Ma jeunesse.
Hier soir, j'avais décidé de regarder Le corniaud, moins rediffusé que La grande vadrouille, et je me suis rendu compte qu'à part la scène du début, j'avais pratiquement oublié l'histoire. Je l'ai regardé avec beaucoup de plaisir, me replongeant ainsi une cinquantaine d'années en arrière.
Un tweet en cours de film m'avertissait que les barbares avaient encore frappé, à Berlin cette fois. Mais je n'ai pas basculé sur une des multiples chaînes tout-info, regardant mon film jusqu'au bout. Et même, j'ai insisté puisqu'après le film je suis allé regarder, toujours sur le service public, l'hommage aux Carpentier, ces faiseurs de plaisir lors de leurs émissions du samedi soir. Intéressants témoignages de participants, qui insistaient sur le fait qu'à l'époque les moyens étaient présents pour permettre de belles réalisations. Moment émouvant lorsque Guy BEDOS a regardé un extrait d'une émission dans laquelle il apparaissait avec Sophie DAUMIER, sa première femme, emportée il y a quelques années par une sclérose en plaques ; les larmes aux yeux, il a été incapable de prononcer un mot.
Toute une époque : la guerre du Vietnam venait de se terminer, mai 68 avait décoincé notre société gaullo-thorézienne, il y avait le plein emploi et le progrès technique laissait entrevoir un allègement du travail puisque la croissance était là.
Quelle déception après le changement de siècle et la régression que certains fanatiques incultes tentent de nous imposer. Et moi, qui en suis à ma huitième année de retraite, je me demande quelle a été mon influence sur les jeunes que j'ai contribué à former. Nous sommes-nous collectivement plantés sur toute la ligne ? Sinon, ce n'est pas possible qu'avec les valeurs humanistes qu'en tant qu'enseignants républicains nous avons tenté de transmettre on en arrive à ce gigantesque bond vers le passé. Et que vont devoir vivre nos petits-enfants ? Après « la der des der » et « plus jamais ça », il faut une sacré dose d'optimisme pour continuer à espérer.
Et ce n'est pas fini...