Les deux premières années
Avant de partir, Rose avait écrit à Tahiti pour demander un poste d’infirmière. La réponse était : les postes sont réservés aux résidents. Donc, en arrivant, même lettre disant : « Ca y est, je suis résidente ! ». Réponse : il n’y a pas de boulot à BoraBora.
Or voici qu’au moment où elle tomba enceinte, une adjointe de soins prit un congé de maternité. Et voilà donc Rose transformée en « taote vahine », avec gardes et accouchements nocturnes. La naissance de Maeva correspondit au retour de l’adjoint de soins, mais une infirmière partait pour Tahiti. La direction de la santé décréta donc que dès la naissance Rose pourrait la remplacer. Et bien ils attendirent le délai légal du congé de maternité, et elle reprit du service.
Entre temps Maeva avait eu un problème digestif, ce qui entraîna son baptême de l’air à six semaines.
Peu de temps après, alors que nous avions parlé à nos propriétaires de la venue de mes parents et de la famille de ma sœur pour juillet et août, et que nous nous demandions bien comment nous ferions pour les loger dans nos deux chambres, ils nous signifièrent notre congé (heureusement que nous avions signé un bail devant le commandant de la brigade de gendarmerie, officier d’état civil) car ils venaient de se rendre compte que louer à la journée ou à la semaine rapporterait beaucoup plus que louer au mois. Nous trouvâmes rapidement, et pour le même prix ! un fare avec quatre chambres tout près du collège.
Nous déménageâmes à la fin de notre préavis et partîmes accueillir notre famille à Tahiti : c’était une bonne année, car ils arrivaient au beau milieu du Festival des arts du Pacifique, délocalisé pour cause d’émeutes en Kanaky. Nous eûmes donc droit à des prestations souvent impressionnantes de ce qui se faisait de mieux de Pâques à la Nouvelle-Zélande, de Wallis et Futuna à l’Australie…
Remarque de ma sœur en débarquant : « Vous ne nous aviez pas dit que c’était si beau ! » Pendant huit semaines sur les neuf qu’ils ont passé, nous avons pu organiser quelque chose de nouveau chaque jour, la dernière semaine le travail avait repris pour moi avec un nouveau patron, ancien prof de gym celui-là.
Et ce n’est pas fini…