Filmer le travail.
Le Festival Filmer le travail se déroule chaque année depuis sept ans à Poitiers. Il est organisé par l’association du même nom, à l’initiative de l’Université de Poitiers, l’Espace Mendès France de Poitiers et l’ARACT (Association Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail), en collaboration avec la Région Poitou-Charentes et la Ville de Poitiers.
Avec la région Nouvelle Aquitaine, ce festival international a jugé bon de se « décentraliser », et c'est la raison pour laquelle, invités par notre maire, nous sommes allés hier soir à L'Entrepôt pour assister à la projection d'un film primé : «Garçon boucher ». Nous étions une petite trentaine dans la salle pour ce film au format télévision (52 minutes), film à la gloire de l'apprentissage.
On y voit un Miguel, d'origine portugaise, nous dire tout le mal qu'il pensait du collège et son désir d'apprendre le métier de boucher. Il en était à son troisième maître d'apprentissage, les deux premiers lui ayant « manqué de respect », mais il était filmé avec un écouteur dans l'oreille, ce qui à mon avis n'était pas forcément preuve du respect qu'il accordait à celui qui l'interviewait ; de plus, vers la fin du film, on apprend qu'il s'était fait virer du CFA, sans beaucoup d'explication, ce n'était pas le propos du film. De plus aucune allusion à un quelconque droit du travail tout au long du film ; il est vrai que, ne l'oublions pas, c'est un facteur favorisant le chômage, comme nous le serine le gouvernement.
On voit un jeune filmé dans toutes ses difficultés d'apprentissage manuel, et lorsqu'on découvre à la fin qu'il est deuxième de sa promotion au CAP, il est permis de se poser des questions sur la qualité des autres nouveaux bouchers. J'ai été étonné de voir l'amoncellement de cadeaux aux lauréats : cette école de boucherie parisienne sait y faire !
Il devait y avoir un débat après le film, mais ce fut une grande déception, notamment pour nous, militants du Front de Gauche, qui représentions pratiquement la moitié des spectateurs. Et personnellement, j'ai du mal à assimiler ce que voulaient nous dire le réalisateur et le prof de fac qui ont passé leur temps à nous dire combien ils étaient nuls à l'école.
Non, décidément, pour moi, un tel film n'est pas un encouragement à l'apprentissage.
Et ce n'est pas fini...