Dérive.
A la fin de la deuxième guerre mondiale, alors que la France exsangue construisait le système social qui persiste encore, le Royaume Uni mettait en place le welfare state, l’Etat providence. Souvent décrié à cause de sa rigidité, le système offrait aux Britanniques la possibilité d’être soignés gratuitement, longtemps avant l’existence du tiers payant en France ; mais ceci impliquait la fréquentation d’un seul et unique médecin, et certains contestaient cette obligation. En France, depuis, nous avons adopté le médecin référent et le parcours de soins, ce qui permet de bénéficier du tiers payant.
Mais vinrent les années Thatcher et la déconstruction systématique du système solidaire en place outre-Manche, qui devait mettre en place la marchandisation de tous les services publics, par privatisations et démantèlement occasionnant des licenciements massifs et l’écrasement, pour un temps, des syndicats.
Les hôpitaux privés firent donc florès avec des assurances privées qui se développèrent dans un tout autre esprit que celui de la solidarité. C’est un peu ce qui risque d’arriver avec la loi de juin 2013, qui officialisait l’ANI du mois de janvier, et qui est dénoncé par un certain nombre de syndicats et par le groupe Istya autour de la MGEN.
Et maintenant, 40 ans après le thatchérisme, qu’en est-il ? Les assurés ont vieilli et ils sont de plus en plus malades et risquent donc de coûter, et non plus de rapporter à leur assurance. C’est pourquoi cette dernière préfère leur donner un dédommagement pour solde de tous comptes afin qu’ils aillent se faire soigner dans ce qu’il reste du service public. Et ce n’est pas brillant : depuis 2005, ce sont près de 13 000 décès qui auraient pu être évités s’il y avait eu suffisamment de moyens et de personnel !
Soyons vigilants pour que ceci n’arrive pas chez nous !
Et ce n’est pas fini…