Hier matin, un journaliste rendait compte de la façon dont le ministre bi-condamné en première instance exposait les statistiques de la délinquance, en mélangeant tellement de paramètres que fatalement, sans que les spectateurs y comprennent quelque chose, le résultat montrait une amélioration.
Je vais vous narrer quatre expériences que j’ai vécues : deux avec la police nationale, deux avec la gendarmerie.
Un jour, je trouve dans la boîte aux lettres un colis que notre fille attendait. Je referme la boîte pour lui laisser le plaisir de le trouver lorsqu’elle rentrerait de son centre. Je l’accompagne le soir pour assister à sa joie : la boîte était vide à part de la publicité qui avait été distribuée dans la journée. La boîte n’avait pas été forcée et elle était toujours fermée à clé. Conclusion : c’était le distributeur qui, gêné pour mettre sa pub, avait ouvert la boîte avec « la clé PTT » qu’il possède comme la plupart de ses confrères et avait pris le colis…qui contenait une bouteille thermos cabossée ! Je me pointe au commissariat avec la liasse de pub distribuée, pensant, mais c’est sans doute mes lectures de Sherlock Holmes qui guidaient ma pensée, qu’il serait facile de trouver quelle société avait le marché de distribution, et partant, qui était passé dans ma rue cet après-midi-là. Probablement trop compliqué pour nos braves pandores qui m’ont conseillé de mettre un leurre, de faire le guet, d’attraper le voleur potentiel et de les appeler ensuite. Merci M’sieur, au revoir M’sieur !
Autre affaire, toujours avec le même commissariat, mais j’agissais en tant que Principal, représentant de l’Etat, venu porter plainte pour intrusion. La fliquette prend des notes au brouillon puis me déclare au bout d’un moment que je peux déposer une main courante. Je lui rétorque que je ne me suis pas déplacé pour cela et que c’est une plainte que je suis venu déposer, comme l’exige ma fonction. Elle refuse. J’appelle alors le rectorat qui me demande de joindre le commissaire ou s’il y a barrage d’écrire au procureur. J’ai le commissaire qui m’envoie une équipe pour vérifier les faits au collège. Je raconte une deuxième fois mon histoire et les flics me disent qu’il y a largement matière à une main courante. Je leur répète à nouveau qu’il n’est pas question de cela. Le lendemain, le commissaire m’invite à venir déposer plainte au commissariat. Résultat : à peu près quatre heures de perdues alors que trois quarts d’heure auraient largement suffi.
Dans un autre collège, encore une histoire d’intrusion, mais de la part de quelqu’un se déplaçant sur un scooter immatriculé. J’ai donné le numéro aux gendarmes en leur demandant de me tenir au courant : si le scooter n’avait pas été volé, j’aurais pu porter plainte nominativement et non contre « X ». Jamais eu de nouvelles : ce fut la dernière fois qu’en tant que Principal je m’adressai à cette gendarmerie.
Enfin, toujours avec la même gendarmerie, je viens leur demander de signaler à l’opérateur le numéro IMEI d’un téléphone mobile qui nous avait été dérobé au Portugal. J’avais déjà porté plainte au Portugal, mais le protocole portugais n’implique pas le contact avec l’opérateur. Le simple utilisateur ne peut le faire (trop simple ?) d’où ma tentative au retour en France. La gendarmerie a refusé d’accéder à ma demande puisque je n’avais pas déposé plainte chez eux et qu’il ne m’était pas possible de déposer plainte une deuxième fois pour le même motif. J’écrivis donc au procureur pour demander à ce dernier de m’aider à faire appliquer la loi. Plus d’un an plus tard, au cours de la manif du 1er mai, un gendarme me demandait de passer à la gendarmerie pour déposer plainte pour le vol de téléphone au Portugal !
Courteline ? Ubu ? En tout cas je reste complètement insensible au débat qui existe en ce moment sur les échanges de service entre police nationale et gendarmerie : j’ai testé les deux et vous avez un échantillon du résultat ci-dessus.
Et ce n’est pas fini...