Réflexions sur la demi-pension
Le réfectoire du collège Paul Langevin était le nec plus ultra…en 1972, date de sa construction. C’était ce qu’on appelait à l’époque une « salle polyvalente ». Les tables, boulonnées au sol, recouvertes de formica marron foncé avaient la particularité de pouvoir se replier, découvrant ainsi un banc qui permettait effectivement de transformer cette salle à manger en salle de conférences.
Or, un jour, le rapport du laboratoire d’hygiène revint en indiquant que des bactéries foisonnaient sur une des tables. C’était la première fois qu’un tel rapport nous était adressé. Je demandais donc au gestionnaire de s’enquérir de ce défaut de nettoyage. Peu de temps après une agent de service débarqua dans mon bureau et me demanda de l’accompagner à la salle à manger pour me montrer où le prélèvement avait été fait ; c’était sur une table dont une petite partie du formica avait été décollée, mettant à jour le plateau aggloméré ; quoi qu’on fasse, il était impossible de nettoyer dans les plus strictes règles d’hygiène cette table, ce qui mettait en danger la santé de nos élèves (sinon le laboratoire n’aurait pas noté cette remarque).
Tout en reconnaissant la solidité du matériel d’origine qui avait déjà résisté depuis plus de trois décennies, je demandai au Conseil général le remplacement de ce mobilier, faute de quoi, par principe de précaution, je me verrais dans l’obligation de fermer le service de restauration.
Très rapidement, le Conseil général dépêcha un technicien, puis la Camif pour chiffrer les travaux et nous permettre de penser à l’agencement du futur mobilier. J’étais content : la collectivité propriétaire se décidait enfin à faire un effort d’entretien de son patrimoine. Tout devait se faire pendant l’été.
Au début juin, coup de téléphone d’un cadre du Conseil général qui me demanda si les tables étaient vissées au sol. Devant ma réponse positive, il me rétorqua que le changement devait être différé ; en effet, le sol contenait de l’amiante et il n’y avait pas eu de budget prévu pour la rénovation et la mise en sécurité sanitaire du sol.
Nous attendîmes donc un an pour avoir une belle et agréable salle à manger. Lors de la première semaine de rentrée échelonnée, je m’installai non pas dans la salle à manger de commensaux mais sur une table face à la porte d’entrée du réfectoire. Et je fus bien récompensé de mes efforts en voyant expressions ravies et étonnées des élèves qui n’avaient pas été prévenus de l’amélioration qui les attendait.
Et ce n’est pas fini…