Extraits de l'Humanité 12/11/21
par Eugénie Barbezat
Certains allument le chauffage quand la température des chambres tombe sous les 14 degrés. D’autres sont contraints de choisir entre manger et payer leur facture d’électricité. La précarité énergétique concerne aujourd’hui en France 12 millions de personnes.
1 Une urgence sociale
Concrètement, cela signifie qu’elles n’arrivent pas à se chauffer correctement en hiver faute de moyens et/ou d’un logement bien isolé. Cela signifie que deux familles sur dix consacrent plus de 8 % de leurs revenus aux dépenses d’énergie.
Une situation qui risque encore de s’aggraver avec l’augmentation du prix du gaz, de l’électricité et du fioul, depuis le début de l’année.« Le chèque de 100 euros ne compense pas du tout l’augmentation du prix de l’énergie. Durant la dernière décennie, la précarité énergétique s’est accrue en même temps que la pauvreté. Le coût de l’énergie, évalué aujourd’hui à 1 600 euros par an et par foyer en moyenne, n’a cessé de croître. Améliorer la qualité thermique des logements est une solution efficace pour regagner confort et pouvoir d’achat, mais pas forcément accessible aux plus précaires, freinés par le reste à charge qu’ils ne peuvent assumer.« Il faudrait arriver à une prise en charge intégrale de la rénovation pour ceux qui vivent dans des passoires énergétiques mais ne peuvent pas payer 5 000 à 10 000 euros pour isoler leur logement ».
2 Des conséquences délétères sur la santé
Outre les problèmes psychiques liés à l’isolement social, souffrir du froid en hiver et de la chaleur en été favorise les allergies et les maladies respiratoires chroniques. Les risques d’accident augmentent quand des expédients ou des appareils défectueux sont utilisés. La santé des personnes qui doivent choisir entre se chauffer et manger correctement est aussi mise à mal, tout comme celle des personnes qui renoncent à des soins faute de moyens. Selon un calcul du collectif Rénovons !, la remise aux normes de toutes les passoires thermiques permettrait d’économiser 800 millions d’euros de dépenses de santé.
3 Un désastre sur le plan climatique
Le problème, c’est que les occupants des logements les moins performants énergétiquement seront ceux qui risquent de souffrir le plus du réchauffement climatique, via l’augmentation des épisodes caniculaires et des phénomènes météorologiques violents.
4 Des subventions publiques difficilement accessibles
Difficile de s’y retrouver dans la jungle des aides à la rénovation du logement. Pourtant, celles-ci représentent 4 milliards d’euros par an, répartis sur une quinzaine de dispositifs. Mais, pour les précaires qui ne savent pas à qui s’adresser, il est quasiment impossible d’en bénéficier.« Laprime Rénov’, par exemple, n’est accessible que via Internet. Les victimes de la fracture numérique ne peuvent y accéder ». Un millier de travailleurs sociaux repèrent et accompagnent les ménages vivant dans des passoires énergétiques. Depuis trois ans, 52 000 foyers ont été aidés. Mais les moyens mis en œuvre pour multiplier ces dispositifs d’accompagnement sont encore largement insuffisants.
« Une rénovation performante permet de diviser par 4 à 8 les factures de chauffage. »
5 Des rénovations partielles inefficaces
75 % des travaux de rénovation énergétique ne permettent même pas d’améliorer le classement énergétique des habitations (une maison classée F ou G n’atteint pas la classe E)… En cause : la mauvaise qualité des travaux effectués, faute d’artisans compétents. Et aussi des rénovations réalisées au coup par coup, non de manière globale. « Sans rénovation globale, en isolant l’ensemble du bâtiment, les murs, le toit, en changeant les menuiseries, mais aussi la chaudière et le système de ventilation, on ne peut espérer des résultats probants ».
Et ce n'est pas fini...