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Le blog de Bernard SARLANDIE

regards sur le monde

Les jeunes exilés invisibles du centre de Paris

1 Mars 2025, 09:07am

Publié par Bernardoc

In Street Press du 20 février 2025 (extraits)

Des femmes, des enfants et des ados, tous exilés, font la queue sous le parvis du BHV Marais, en face de l’Hôtel de Ville. Il est 20h30 et les vitrines irradient de lumière dans la nuit de cette fin janvier. Ibrahima jette un œil aux luxueux vêtements portés par les mannequins. Lui n’a rien, juste une doudoune et quelques vêtements restés dans sa tente. Lorsqu’il est arrivé de Guinée Conakry il y a un an, il s’est présenté au département de Paris pour faire valoir sa minorité et être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Selon la loi française, tout enfant isolé, sans parents ou représentant légal sur le territoire, doit être protégé et pris en charge. Le garçon dit avoir 15 ans. Mais après une série de tests – dont la fiabilité est régulièrement contestée – il est déclaré majeur. Depuis, son quotidien se résume à la rue et à l’errance :

Tous les soirs, comme des dizaines de jeunes hommes venus d’Afrique subsaharienne, il vient ici, devant la mairie de Paris, dans l’espoir de récupérer un peu de nourriture ou une couverture. Des denrées distribuées par Utopia 56, une association d’aide aux étrangers en situation irrégulière. Ibrahima a fait un recours auprès du juge pour enfants, pour contester la décision et réaffirmer sa minorité. Environ 3.800 jeunes exilés seraient dans la même situation. Le Guinéen attend depuis une date d’audience, dont les délais s’étendent entre six et neuf mois en moyenne. Selon une étude, 60% des jeunes sont finalement reconnus mineurs à la suite de leur recours en France. Le pays a d’ailleurs été sanctionné par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU en 2023 pour son manquement à assurer la protection d’un mineur isolé non accompagné (MNA) durant la période de son recours.

Sous la pluie battante, un ado se démène avec sa couverture, sa tente et son sac pour ne pas les faire tomber sur le béton mouillé. Les Parisiens comme les touristes, armés de parapluies, passent vite sans le remarquer. Le garçon, comme Ibrahima, traîne pourtant souvent dans le quartier : après les distributions, ils filent retrouver leur tente du côté de Pont Marie, celui qui relie l’île Saint-Louis au quai de l’Hôtel-de-Ville, à moins de 800 mètres. La journée, ils trouvent un peu de chaleur à la bibliothèque du Centre Pompidou, à 20 minutes à pied. De Paris, ils ne connaissent pas grand-chose de plus que ces quelques rues du 4e arrondissement. Les jeunes hommes n’en sortent que pour se rendre dans le parc de Belleville, devenu un lieu de rendez-vous et de sociabilité entre personnes migrantes. Ils n’ont jamais vu la tour Eiffel. Visiter la capitale n’est pas leur priorité, explique Mohamed :

« On m’a volé ma tente ! », appelle désemparé un jeune homme. Derrière l’Hôtel de ville, dans la rue qui longe les quais pour arriver au Pont Marie, des dizaines d’exilés ont installé leur campement sous les arches de la Cité internationale des Arts, au niveau de la galerie marchande. Ils y passent la soirée en groupe, puis rejoignent leurs tentes jusqu’au petit matin, avant l’ouverture des magasins. « Il faut tout ranger avant 7 heures parce qu’il y a des gens qui travaillent », explique, sérieux, Abdou, l’un des locataires sans-abris. Si les familles – femmes et enfants – sont orientées chez des habitants bénévoles ou dans des locaux de l’association Utopia 56, les ados, eux, dorment dehors. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde, alors il faut prioriser, expliquent, dépités, les militants.

Et ce n’est pas fini..

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Communiqué de la fédération CGT des Services publics

26 Février 2025, 09:11am

Publié par Bernardoc

La fédération CGT des Services publics exprime son soutien total à la famille de la personne victime d’un attentat terroriste ainsi qu’aux policiers municipaux de la ville de Mulhouse blessés.

Nous condamnons avec la plus grande fermeté cet acte barbare.
À cette heure, il apparaît que le fanatisme, quelle qu’en soit l’origine, a frappé notre pays.

Celles et ceux qui assurent au quotidien les missions de service public de sécurité publique en sont les premières victimes.

Nos pensées vont à la famille du défunt ainsi qu’aux policiers municipaux blessés.

En ces moments difficiles, nous affirmons notre solidarité envers les forces de sécurité et réitérons notre engagement en faveur de la protection et du respect de celles et ceux qui œuvrent au service du public.

L’heure n’est pas à la polémique, ni à la récupération politicienne.

La fédération CGT des Services publics, attachée à l’état de droit, a confiance en la justice de notre pays.

La fédération CGT des Services publics restera toujours mobilisée contre toute forme de violence et pour une société de solidarité, de paix et de justice.

Et ce n’est pas fini...
 

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Salon de l'agriculture 2025 : pourquoi de nombreux départements ont renoncé à participer cette année

21 Février 2025, 11:14am

Publié par Bernardoc

In Franceinfo du 21 février 2025

Le Gers, la Haute-Garonne, le Lot, l'Hérault, les Pyrénées-Atlantiques, le Lot-et-Garonne, la Dordogne... Tous ces départements ont renoncé à s'offrir un stand lors du Salon de l'agriculture qui débute samedi 22 février. La raison ? Cette vitrine géante pour les producteurs fait bien souvent les frais des coupes budgétaires demandées par l’État aux collectivités territoriales.

Il faut dire que les sommes à dépenser pour participer à ce rassemblement incontournable du monde agricole français sont parfois vertigineuses. Entre la location et la fabrication du stand, le personnel, le transport et les animations, l'addition peut s'envoler à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros, selon les collectivités.

Le conseil départemental du Lot déboursait ainsi environ 100 000 euros pour participer au salon, rapporte France 3 Occitanie. C'était 130 000 euros pour la Haute-Garonne, 200 000 pour le Gers et la Dordogne et même 300 000 euros pour les Pyrénées-Atlantiques, selon "ici Béarn Bigorre". "Il faut faire des choix, assurer l'essentiel, notamment l'installation des jeunes ou l'équipement sur les exploitations agricoles", justifie le président du conseil départemental, Jean-Jacques LASSERRE. Dans l'Ain, le Conseil départemental a annoncé qu'il ne participerait plus qu'une année sur deux à l'événement, selon Le Progrès.

Face à ces difficultés, les organisateurs assurent ne pas rester les bras croisés. "Ces désistements doivent nous interroger pour l’avenir, car tous les exposants ont des problématiques de budget", souligne Valérie LEROY, directrice du Salon de l’agriculture, à Ouest-France. Elle précise qu'un travail est mené depuis l'année dernière pour "contenir les coûts" pour la location d’une surface ou les prestations techniques nécessaires.

Plusieurs départements montent cependant au créneau contre les conditions jugées "trop restrictives" imposées par le Salon. "Aujourd'hui, l'exigence des organisateurs ne correspond plus à nos valeurs", tacle Serge RIGAL, président du conseil départemental du Lot, sur la radio Totem. En cause : de nouvelles règles qui permettent de faire la promotion des brebis de race Caussenarde dans le Hall 1, consacré aux animaux, mais plus, selon lui, d'y proposer par la même occasion du Rocamadour. Avant ce fromage phare, ce sont les noix ou la truffe qui avaient déjà dû être remisées depuis plusieurs années afin de se concentrer sur l'élevage. Or, ce sont les ventes de ces produits qui permettaient de réduire la facture. Un équilibre économique précaire aussi pointé du doigt en Dordogne. "On s'est rendu compte qu'on était très généreux de donner à manger toute la journée à tout le monde pour des retombées assez faibles", assume Germinal PEIRO, le président du conseil départemental, à "ici Périgord".

Il y a fort à parier que la place laissée par ces stands soit investie par de grandes entreprises de l'industrie alimentaire, bien mieux dotées financièrement. "Aujourd’hui, dans le Hall 1, pourtant réservé aux animaux, on voit arriver quelques enseignes internationales comme Jeep, Lidl ou les poulets de Loué", fulmine le président du département du Lot, Serge RIGAL, sur Actu Lot.

Cette année, les visiteurs pourront découvrir les stands géants de McDonald's ou de Lidl. Le distributeur allemand est pourtant visé par une plainte pour "complicité de mauvais traitement envers des animaux" et "tromperie du consommateur" déposée par L214. Elle s'appuie sur des enquêtes de l'association de défense des animaux dans deux élevages porcins situés dans la Sarthe et dans le Finistère, soutenus par Lidl France dans le cadre d'une campagne censée récompenser le bien-être animal.

D'autres absents font également beaucoup de bruit. C'est le cas de Lactalis, le géant des produits laitiers, qui ne sera pas représenté au Salon de l'agriculture 2025, après quatre années de participation, rapporte Le Figaro. En 2024, du fumier avait été déversé sur son stand. Et l'annonce, en septembre, de la réduction de la collecte de lait de l'entreprise en France laissait augurer de nouvelles turbulences contre le numéro un mondial du secteur.

Si des départements ont donc renoncé à afficher leur logo en gros sur un stand, les producteurs de leurs territoires ne seront pas tous absents pour autant. Les concours agricoles organisés à l'occasion du salon permettent notamment à des agriculteurs et éleveurs de pouvoir se faire une place dans les allées du parc des expositions sans devoir payer un stand.

D'autres collectivités et groupements de territoires permettent également de représenter leurs couleurs locales à Paris. C'est le cas des stands régionaux, comme celui du conseil régional de l'Occitanie, qui pallie l'absence de plusieurs de ses départements, ou celui du Groupement européen de coopération territoriale, qui représentera notamment les Pyrénées-Atlantiques aux côtés des provinces espagnoles d'Aragon et de Navarre. Des associations, comme Excellence Gers, permettront aussi de présenter au public les noisettes, l'armagnac et le foie gras du Gers, même en l'absence du département.

Et ce n’est pas fini...

 

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Personne ne devrait mourir au travail !

19 Février 2025, 16:36pm

Publié par Bernardoc

Aujourd’hui un travailleur est mort. Tombé du 3e étage d'un bâtiment en construction à Aubervilliers.

Il a basculé dans le vide quand les étais ont lâché pendant qu'il montait une balustrade à installer.

Il était gérant associé dans la société Silvas metal, sous-traitant de Sogeprom, donneur d'ordre du chantier. Des militants de la CGT informés de cet accident se sont rapidement rendus sur place, et ont constaté un certain nombre d’anomalies, s’agissant notamment de la mise en sécurité des abords du chantier pour les piétons. Le procureur de la République s’est déplacé sur le site et la CGT étudie d’ores et déjà les moyens de suivre la procédure qui s’ouvre.

Toutes nos pensées vont en premier lieu à la famille et aux proches de cet ouvrier mort au travail.

Avec plus de 1 000 morts par an, la France est le pays de l’Union européenne qui compte le plus d’accidents et de décès au travail.

Tous les jours en France, un ouvrier du secteur de BTP meurt sur un chantier de construction, et toutes les cinq minutes, il y a un accident du travail.
Selon les derniers chiffres publiés par Eurostat en 2022, notre pays se traîne à l’avant-dernière place des pays européens en matière de sécurité au travail avec près de 4 morts pour 100 000 travailleurs, tous secteurs confondus.
Ce sont les professions de la construction qui payent le plus lourd tribut.

Dans le BTP, la sous-traitance est l’une des causes majeures de ces accidents, souvent mortels

Les gouvernements doivent agir !

La CGT continue de revendiquer :

La Prise en compte obligatoire du mieux disant social dans les appels d’offres, publics et privés ;

L’Interdiction de la sous-traitance à plus de deux niveaux et de la sous-traitance de capacité ;

De limiter le recours à l’intérim et aux salariés détachés (en fonction d’un pourcentage maximum du chiffre d’affaires du chantier) pour mettre fin à la précarité ;
• Le Doublement des effectifs moyens interministériels pour contrôler et lutter contre le travail non déclaré, le renforcement de l’Inspection du travail et des services de prévention, et la création un service d’assistance psychologique, administrative et juridique pour les familles des victimes ;

La création d’un Observatoire national des accidents au travail.

Et ce n’est pas fini...


 

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Bilan démographique 2024 de l'Insee.

14 Janvier 2025, 10:43am

Publié par Bernardoc

La population française continue de croître

Au 1er janvier 2025, la France compte environ 68,6 millions d'habitants, dont 66,4 millions dans l'Hexagone et en Corse et 2,3 millions (aux arrondis près) dans les départements d'outre-mer, selon une estimation de l'Insee. En un an, le pays a vu sa population grimper de 0,25%, avec un gain de 169 000 personnes, soit la plus faible progression de ces dernières années.

La quasi-totalité de cette croissance s'explique par le solde migratoire, qui mesure l'écart entre le nombre de personnes s'installant en France et le nombre de départs à l'étranger (+152 000 habitants). La France demeure le deuxième pays le plus peuplé de l'Union européenne, derrière l'Allemagne.

Les décès sont presque aussi nombreux que les naissances

Il y a 60 ans, la France, en plein boom démographique, enregistrait presque deux fois plus de naissances que de décès chaque année. Les temps ont changé. En 2024, les courbes n'ont jamais été aussi près de se croiser : 663 000 bébés sont nés, tandis que 646 000 personnes sont mortes, soit un écart minime de 17 000. Ce solde naturel a ainsi atteint "son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", souligne l'Insee.

Ce rapprochement inédit des deux courbes s'explique d'une part par une natalité au plus bas depuis l'après-guerre, avec une baisse de 2,2% des naissances en un an. Ce recul est près de deux fois plus rapide que la moyenne des années 2010, mais demeure moindre que le plongeon observé en 2023 (-6,6%). D'autre part, la mortalité a rebondi de 1,1% en 2024, selon les estimations de l'Insee. Cette hausse, parfaitement prévisible, s'explique par "le vieillissement de la population", avec l'arrivée "à des âges de forte mortalité" des générations nées entre 1946 et 1974.

La fécondité au plus bas depuis plus d'un siècle

En France, le nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans est en légère hausse depuis 2016. Si les naissances reculent, c'est donc parce qu'elles ont de moins en moins d'enfants. En 2024, avec 1,62 enfant par femme, l'indicateur conjoncturel de fécondité a continué de reculer pour atteindre un niveau jamais vu depuis 1919 et la fin de la Première Guerre mondiale. Les 30-34 ans affichent le taux de fécondité le plus élevé, devant les 25-29 ans, détrônées depuis une quinzaine d'années déjà.

En comparaison avec les autres pays de l'Union européenne, les Françaises restent les championnes du "réarmement démographique" cher à Emmanuel Macron. Selon les dernières données, elles devançaient les Roumaines, les Bulgares et les Tchèques en 2022, tandis que les Maltaises fermaient la marche, derrière les Espagnoles et les Italiennes. Cette situation permet à la France de conserver l'une des parts de moins de 15 ans les plus importantes d'Europe (17,3% en 2023), derrière l'Irlande et la Suède.

L'espérance de vie des hommes s'élève à 80 ans pour la première fois

Après une hausse remarquée en 2023, l'espérance de vie des Français se stabilise en 2024 "à un niveau historiquement élevé", souligne l'Insee. Les femmes restent à 85,6 ans, tandis que les hommes poursuivent leur rattrapage et atteignent pour la première fois le seuil des 80 ans d'espérance de vie à la naissance. "L'espérance de vie des femmes est une des plus élevées de l'UE", derrière l'Espagne, tandis que "celle des hommes est en 11e position", loin derrière le champion, Malte, mais au-dessus toutefois de la moyenne européenne, constate l'Insee à partir de données comparatives de 2023.

Les mariages progressent, les pacs reculent

Pour la quatrième année consécutive, le nombre de mariages célébrés a augmenté de 2% en 2024, pour atteindre un total jamais atteint depuis près de quinze ans (247 000 couples mariés, dont 7 000 de même sexe). Les pacs, après avoir atteint un niveau record en 2022, ont reculé de 3% en 2023 (204 000 unions, dont 10 600 entre personnes de même sexe). A ce stade, les données pour 2024 demeurent inconnues.

Et ce n’est pas fini...

 

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Quand même.

13 Janvier 2025, 12:48pm

Publié par Bernardoc

En Haute-Vienne, le loup échappe aux chasseurs de prime

In L’Humanité du 13 janvier 2025

La Coordination rurale de Haute-Vienne a été condamnée pour ses affiches offrant une prime à tous ceux qui ramèneraient des loups morts. Le tribunal de Limoges lui a ordonné de retirer toutes ses affiches sous contrainte de 150 euros d’amende par jour de retard, ainsi qu’à payer 1 500 euros au titre des frais de justice à l’association One Voice, plaignante.

En France, on ne met pas impunément des têtes à prix, fussent-elles des têtes de loup. La Coordination rurale de Haute-Vienne (CR 87) vient de l’apprendre à ses dépens. À l’été 2024, le syndicat agricole avait publié des affiches promettant, comme dans Lucky Luke, « une prime de 1 000 euros à celui qui ramènera un loup mort » pour, soi-disant, « sauver nos troupeaux ».

Sauf que la France, ce n’est pas le Far West. Et que le braconnage y est interdit, a fortiori à l’encontre d’une espèce protégée – quand bien même le niveau de protection du loup vient d’être dégradé. Résultat : le 8 janvier, le tribunal a condamné la CR 87 à retirer toutes ses affiches sous contrainte de 150 euros d’amende par jour de retard, ainsi qu’à payer 1 500 euros au titre des frais de justice à l’association One Voice, plaignante.

Le loup est décidément mieux défendu que les éleveurs, surtout quand ceux qui parlent au nom de ces derniers n’ont rien de mieux à leur proposer que de se comporter en cow-boys de (mauvais) western.

Et ce n’est pas fini...

 

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L'esclavage et le racisme persistent en Mauritanie

5 Janvier 2025, 19:11pm

Publié par Bernardoc

In Vatican news

Dans la Mauritanie actuelle, le racisme et l’esclavage continuent de porter un sérieux coup aux droits humains. S’il n’existe pas encore à ce jour des statistiques officielles sur le nombre de personnes victimes, plusieurs communautés sont au quotidien confrontées à cette dure réalité, qui constitue une grave atteinte à la dignité humaine selon Dieynaba N'DIOM, sociologue et féministe mauritanienne.

 «Aujourd'hui encore en 2024, on voit de manière très claire et un peu partout qu'on a de l'esclavage qui se pratique ici en Mauritanie sous différentes formes, et c'est le seul pays où vous allez entendre parler du tribunal contre l'esclavage. Rien que la présence de ce tribunal témoigne l'existence aussi de cette pratique. L’esclavage et le racisme sont deux réalités encore au 21 ème siècle en Mauritanie».

La pratique de l’esclavage

Dans les faits, plusieurs personnes vivent par exemple sous le statut d’esclave ou d’ancien esclave. «La personne n'a pas la liberté de ses mouvements. Elle ne jouit pas du droit à l’éducation par exemple. En fait, c'est une personne qui est soumise à d'autres qui l'utilisent à leur guise. Certaines sont des personnes qui ont été "affranchies". Mais il y a par contre plusieurs autres qui sont encore sous l'esclavage. Dans la mesure où la personne ne peut rien faire d'elle-même, ne peut rien décider, n'a accès à rien du tout. Elle n'est là que pour le désir et le bon vouloir du "maître"», confie la militante des droits humains.

Des personnes socialement inférieures aux «autres»

La Mauritanie regroupe plusieurs composantes sociolinguistiques et culturelles. Des Soninkés, Wolofs, Peuls, Maures blancs, Arabes, Berbères et aussi les Bambaras pour ne citer que celles-ci. «C’est dans les communautés Négro-mauritaniennes notamment les Wolof, les Poular et les Soninké qu’il existe encore ces pratiques esclavagistes, mais sous une forme où c'est une caste qui subit encore toutes les discriminations possibles parce que la personne n'est pas née dans la bonne famille ou elle est considérée comme descendante d'esclaves, entre autres. Donc la personne est de ce fait considérée socialement comme inférieure aux autres», affirme le cœur meurtri, Dieynaba N'DIOM avant d’ajouter: «Il y’a aussi les Arabo-berbères qui sont un peu en relation avec la communauté descendant des esclaves qu’on appelle "Haratines". Ce sont en effet les Arabo-berbères, qui ont soumis les "Haratines” à l'esclavage. Et c'est souvent de cette forme d'esclavage qu'on parle le plus, parce que c'est le plus effroyable et c'est le plus visible aussi en Mauritanie», dit-elle.

Les femmes, principales victimes

Les personnes qui payent le lourd tribut des différentes pratiques esclavagistes, ce sont bien évidemment les femmes. «C'est la femme qui souffre le plus parce qu’elle subit des viols à répétition. Des femmes qui subissent aussi les violences physiques, sexuelles, psychologiques (...). Ce sont des femmes qui n'ont aucune dignité humaine et qui ne sont là que pour le bon vouloir des chefs, des hommes, des mâles, de la tribu», explique Dieynaba N'DIOM.

Les personnes anciennement réduites à l'esclavage vivent avec ce poids au sein de la société. Leur libération n’est toujours pas évidente. «Les personnes qui ont été dans cette situation, ce n’est pas facile de les enlever du bras du "maître ". Car une personne qu'on n'a pas outillée, qu'on n'a pas éduquée de telle sorte qu'elle soit autonome, c’est toujours difficile de la libérer. Il y a même certains "esclaves" qui ne veulent pas être libérés. D’autres disent carrément qu’ils préfèrent être "esclaves" à vie. Tout ça, parce que on leur a appris toute leur vie à être dépendants d'autres personnes et forcément pour ces gens, même si on les libère, ils se sentiront selon eux encore plus perdus. Car ils pensent qu’ils n'arriveront pas à s'intégrer de manière optimale dans la société», décrie-t-elle.

L’esclavage et le racisme: deux problèmes bien distincts

L'esclavage est un fait en Mauritanie, le racisme aussi. Le phénomène dit-elle «touche tous les noirs» dans son pays. Une autre terrible réalité qu’il faut combattre à tout prix. «Tout noir mauritanien qu'il soit issu de l'esclavage ou pas, qu'il soit né libre ou pas subit le racisme. Tout simplement parce que tu es un noir qui évolue en Mauritanie. Une personne peut donc être en Mauritanie ne pas être victime d'esclavage mais être plutôt victime du racisme», argue-t-elle.

Quelle que soit leur classe sociale, quelle que soit leur identité, quelle que soit la communauté à laquelle elles appartiennent, «les personnes noires subissent toutes, d'une manière ou d'une autre, le racisme». Le racisme en Mauritanie «est d'abord systémique. Ce n’est pas forcément à coup de loi, mais c'est fait de manière très subtile», témoigne l’amazone des droits humains.

Conséquences palpables

L’ampleur du problème est tel que les conséquences ne tardent pas. «Il y a ces discriminations qui sont là, qui planent toujours, qui font que dans ces communautés, les populations sont les plus vulnérables, elles n'ont pas forcément accès à beaucoup de choses, par exemple les terres, les positions politiques dans les villages…et c'est encore ces personnes qui sont discriminées», lance-t-elle. Le pire c’est qu’«il n'y a aucun levier de pouvoir qui est détenu par des Noirs.

Depuis la création de la Mauritanie jusqu'à ce jour, il n'y a eu aucun Noir qui a été président du pays. Il n'y a aucun Noir en Mauritanie qui dispose d'une télévision ou d'une radio. Il n'y a aucun Noir en Mauritanie qui a une banque. Il y a aucun Noir en Mauritanie qui occupe un poste de responsabilité stratégique».

En revanche « les Noirs aujourd'hui subissent les foudres du système en place, car ce sont eux malheureusement le maillon faible de la société. Ils n’ont pas accès à une éducation de qualité, n'ont pas accès à un système de santé de qualité, n'ont pas accès au travail», affirme Dieynaba avant de poursuivre son propos. «Dans les années 1986 à 92 il y a eu un génocide qui a visé que les Noirs mauritaniens. Des villages entiers ont été décimés. Ça c'est avant. Mais aujourd'hui, on assiste à une autre forme de génocide qu'on appelle le "génocide biométrique". On est en train d'enregistrer la population de manière biométrique et on se rend compte que les seules personnes qui ne sont pas encore enregistrées et qui ont des difficultés à avoir leurs papiers, ce sont les Noirs», se désole Dieynaba N'DIOM, qui croit dur comme fer que ce sombre tableau est le fruit du système politique actuel.

“La Mauritanie à plusieurs composantes sociologiques. Mais on a mis la langue arabe au-dessus de toutes les autres langues. Ce qui fait que tout le système éducatif est complètement arabisé. Aujourd'hui en Mauritanie, l’éducation n'est rien d'autre que le reflet de l'idéologie politique du système en place, qui n'est rien d'autre qu'un moyen de domination d'une population par rapport aux autres. On va vers une aliénation culturelle au vu et au su de tous”

Un construit social

Pour la sociologue mauritanienne l’existence de l’esclavage et du racisme «est avant tout un construit social». Dieynaba N'DIOM explique la persistance de ces pratiques par le fait qu’il «y a des gens qui sont construits socialement, qui pensent qu'ils sont les maîtres des autres, qui pensent qu'ils sont supérieurs aux autres, qui pensent qu'ils ont le droit de disposer de l'intégrité physique et morale de quelqu'un d'autre». La féministe engagée affirme qu’avec des normes sociales pareilles «on enregistrera toujours ces énormités».

Pesanteurs socioculturelles et religieuses

Dans une société diversifiée et complexe comme la Mauritanie, la mauvaise interprétation de la religion fait perdurer l’existence de l’esclavage, du racisme et autres discriminations. «On a des livres écrits par des grands savants arabes et musulmans qui cautionnent et même parlent de l'esclavage comme étant une pratique qui est partie intégrante de la religion musulmane. Donc forcément, il y a bien sûr cette teinte de la religion musulmane qui est là, qui tolère et qui explique», confie t-elle. À cela s’ajoute les pesanteurs socio-culturelles.

“Nous vivons sous les normes socioculturelles qui nous oppressent. Nous vivons en fait sous des normes où le système patriarcal crée des discriminations dont nous sommes en fait toutes victimes.

Les stratégies de lutte

En Mauritanie, l'esclavage a été officiellement aboli en 1981, mais n'a été reconnu dans ce pays comme crime contre l'humanité que depuis 2015. Pourtant «il y a peu de cas de personnes qui sont allées en prison pour pratiques d’actes esclavagistes. Parce que ceux qui sont censés juger les personnes qui commettent ce forfait, sont les premiers à être des esclavagistes.

Et c'est quelque chose qui est tellement ancré dans les consciences mauritaniennes que ceux qui le pratiquent pensent que c'est normal», témoigne-t-elle.

«Seule la lutte libère»

Aujourd’hui, explique la sociologue, le plus grand travail serait de «démêler le vrai du faux par rapport à la religion. Que dit vraiment la religion dit dans sa pratique fondamentaliste? Que pouvons-nous en tirer?», s’insurge-t-elle.

Le combat pour le respect des droits humains c’est tout suite et maintenant. Dieynaba N'DIOM qui a consacré presque toute sa vie au nom du combat pour le respect de la dignité humaine affirme avec force que «seule la lutte libère». Elle plaide pour qu’en Mauritanie «les tribunaux anti-esclavagistes soient plus opérationnels mais surtout que la loi soit respectée». Elle souhaite plus que jamais «que les personnes qui sont ou qui étaient en situation d’esclavages soient prises en charges et réintégrées» à travers des programmes au sein de la société.

Et ce n’est pas fini...

 

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Une bonne nouvelle pour commencer l'année

4 Janvier 2025, 09:14am

Publié par Bernardoc

Le Zimbabwe abolit officiellement la peine de mort

 

In L’humanité du 2 janvier 2025

Le président zimbabwéen, condamné à mort par le passé pour avoir fait exploser un train pendant la guerre d’indépendance, a officiellement aboli la peine capitale ce mardi 31 décembre.

Emmerson MNANGAGWA y était opposé de longue date et une loi commue désormais en peines d’emprisonnement les condamnations d’une soixantaine de personnes condamnées à mort. L’ONG Amnesty International salue sur X un « grand progrès » et une « lueur d’espoir pour le mouvement abolitionniste dans cette région (…), une étape majeure dans la quête collective mondiale visant à mettre fin à ce châtiment cruel, inhumain et dégradant ».

Toutefois, une disposition prévoit que cette abolition peut être levée en cas d’état d’urgence. Un moratoire sur les exécutions était déjà en vigueur au Zimbabwe depuis 2005, date de la dernière exécution, mais les tribunaux ont continué à prononcer la peine capitale pour des crimes tels que le meurtre, la trahison et le terrorisme.

Et ce n’est pas fini...

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2025

1 Janvier 2025, 09:30am

Publié par Bernardoc

Meilleure que l'an dernier, moins bonne que 2026 : tous les espoirs sont permis.

Bonan novjaron al vi geamikoj !

Et ce n'est pas fini...

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Flippant

23 Novembre 2024, 09:17am

Publié par Bernardoc

in 20 minutes du 15 novembre 2024

Robert Kennedy Jr, futur ministre de la santé de Donald Trump, est un adepte des « théories alternatives »

Les théories de Robert Kennedy Jr, futur ministre de la santé de Donald Trump sont nombreuses. Le neveu du président assassiné John F. Kennedy, « RFK » Jr. est connu pour ses positions controversées en matière de santé publique. L’annonce de sa participation au gouvernement a suscité l’inquiétude d’experts du secteur. Et pour cause. On vous a compilé ses plus grosses dingueries.

A plusieurs reprises, Robert F. Kennedy Jr., qui n’a pas de formation scientifique, a accusé les vaccins d’être responsables de l’autisme. S’il fallait le rappeler, les études scientifiques n’établissent aucun lien entre les deux. RFK Jr s’est également opposé aux restrictions imposées durant la crise sanitaire liée au Covid-19. A cette période, il lui a été reproché de répandre des fausses informations à propos du virus.

S’il n’est plus officiellement à sa tête depuis un an, RFK Jr a longtemps présidé le Children’s Health Defense (défense de la santé des enfants). Cette organisation, très active sur Internet, relaie des postulats antivax. L’excentrique membre de la dynastie Kennedy se défend toutefois d’être antivaccin. Il explique vouloir seulement que des tests plus poussés soient effectués. Pour rassurer les Américains, le futur ministre de la santé a récemment soutenu en interview qu’il « ne retirerait les vaccins de personne ». Tout en ajoutant qu’il ferait en sorte que « les Américains soient bien informés » sur la question.

Les théories de Robert Kennedy Jr, futur ministre de la santé de Donald Trump sont nombreuses. Le neveu du président assassiné John F. Kennedy, « RFK » Jr. est connu pour ses positions controversées en matière de santé publique. L’annonce de sa participation au gouvernement a suscité l’inquiétude d’experts du secteur. Et pour cause. On vous a compilé ses plus grosses dingueries.

Celui qu’on surnomme « Bobby » a également provoqué la controverse en déclarant vouloir recommander l’arrêt de l’ajout de fluor dans l’eau courante. Selon lui, elle entraînerait des cancers. Cette mesure est destinée à prévenir les caries et l’association américaine des dentistes estime d’ailleurs que le fluor permettait de réduire de plus de 25 % les risques de carie chez les adultes et enfants.

Dans une vidéo publiée en août dernier, l’alors candidat à l’élection présidentielle américaine raconte une anecdote rocambolesque. Lors d’une excursion avec des amis pour pratiquer la fauconnerie dans l’Etat de New York en 2014, une camionnette devant lui a heurté et tué un ourson. Il explique avoir mis le cadavre de l’animal à l’arrière de son véhicule, afin de manger sa viande. Mais il s’est finalement ravisé, pour une question de timing. Robert Kennedy Jr raconte avoir abandonné le cadavre de l’animal dans Central Park, en plein cœur de Manhattan.

Durant la campagne, RFK Junior a raconté avoir eu des problèmes cognitifs en raison d’un ver présent dans son cerveau. Dans une déposition en 2012, dans le cadre d’un divorce, révélée en mai 2024 par le New York Times, Robert Kennedy Jr. expliquait que son médecin pensait qu’une anomalie observée sur ses scanners était causée par un ver. « Un ver qui est entré dans mon cerveau et en a mangé une partie, puis est mort », précise-t-il. Les médecins sollicités par le journal américain ne donnent que peu de crédits à cette théorie.

Et ce n’est pas fini...


 

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