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Le blog de Bernard SARLANDIE

Petite parenthèse "actuelle"

16 Septembre 2009, 22:19pm

Publié par Bernardoc

          Trop de salariés de France Télécom se suicident, mais même s’il n’y en avait qu’un, ce serait un de trop. Le stress et les méthodes de la direction ont été reconnus comme responsables. Dans l’Education nationale, ce n’est peut-être pas autant médiatisé (l’EN emploie –encore- plus de monde que FT) mais cela existe. Les petits chefs existent aussi à tous les niveaux, de même que le stress provoqué par les conditions de travail qui empirent d’année en année.

         Participant à un colloque initié par la MGEN il y a deux ans, j’y ai appris que ce qui guettait les enseignants, et pas forcément les plus fragiles, c’était l’épuisement professionnel, qui se traduit par une baisse des « performances », puis par des arrêts maladie et enfin, dramatiquement, par un infarctus.

         Durant mes années de direction, on a muté vers les établissements où je travaillais plusieurs collègues en grande détresse pour ne pas dire au bout du rouleau. L’accueil était capital pour conforter et remettre en selle ces enseignantes (et oui la population enseignante est très féminisée). Mais quel bonheur de les entendre au bout d’un ou deux ans dire combien elles appréciaient de s’être senties soutenues dans leurs activités. L’une d’entre elles, que j’ai cependant convaincue de ne pas prolonger sa carrière malgré une très bonne inspection à moins de deux ans de la retraite, est partie en disant qu’elle partait réconciliée avec l’Education nationale qui l’avait pourtant mis bien bas. Une autre, qui a failli s’effondrer lorsque je lui ai fait signer un catastrophique rapport d’inspection en début d’année, m’a demandé un rendez-vous après la sortie de juillet et m’a déclaré : « Vous m’avez réhabilitée » et m’a appelé deux ans plus tard pour m’annoncer son passage à la hors-classe. J’ai eu beau lui dire que je n’y étais pour rien, elle m’a quand même couvert de remerciements. Une troisième, que nous avons essayé de remettre en selle petit à petit, mais ce fut un travail de trois ans, m’a plusieurs fois dit combien elle se sentait bien.

         A contrario, il y a eu plusieurs collègues, notamment à Zola, qui m’ont dit combien leur intégration avait été difficile dans ce collège où il était difficile de nouer des relations et la mélancolie (euphémisme ! ) qui les envahissait en rentrant chez elles le soir.

         Fort heureusement, je n’ai rencontré au cours de ma carrière aucun de ces drames qui jalonnent France Télécom…Et même moi j’y ai échappé, mais ce ne fut pas facile : le harcèlement dont j’ai été victime au cours de mes trois dernières années d’activité fut très éprouvant. Il est difficile d’admettre qu’après trente sept ans d’engagement avec des rapports élogieux, et en trois mois de temps, vous deveniez le pire cadre que l’Education nationale ait jamais hébergé en son sein. Heureusement, j’étais bien entouré tant par ma famille que par  mes amis et camarades qui me connaissaient depuis deux décennies et qui m’ont permis de résister victorieusement à toutes les manœuvres de dénigrement que j’ai dû subir en approchant de la soixantaine.

Et ce n’est pas fini…

 

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