"La question n'est pas de savoir si le wokisme s'autodétruira, mais quand"
In Marianne du 3 novembre 2023 (début)
Il y a parfois, en France, une tendance qui consiste à dire que face au retour du tragique, du réel, les militants woke accepteront de laisser de côté leur paradigme intellectuel binaire pendant un certain temps. Cela ne s’est pourtant vérifié ni pour la crise du Covid-19, ni pour la guerre en Ukraine. Avec les agissements du Hamas, les Occidentaux ont découvert avec stupéfaction qu’une part non négligeable de leur jeunesse étudiante – celle-là même qui lutte contre les « micro-agressions » et « la violence symbolique du mégenrage » – irait jusqu’à refuser de condamner des décapitations de nourrissons, retirer des affiches sur les bébés juifs utilisés comme otages, ou encore porter fièrement des autocollants à l'effigie des parachutistes du Hamas.
La grille de lecture « colons dominants contre décolonisateurs dominés » fait que tout ce que feront les seconds pour « résister » face aux premiers se verra justifié. Pour mieux comprendre cette façon de réfléchir, il faut se plonger dans leur logiciel intellectuel. Ce qui compte, c’est l’ennemi et son « système de domination ». C’est cette entité qui permet de faire perdurer l’infâme statu quo. Ceux qui ne le combattent pas en permanence deviennent des « réactionnaires », et ceux qui veulent l’abolir des « révolutionnaires ». Or, chez l’intellectuel allemand Herbert MARCUSE, qui est une de leurs influences premières, la violence « révolutionnaire » n’est pas comparable à la violence « réactionnaire », et afin de lutter contre la société violente, il faudra être violent.