Retour au bercail
Au bout d’un an –les délais avaient été tenus- nous avons donc pu réintégrer les locaux rénovés. Avant, se dressaient dans la cour deux tilleuls avec un cercle de terre à leurs pieds : c’était suffisant pour qu’une agent de service anime un club jardin et qu’elle entretienne avec quelques élèves des parterres de fleurs qui étaient parfaitement respectés. Mais pour installer la grande grue au milieu du collège, il avait fallu sacrifier ces deux arbres. L’architecte avait dit qu’ils seraient remplacés par un bosquet à l’un des angles de la cour, du moins c’est ce que moi j’avais compris. C’était une erreur, on n’en était pas encore au développement durable, et arracher des arbres n’impliquait pas de les remplacer.
Pourtant l’architecte a eu quelques trouvailles, privilégiant la lumière et les espaces couverts. Les salles étaient chaleureuses, la salle à manger silencieuse, ce qui a entraîné le doublement des commensaux. Nous avons été suivis dans certaines de nos demandes, par exemple le maintien des salles de sciences et d’arts plastiques dont la situation et certains agencements convenaient parfaitement, les salles qui n’étaient pas toutes numérotées, mais baptisées : de la salle Louis Lumière (salle polyvalente informatisée, sonorisée et dans laquelle avait été maintenue la cabine de projection qui a permis de faire quelques séances de ciné-club) à la salle Clément Ader (mais dont la plaque indiquait : « C.Ader », ce qui la fit très vite appeler « Kader » par les élèves) pour une des salles de technologie. Nous avons même réussi à convaincre le conseil général d’aménager un labo-photo dans la salle d’arts plastiques car le professeur voulait inclure la photo dans sa progression. Las ! au moment de l’aménager une conduite non indiquée sur les plans a rendu cette création impossible. Résultat : ce sont les toilettes du deuxième étage, condamnées, qui ont rempli cet office.
Mais il n’a pas été possible de faire comprendre au conseil général que les surveillants du même nom n’existaient plus depuis lurette et qu’ils avaient été remplacés par des Conseillers (Principaux) d’Education, qui avaient parfois besoin de discrétion lors d’entretiens et pas d’être à la vue de tout le monde. Le « bocal » n’aura donc jamais été utilisé par les CPE : c’est un autre local qui a été détourné de sa fonction première. Dix ans plus tard, le conseil général n’a toujours pas compris, puisque maintenant même les salles de permanence lui paraissent superflues.
Mais le plus gros « loupé » de la restructuration est la superstructure métallique extrêmement bruyante qui mange un tiers de la cour et qui provoque le genre de réflexions suivantes chez les visiteurs : « C’est Alcatraz ici ? » ou bien « Carcéral ! Où sont les miradors ? ». J’ai eu l’occasion de faire part de ces réflexions à l’élu qui à l’époque s’occupait des collèges au conseil général, il n’a pas vraiment apprécié.
Et ce n’est pas fini…