Pour ceux qui auraient loupé l'émission sur la CdO
Mon premier congrès confédéral.
Comme pour 746 autres congressistes, et probablement également le dernier vu mon âge (la moyenne était de 49 ans), mais je ne regrette pas d'y avoir été mandaté, car ce fut un congrès historique, avec l'arrivée à la tête de la CGT d'une femme, même si ce n'était pas celle attendue.
Le congrès s'est déroulé à la Grande Halle d'Auvergne à côté du Zénith situé à quelques kilomètres de Clermont Ferrand, mais les transferts avaient été fort bien organisés par l'équipe locale de militants.
Beaucoup de vérifications avant de pénétrer dans la salle du congrès, après avoir traversé l'espace où se trouvent les nombreux partenaires. A l'intérieur les délégués sont regroupés par fédération après avoir été validés également par leur UD. Venant de l'UD33, je siégeai sur les bancs de la Ferc.
Dès le début, une tension certaine régnait : on avait l'impression que certains délégués étaient venus pour en découdre, ce qui fut aggravé par la rigidité du premier président de séance et aboutit à ce que la tribune soit envahie par environ 200 camarades, utilisant les mêmes méthodes vis à vis du syndicat que vis à vis des patrons.
Après un vibrant hommage aux disparus, le secrétaire de l'UD63 prononça un beau discours de bienvenue qui mentionna le refus de la ville de Clermont Ferrand d'être partenaire, même sur le plan culturel.
C'est Marie BUISSON, la potentielle SG à venir, qui délivra le rapport d'ouverture, applaudi à de nombreuses reprises. Elle en profita pour annoncer que le congrès allait se prononcer sur la suspension des travaux pour participer à la manifestation du lendemain, décision, bien entendu, approuvée à l'unanimité ! Et un copain d'un autre syndicat m'a dit qu'il y avait plus de cgtistes que d'habitude ; effectivement, nous étions 1 000 de plus !
Afin de gagner du temps et d'avoir des votes précis, il fut proposé de voter électroniquement ; des demandes d'abandon de ce mode de vote ne furent pas prises en compte, et il n'y eût aucune contestation sur ce point dans le reste de la semaine.
Au retour de la manif, le rapport d'activité fut présenté, accompagné d'un diaporama illustrant les luttes des dernières années, dont Bordeaux n'était pas absente.
Sur les 48 demandes d'intervention, seules 16 purent s'exprimer, et, hasard ou pas ? La moitié était favorable, la moitié était contre. Comme vous le savez, le rapport a été repoussé par 50,32% des voix, une première. Ce fut le seul vote négatif global et plusieurs camarades sont intervenus au cours des jours suivants pour dire que nous étions tous responsables de l'activité, et pas seulement Martinez.
Un rituel était instauré, qui s'est poursuivi jusqu'au bout. Chaque journée commençait par « Le petit journal du congrès », sur un mode humoristique, qui n'avait rien à voir avec l'édition quotidienne de Le Peuple (organe de la confédération) qui lui donnait des articles de fond.
La culture était présente tout au long de ce congrès par de courts intermèdes artisitiques entre les différentes séquences, dont plusieurs se terminaient par des tables rondes mettant en exergue certaines situations syndicales.
Le rapport d'orientation fut présenté le mercredi matin. Il avait été proposé à la discussion des syndiqués depuis deux mois et de nombreux amendements avaient été proposés. Ce rapport est divisé en trois thèmes : Pour un syndicalisme de rupture et de transformation sociale dans un monde du travail en perpétuelle évolution,
Pour la reconquête de nos forces organisées et de notre audience électorale,
Pour une élévation et un élargissement du rapport de force.
Entre deux thèmes est intervenue Sara SELAMI, une camarade iranienne, saluée par le slogan « Femme, vie, liberté », qui entre autres, nous a rappelé ce qu'était devenue la FSM, point d'appui de dictatures telles l'Iran, la Syrie ou la Corée du nord, ce qui n'a pas empêché certains camarades de réclamer la réintégration de cette fédération.
Parmi les invités politiques quotidiens, mais qui ne se sont pas exprimés, on a accueilli tous les représentants des partis de gauche, largement au delà de la Nupés.
Chaque thème amendé, y compris lors du congrès, a été approuvé et l'ensemble a ensuite été approuvé par pratiquement les trois quarts des congressistes. Beaucoup de camarades n'ont pu défendre leur amendement non retenu, mais il faut dire que certains monopolisaient le micro (qui n'a jamais été coupé) largement au delà des trois minutes prévues.
Ce document d'orientation constituera notre feuille de route pour les trois ans à venir. Il devra être mis en œuvre par notre secrétaire générale surprise, Sophie BINET, que j'avais rencontrée à la Bourse du travail il y a quelques années, lors d'une commission départementale de l'Ugict.
Mais comment est-elle arrivée à ce poste, cette femme de la Ferc, féministe et écologiste, tout comme Marie BUISSON ? En fait il y a eu un rejet de tout ce qui pouvait rappeler Martinez (qui n'a d'ailleurs pas été applaudi lorsque la nouvelle secrétaire générale l'a mentionné dans son premier discours), et donc la candidate qu'il avait mise en avant. Curieusement, trois membres du bureau sortant (donc désavoués) font partie du nouveau bureau. Est-ce pour soutenir Sophie BINET ou pour la surveiller, voire pour lui mettre des bâtons dans les roues ? L'avenir nous le dira. Mais l'important est d'avoir maintenu l'unité de la CGT, car j'ai craint à un moment que l'on s'achemine vers un syndicat de masse avec 300 000 adhérents en moins et prêt à rompre l'unité syndicale actuelle.
Et ce n'est pas fini...