Et ma mut' ?
J’entamais ma sixième année en tant que Principal-adjoint. Or, j’avais calculé que, si je voulais arriver à l’échelon terminal, je devais absolument muter tous les trois ans puisque, pour les personnels de direction, c’est la condition nécessaire pour obtenir une promotion. Je m’étais donc plié aux visites à la hiérarchie. En effet, comme pour les candidats à l’académie française, il faut que les candidats à mutation aillent quémander avec humilité et hypocrisie les postes convoités. Ils sont alors « positionnés » sur un poste que la hiérarchie consentirait à leur affecter. Ce qui se passe après, je n’en ai pas la moindre idée : mes supérieurs hiérarchiques m’ont plusieurs fois indiqué que j’avais été positionné, et je me retrouvais au mois de mai maintenu à Goya, bien entendu sans aucune explication : c’est ce que l’éducation nationale appelle la transparence ! Je me souviens une année avoir écrit ce que je pensais de cette co-gestion opaque au représentant du syndicat tout-puissant qui m’a répondu en défendant bec et ongles l’administration.
Heureusement, je pouvais aller m’aérer de temps en temps grâce aux programmes européens. En 1997 je suis parti à Evora au Portugal et en 2000 à Weimar en Allemagne. Mais c’était l’époque où, lorsqu’on participait à des stages nationaux ou internationaux, l’administration locale n’en avait rien à faire, alors que nous étions censés être des démultiplicateurs. J’ai pu le constater lorsque je suis parti avec une assistante sociale en tant que personnes désignées par le rectorat pour participer à un stage national sur « grande pauvreté et réussite scolaire » : nous avions établi un calendrier qui a été bloqué par les services sociaux de l’inspection académique. Alors pendant un an j’en ai parlé en ZAP (Zone d’Animation Pédagogique), dans les stages de formation que j’animais, et puis, moi aussi, j’ai laissé tomber.
J’en arrivais donc à ma septième année, nos relations avec Jean-Pierre s’amélioraient de jour en jour, et il devenait urgent que je puisse voler de mes propres ailes, la formation que j’avais eue à ses côtés nécessitant d’être appliquée ailleurs. Au moment des demandes de mutation, je reçus un coup de fil du secrétariat de l’IA me proposant un rendez-vous. Je fis remarquer à la secrétaire qu’elle avait mal lu ma lettre et que le rendez-vous que je sollicitais était avec le ministère puisque les précédents entretiens au niveau académique ou rectoral n’avaient servi à rien. Je lui demandais donc de faire suivre ma lettre sans délai à la personne à qui elle était adressée par la voie hiérarchique, c'est-à-dire au ministre.
Et ce n’est pas fini…