Ce fut un des fleurons du service public.
Trois heures, quarante-trois minutes et cinquante-neuf secondes, c’est la durée d’une tournée de facteur, calculée par un logiciel.
Tous les deux ans, on vise à une hausse de la productivité. Ce qui se traduit à chaque fois par une augmentation de la charge de travail et par une diminution des effectifs. Des tournées sont supprimées pour être réparties sur les tournées restantes. Il arrive aussi qu’on fragmente le travail. Alors que traditionnellement, un facteur fait d’abord, au bureau de poste, le tri du courrier qu’il doit distribuer avant de partir en tournée, de plus en plus de réorganisations divisent le travail, certains postiers ne font plus que du tri et d’autres que de la distribution, c’est une perte d’autonomie et de responsabilité dans son travail. Avant, il pouvait y avoir une transmission d’expérience entre deux collègues qui se succédaient sur une même tournée. Aujourd’hui, c’est plus difficile car les tournées sont plus fréquemment renouvelées. On ne peut ni mémoriser pour le long terme ni transmettre.
C'est sans doute une explication au fait que le facteur préfère laisser un avis de passage dans ma boîte aux lettres plutôt que de sonner à ma porte.
Et ce n'est pas fini...