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Le blog de Bernard SARLANDIE

En Dordogne, la crise des Papeteries de Condat a déjà des répercussions

20 Septembre 2023, 16:44pm

Publié par Bernardoc

In Le Monde du 20 septembre 2023

L’arrêt de la production de papier couché va conduire à la suppression de 187 emplois et pèse sur les sous-traitants et les fournisseurs de l’industriel périgourdin

Chez les sous-traitants des Papeteries de Condat, dans un bassin de vie où le taux de chômage dépasse les 8 %. « On a du mal à croire que cela repartira un jour », confie Damien FROIDEFOND, délégué du personnel chez SVT, une PME dont les Papeteries avaient encouragé la création dans le cadre de sa politique d’externalisation de la transformation du papier couché.

Depuis six mois, leur propre usine ne tourne plus ou presque. « Nous avons commencé par une semaine de chômage partiel en octobre, puis nous sommes passés à deux en début d’année, avant de tomber à zéro, un ou deux jours maximum de travail par mois à la fin du printemps », détaille ce salarié de 38 ans, qui n’entrevoit pas le bout du tunnel. « Nous sommes liés aux Papeteries par un contrat exclusif qui court jusqu’à octobre 2024. Tant que le PSE de l’entreprise est en cours, nous sommes condamnés à subir du chômage partiel, poursuit Damien FROIDEFOND, qui ne se résout pas à cette situation inconfortable. C’est vrai qu’on est indemnisés à 84 % de notre salaire, mais plus vite nous serons libres de retrouver un ou plusieurs clients et plus vite on retrouvera des certitudes. »

A Coly-Saint-Amand, Jean-Marc REYNAL, le patron d’Arbopal, une PME spécialisée dans la fabrication de palettes en bois, ne se fait guère d’illusion sur l’avenir de Condat. Victime collatérale de l’arrêt de la production de papier couché, son entreprise a dû se séparer d’une dizaine d’intérimaires à la mi-février et fermer l’un de ses trois sites de production, à Allassac, en Corrèze, pour rapatrier une partie de l’activité en Dordogne.

« On doit notre salut à la diversification de notre portefeuille de produits et de clients, souligne le dirigeant d’Arbopal, qui emploie 24 salariés en CDI. Là où les commandes des Papeteries de Condat représentaient 70 % de notre chiffre d’affaires il y a cinq ans, elles n’en pesaient plus que 25 % depuis trois ans. » Un pourcentage ramené à zéro depuis six mois. « On va devoir chercher de nouveaux clients et faire des économies dans la gestion si on veut se sauver », confirme Jean-Marc REYNAL.

Au Lardin-Saint-Lazare, comme à Terrasson-Lavilledieu, la ville où se concentrent les derniers commerces indépendants du bassin de vie, « on se prépare à souffrir », confirme Isabelle Romain, la patronne du magasin de chaussures Un pas en ville. Sa boutique a beau être « une institution » dans la région, elle a vu « son chiffre d’affaires commencer à baisser depuis janvier, au moment où le climat s’est tendu aux Papeteries ». « Ce n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi une question d’atmosphère. Ici, tout nous ramène aux Papeteries de Condat. Il y a les clients, les amis, la famille, qui travaille ou a travaillé à Condat », témoigne la commerçante.

« Ce sera d’autant plus dur que les Papeteries ont la réputation de payer mieux leurs salariés que les autres entreprises du bassin », observe l’ex-médecin généraliste du Lardin-Saint-Lazare Henri DELAGE, qui a connu « l’âge d’or » de l’usine.

Face à la menace d’une crise économique, la maire du Lardin-Saint-Lazare, Francine Bourra (divers droite), et le président de la communauté de communes Terrasson-Lavilledieunais du Haut Périgord noir, Dominique BOUSQUET (divers droite), en appellent aujourd’hui à l’Etat « pour forcer Lecta à vendre l’usine à un repreneur. Dans le cas contraire, on ne donne pas cher de la peau des Papeteries de Condat. Après la ligne du papier couché, c’est la ligne du papier glassine qui sera démantelée dans deux ou trois ans ».

« Un cataclysme » que le territoire aurait du mal à absorber, en dépit des efforts qui ont été faits pour attirer de nouvelles entreprises, comme Mondial Relay, avec quatre-vingts emplois à la clé.

Et ce n'est pas fini...

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