Retour en métropole
A cette époque, nous bénéficiions encore de six mois de « congé administratif » au retour en métropole, lointain vestige du temps où les fonctionnaires voyageaient par bateau. J’avais envie de profiter de cet « avantage acquis », mais ce n’était pas compatible avec ma formation de CPE. J’ai donc demandé un report de stage supplémentaire pour pouvoir bénéficier de ce congé, report qui me fut accordé, ce qui me permit une réadaptation en douceur.
Par hasard, nous avons trouvé à nous reloger sur Lormont, que nous avions quitté six ans plus tôt, et c’est avec plaisir que nous avons constaté que nous n’avions pas été oubliés.
C’était la troisième ou quatrième édition du salon du livre de Bordeaux sur les quais, et j’ai vraiment eu l’impression pendant un week-end de replonger dans la civilisation après six ans de disette.
J’allais donc terminer ma carrière de professeur au Lycée Professionnel des Menuts, dans le quartier St Michel à Bordeaux, où je rencontrais un Proviseur, Michel LACAPE, d’une profonde humanité et qui aura lui aussi été un de mes modèles. Je me suis trouvé bien dans cet établissement où je connaissais des syndicalistes, le gestionnaire (que j’étais le seul à tutoyer car c’était un ancien de Blanquefort) et où j’avais un public essentiellement féminin, ce qui impliquait une méthode d’approche des groupes différente : j’abandonnais la force que j’avais dû déployer pendant six ans face à des classes quasi exclusivement masculines pour utiliser le charme, ce qui était beaucoup moins épuisant. N’oublions pas qu’il est beaucoup moins fatiguant de sourire que de faire la gueule, et bien c’était ce que j’ai vécu pendant ces six derniers mois de métier.
Je me suis présenté après la Toussaint et nous avons eu une chaleureuse discussion avec le Proviseur, qui m’a appris que le rectorat ne l’avait pas prévenu de mon absence à la rentrée. Je lui appris que je partais aussi à la fin de l’année, ce qu’il ignorait aussi bien entendu. C’est ce qu’on appelle « Gestion des Ressources Humaines » à la mode rectorale, mais j’y reviendrai plus tard.
Je devais reprendre mon travail le 25 décembre ( !!! ) et le patron m’expliqua que pour des tas de raisons il ne serait pas présent ce jour-là et m’encouragea à venir signer mon procès-verbal d’installation avant les vacances pour éviter toute interruption de traitement. Ce fut le cas, mais pas pour les prestations familiales que je perçus avec du retard et qui ne correspondaient pas à ce que j’attendais : je touchais les allocations pour trois enfants (environ 800 francs) au lieu de l’Allocation Parentale d’Education (environ 2 400 francs). Je suppose que le rectorat était déjà dans une politique d’économies. Je finis par toucher cette APE, mais pas l’allocation logement qui se montait à environ 100 francs par mois et qui était « insuffisante pour être versée » : il n’y a vraiment pas de petites économies.
Et voilà qui clôt la parenthèse polynésienne.
Et ce n’est pas fini…