Garde des sceaux, garde des mots.
"La gauche a subi depuis une dizaine d'années des défaites culturelles et sémantiques terribles. La gauche a adopté les mots de la droite – c'est une faute – parce qu'elle a cru qu'elle devait constamment démontrer ses capacités gestionnaires. Elle a renoncé à l'idéal, aux utopies".
Merci Madame ; je suis fier d’avoir voté pour vous en 2002. Vous êtes dans la lignée des grands intellectuels qui, de Voltaire à Badinter, en passant par Jaurès et Hessel nous permettent de conserver l’espoir dans l’avenir de l’Humanité en général et de notre pays en particulier.
Heureusement, depuis que nous avons aidé Sarkozy à laisser la place, on ne nous parle plus du « nombre d’or », même si la politique menée est dans le droit fil de ce qui existait, Europe oblige.
Mais il y a d’autres termes qui persistent. Combien de fois ne m’insurgé-je pas dans des réunions, associatives entre autres, lorsque j’entends parler de « charges » sociales ? Vocabulaire patronal s’il en est, tout comme le mot « collaborateur », qui, sans compter le souvenir des périodes les plus sombres de notre histoire, masque la relation de subordination entre un patron et son salarié. Effectivement, ça sonne mieux qu’« inférieur hiérarchique », qui serait pourtant le terme approprié ; on n’entend jamais un sous-fifre parler de son patron en terme de « collaborateur », alors pourquoi torturer la langue française ?
Un commentaire anonyme dans un billet précédent disait qu’il était dépassé de parler de « lutte des classes » : c’est pourtant un célèbre patron du Merdef qui disait (je cite de mémoire, pardonnez les approximations) : « Bien sûr que la lutte des classes continue…et nous sommes en train de la gagner. » Choisis ton camp camarade !
J’ai oublié le titre de la pièce dans laquelle une célèbre réplique disait en substance : « La révolution passera d’abord par le vocabulaire. » Quelqu’un a-t-il une idée ?
Et ce n’est pas fini…