missions.
À l’opposé de telles évolutions, la CGT porte l’exigence de budgets construits sur d’autres bases.
Outre le financement des politiques publiques, il s’agit d’améliorer significativement les conditions de vie et de travail des agents.
Cela passe notamment par :
◗ L’abandon définitif du projet de loi Guérini, de toute forme de rémunération au mérite, la défense et l’amélioration du statut général des fonctionnaires, de leurs statuts particuliers, des droits des contractuels ;
◗ L’abrogation de la réforme des retraites, la revalorisation immédiate du point d’indice de 10 %, son indexation sur l’inflation, l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes, la refonte des grilles indiciaires garantissant des carrières linéaires intégrant la revalorisation des filières à prédominance féminine, le versement de la GIPA ;
◗ L’abandon des jours de carence, le maintien à 100 % de l’indemnisation des arrêts maladie, l’investissement massif dans une réelle politique de santé au travail, intégrant aussi la question du handicap.
Le « fonctionnaires bashing » du gouvernement est insupportable et repose sur des mensonges et des données tronquées. Il n’y a pas « d’absentéisme » des agents publics : à caractéristiques sociodémographiques égales (âge, qualification, pénibilité), le taux d’arrêt maladie est équivalent dans le public et dans le privé et la soi-disant « explosion » des arrêts maladie n’est pas une réalité. Le ministre attaque in fine le système de protection sociale des agents publics et c’est une pierre supplémentaire de la remise en cause générale de la sécurité sociale !
En félicitant Elon MUSK d’être chargé du démantèlement de l’État fédéral et en lui proposant de partager les bonnes pratiques de « débureaucratisation » de la fonction publique, Guillaume KASBARIAN insulte, de fait, les agents publics et nos services publics. Ne disposant d’aucune légitimité politique, un personnage qui affiche un tel mépris des agents ne peut en être le ministre et doit démissionner !
Dans un tel contexte, l’UFSE-CGT appelle les agents à s’inscrire massivement dans la première journée de grève et de manifestation unitaire du jeudi 5 décembre prochain.
L’UFSE-CGT appelle les agents à se réunir en assemblées générales pour échanger, préparer la grève, sa reconduction et les suites immédiates de la mobilisation. L’UFSE-CGT a déposé un préavis de grève qui court
jusqu’au 31 décembre.
Et ce n’est pas fini...
BLOOM continue de se mobiliser contre les navires-usines et particulièrement contre l’Annelies Ilena, le plus grand chalutier pélagique du monde mesurant 145m de long. Nous nous sommes rendus à IJmuiden la semaine dernière afin de documenter son arrivée au port. Notre vidéo exclusive a été publiée sur Instagram samedi 16 novembre et approche déjà le million de vues.
En mai dernier, nous avions réussi à empêcher ce navire de l’enfer de s’accaparer du quota français mais le changement de gouvernement a rebattu les cartes. Après avoir menti au Sénat, le Ministre de la mer et de la pêche Fabrice Loher assume désormais pleinement avoir accordé des quotas à l’Annelies Ilena. Ce navire étant immatriculé en Pologne et ce pays n’ayant pas de quota à lui attribuer, il ne lui serait pas possible de pêcher dans les eaux européennes sans cette intervention de la France. M. Loher espère que l’affaire sera classée mais nous n’allons rien laisser passer, bien au contraire.
Les 19 et 20 novembre sont organisées les Assises de l’économie de la mer à Bordeaux. M. Loher y sera présent pour détailler à 12h30 la feuille de route de l’Année de la Mer, en vue de la conférence des Nations Unies en juin prochain. Nous avons décidé de nous y rendre mais surtout, nous organisons un contre-événement à Bordeaux !
Rejoignez les “Assises de l’Amer” pour rappeler les 15 points de la coalition et dénoncer les actions destructrices du gouvernement.
Mardi 19 novembre
À 8h30 : Rassemblement devant l’Hôtel de ville pour une photo avec la banderole « Désarmons la pêche industrielle ». Nous posterons sur les réseaux sociaux pour notifier à M. Loher que nous assisterons à son discours à 12h30 et que nous attendons des mesures fortes.
À 18h30 : Rassemblement à Darwin, un tiers-lieu très connu à Bordeaux.
Diffusion de la vidéo sur l’Annelies Ilena sur grand écran
Prises de parole de BLOOM, Seastemik, Défense des milieux aquatiques
Action collective : Interpellation de M. Loher sur les RS avec photos et pancartes
Mercredi 20 novembre
À 19h : Projection du documentaire sur les aires marines protégées, réalisé par JP Canet aux Chantiers de la Garonne, suivie d’échanges avec le public
Et ce n’est pas fini...
Les organisations syndicales CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP appellent les agents de la Fonction publique à une journée d’action, de rassemblements, de manifestations et de grève sur l’ensemble du territoire le 5 décembre 2024.
Répondant à la demande de l’ensemble des organisations syndicales représentatives de la Fonction publique, Guillaume KASBARIAN, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action
publique̶, a été contraint de nous accorder une audience le jeudi 7 novembre dernier.
Les organisations syndicales ont obtenu l'abandon de la suppression des catégories C, B et A de la fonction publique envisagée au titre du projet de loi dit « Guerini ». Le ministre s'est aussi engagé à rediscuter de son projet « d'agenda social ».
Force est de constater que Guillaume KASBARIAN n’a pas répondu à la plupart des autres propositions et revendications portées par les organisations syndicales.
C'est pourquoi nous en appelons à une première journée de mobilisation sur l’ensemble du territoire, le 5 décembre 2024, y compris par la grève et la manifestation.
Une journée pour que le ministre renonce :
- aux 3 jours de carence dans la fonction publique,
- à la diminution de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie,
- au non-versement de la Gipa.
Dans le même temps, nos organisations syndicales appellent les agents de la fonction publique, fonctionnaires et contractuels, à se mobiliser pour notamment :
- des moyens budgétaires à la hauteur des missions des services et des politiques publiques,
- des créations d'emplois partout où c'est nécessaire et l’accès à l’emploi titulaire des agents contractuels,
- l'augmentation de la valeur du point d'indice au titre de l'année 2024 et des années suivantes et des mesures salariales générales,
- la refonte des grilles indiciaires,
- l'égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes,
- l'abandon des orientations du projet de loi dit « Guerini ».
Nos organisations syndicales conviennent de se revoir après cette journée de mobilisation et de grève.
Et ce n’est pas fini...
Hier, comme chaque 14 novembre, nous étions au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux pour commémorer le décès de Flora TRISTAN, commémoration importante pour cette paria, grand-mère de Paul GAUGUIN, puisque c’était le 180ème anniversaire de sa mort.
Comme d’habitude il y avait les deux piliers de cette cérémonie : le consul honoraire du Pérou et l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT. Avec deux camarades de l’IHS, nous avons commencé par rendre visite au tombeau de raymond LAVIGNE, initiateur du 1er mai. On notait également la présence de la Maison des Femmes, de l’association « Pourquoi pas ? », de la mairie de Bordeaux (qui a rappelé qu’il existait une bibliothèque Flora TRISTAN sur la commune), et pour la première fois la présence de l’Union Compagnonique dont les membres étaient reconnaissables grâce à leur cordon et à leur canne.
Chacun y est allé de son discours et sans concertation préalable les discours étaient cependant complémentaires, chacun insistant sur un aspect différent de la vie de cette pionnière de l’émancipation des femmes et de L’union ouvrière (le titre d’un de ses livres).
Après le dépôt des gerbes, un trio de musiciens péruviens a honoré la mémoire de cette grande dame, qui fut accompagnée lors de ses obsèques par des milliers d’ouvriers qui ont construit la colonne grâce à une souscription.
Peut-être une délégation des lycéens de Camblanes l’année prochaine ?
Et ce n’est pas fini...
Pour la paix , contre la guerre.
Je vais commencer par une citation d'un futur condamné à mort qui mourut dans son lit :
“Pour maintenir l’esprit d’obéissance et la discipline parmi les troupes, une première impression de terreur est indispensable. » C'est ce qu'a dit le Général Philippe Pétain en 1915 avant de commencer à fusiller « pour l’exemple ».
Cette guerre n'aurait jamais dû avoir lieu. Jaurès écrivait dans son dernier papier, paru dans L'Humanité le 31 juillet 1914, c'est à dire le jour de son assassinat : « Le plus grand danger à l'heure actuelle...est dans l'énervement qui gagne, dans l'inquiétude qui se propage, dans les impulsions subites qui naissent de la peur, de l'incertitude aigüe, de l'anxiété prolongée. A ces paniques folles les foules peuvent céder et il n'est pas sûr que les gouvernements n'y cèdent pas. » Mais la grève générale contre la guerre votée par le parti socialiste quelques jours avant l'assassinat de Jaurès n'eût jamais lieu.
Pourtant, à l'origine, socialisme ne rimait-il pas avec pacifisme ?
Quant à Lyautey, maréchal de France, il s'écria à propos de cette guerre : "Ils sont fous ! Une guerre entre Européens c'est une guerre civile. C'est la plus énorme ânerie que le monde ait jamais faite. "
Mais de son Maroc, il avait malgré tout une vue partielle de ce qui allait se passer vraiment. Montéhus, célèbre chansonnier du début du siècle dernier en a donné une image plus réaliste dans La butte rouge :
Sur c'te butte là, y avait pas d'gigolette,
Pas de marlous, ni de beaux muscadins.
Ah, c'était loin du moulin d'la galette,
Et de Paname, qu'est le roi des pat'lins.
C'qu'elle en a bu, du beau sang, cette terre,
Sang d'ouvrier et sang de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents.
La Butte Rouge, c'est son nom , l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient, roulaient dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains...
Eh oui, accepter de porter une arme, c'est fabriquer du crime !
Fusillés "pour l'exemple ", tu parles ! Comme si la peine de mort, car c'est bien de cela qu'il s'agit, avait un effet dissuasif ! L'armée est décidément bien l'école du crime, puisque, non contente de faire la guerre ("un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas", comme l'a si bien dit le poète Paul VALÉRY ), elle assassine impunément ceux qu'elle a enrôlés de force. 727 victimes sont toujours considérées comme des parias. A commencer par Frédéric Henri Wolff : officier décoré de la Légion d'honneur. Le 25 août 1914 il est à la tête du 4e bataillon du 36e régiment d'infanterie coloniale. Il tente de se rendre pour épargner ses hommes. Il est condamné par le conseil de guerre le 1er septembre 1914 à la peine de mort avec dégradation militaire. Il avait 45 ans. Ce fut le premier fusillé pour l'exemple. Une demande de réhabilitation est déposée en 1933. Aujourd'hui, il n’est toujours pas réhabilité.
44 hommes ont été assassinés en septembre 1914, 57 en octobre, 200 au cours des 5 premiers mois du conflit, sans compter les "disparus ", victimes d'exécutions sommaires, sans même un simulacre de jugement.
C'est en résistance à cela que 36 anarchistes publièrent à Londres, en anglais, allemand et français, le 12 février 1915 un manifeste contre la guerre dans lequel on pouvait lire : “Il faut faire que le son de la musique guerrière et la vue des uniformes, au lieu de réveiller dans la foule ses instincts sauvages, l'emplissent de terreur et de dégoût. Il faut faire que le militaire professionnel, au lieu de rester un objet d'envie et d'admiration, devienne un objet de mépris, que le soldat arrive à haïr et mépriser lui-même le triste métier qu'on lui fait exercer.”
Cela fut suivi sept mois plus tard à Zimmerwald en Suisse, dans le canton de Berne, du 5 au 8 septembre, par la première conférence pacifiste. Les délégués étaient venus de toute l'Europe pour voter une motion qui disait :”Nous affirmons que cette guerre n'est pas notre guerre.” Romain ROLLAND, réfugié en Suisse, emboîtera le pas deux mois plus tard en publiant Au-dessus de la mêlée, recueil qui le fit accuser d'anti-patriotisme et de pacifisme !
En 1916, c'est à Kienthal, toujours en Suisse que se tient une autre conférence pacifiste : les socialistes appellent à faire pression sur les gouvernements au moyen de grèves et de manifestations européennes. Les derniers mots du manifeste soulignent cette idée : « À bas la guerre ! Vive la paix ! La paix immédiate et sans annexions ! Vive le socialisme international ! ».
On a pu dire que plus l’état-major est incompétent, plus il y a de fusillés.
Il existe pourtant des militaires de haut rang, des officiers généraux, qui ont pris conscience des horreurs que l’État leur demandait de commettre. Ainsi, le général Jacques de BOLLARDIERE, trop jeune pour avoir participé à la première guerre puisqu’il n’avait que 11 ans à l’armistice, a-t-il remarqué :
« La guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie...Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain. »
Mais il était bien seul dans sa démarche.
N'ayons pas peur des mots : ce crime contre l'humanité, c'est à dire contre nos frères humains, n'a jamais été condamné, pis même, reconnu.
Sinon pourquoi alors depuis un siècle ce refus du plus élémentaire acte de justice post - mortem : la réhabilitation ?
Les fusillés pour l'exemple demeurent encore les parias de la nation. Leur crime ? Avoir voulu rester dignes et éviter la boucherie entre frères humains. Même les amateurs d'évangiles, ceux qui rabâchent « Tu ne tueras point », devraient reconnaître que ce commandement a été bafoué par la sainte alliance du sabre et du goupillon.
Et cette réhabilitation est pourtant nécessaire, pour faire émerger la Vérité. Des milliers de soldats, d'hommes, ont refusé cette boucherie, des centaines furent passés par les armes pour avoir exprimé des sentiments d'humanité. Et tous ces réfractaires à l’armée, qu’Albert EINSTEIN qualifiait de « véritables pionniers d’un monde sans guerre », ne sont toujours pas entrés dans la mémoire collective. Pour des milliers de rues dédiées au massacreur Joseph JOFFRE, combien de plaques bleues au nom de Louis LECOIN, insoumis à toutes les guerres ?
Depuis plus de cent ans, les gouvernements se sont succédés, de droite ou de gauche, sans que cette demande de justice pour les victimes de ces assassinats de masse n'ait avancé. Il y a quelques années que le dernier poilu, Lazare PONTICELLI, a disparu. Il était parti la fleur au fusil, et il était revenu (la chance avait été avec lui) profondément antimilitariste.
Jean GIONO a survécu à la grande guerre, mais dans quel état ? Voici ce qu'il en dit : « Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. » 900 morts par jour pendant quatre ans, plus du tiers des jeunes gens entre 19 et 22 ans décimés, 600 000 veuves et autant d'orphelins, et bien sûr les centaines de martyrs fusillés « pour l'exemple. »
Qu'attend-on pour les réhabiliter, afin que justice leur soit rendue ?
D’autres pays ont acté la réhabilitation : la Nouvelle – Zélande en 2 000, le Canada en 2001, le Royaume – Uni en 2006. Rien ne justifie la honteuse position des autorités françaises qui, avec plus d'un un siècle de retard, refusent la réhabilitation de ceux qui ont été fusillés et qui ne se sont pas déshonorés.
A l’initiative de LFI, l’assemblée nationale avait voté une loi de réhabilitation qui malheureusement fut retoquée au sénat.
Si la réhabilitation est nécessaire, n’oublions cependant pas que ce n’est qu’un pis-aller après ces hécatombes inutiles et néfastes, car comme le disait Louis LECOIN :
« S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre, mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même non à la guerre. Car on n’élabore pas une SOCIETE HUMAINE sur des monceaux de cadavres. »
En guise de conclusion, alors qu’en ce début du XXI° siècle aucune leçon ne semble avoir été retenue, quelques vers du regretté Francis LEMARQUE :
Quand un soldat s'en va - t - en guerre il a
Des tas d'chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà.
Et ce n'est pas fini...