Donc, je viens de passer huit jours à l’hôpital, huit jours qui auraient pu se dérouler il y a plusieurs mois si je n’avais pas fait confiance aux professionnels qui m’avaient dit, en voyant ma radio, que je ne serai pas opéré avant l’an prochain. Il a fallu que notre médecin de famille se fâche pour que je prenne rendez-vous avec un chirurgien. Et là, surprise, j’obtiens un rendez-vous quinze jours après mon coup de téléphone au CHU. Et j’ai beaucoup aimé mon premier contact avec le chirurgien qui m’a dit qu’il n’était pas là pour soigner la radio, mais pour faire disparaître la douleur. Dans la foulée il me proposa deux dates pour la mise en place d’une prothèse de hanche : 13 janvier ou 3 février ; bien entendu, je choisis la première date, le vendredi 13.
Et après une visite chez le dentiste, chez l’anesthésiste et une analyse de sang, j’intégrais donc le service de chirurgie orthopédique au 6ème, aile 3 du tripode, jeudi 12 janvier dans l’après-midi.
Première opération : le rasage, très large, de la zone qui sera incisée, puis, après le repas, douche préparatoire à la Bétadine, de la tête aux pieds. Mon prédécesseur dans la chambre n’ayant pas épuisé ses droits à la télévision, j’ai pu regarder la prestation de Jean-Luc MELENCHON : une excellente mise en train pour le lendemain. Je ne passais pas au bloc avant la fin de la matinée, si bien que je pus faire la grasse matinée avant une nouvelle douche à la Bétadine, mais sans les cheveux cette fois-ci. Puis retour au lit dans des draps propres, juste au moment où le personnel de service venait de nettoyer la chambre et m’enjoignait d’attendre assis dans le couloir que le sol soit sec. Bien entendu, je passais outre.
Enfin l’on vint me chercher pour me conduire au bloc, trois étages plus bas. « Voyage » très sympa, comme l’accueil, chacun faisant son possible pour dédramatiser, même si pour moi ce n’était pas un drame, la situation. En salle de préparation je vois une intervenante qui s’écrie : « Mais, c’est Monsieur SARLANDIE ! » ; il s’agissait d’une ancienne parente d’élèves qui s’empressa d’en parler à un de ses collègues qui vint se présenter également : ses enfants aussi avaient fréquenté Zola. Je pense que j’étais décidément en de bonnes mains ; puis ce fut le trou noir, juste au moment où je passais du lit à la table d’opération et où ma chemise de nuit était remplacée par une couverture chauffante.
Au réveil, je ne sais combien de temps après, il y avait quelqu’un qui était en train de me masser le ventre pour voir l’état de ma vessie et ce fut le retour dans la chambre où toute la famille vint me faire un petit coucou entre 20 heures et 20h30. J’ai eu du mal à m’endormir car je n’arrivais pas à pisser et ma vessie me tourmentait. C’est donc l’infirmière de nuit, très pro, qui vint me poser une sonde, et soulagé, je m’endormis bien vite. Ce ne faisait qu’un tuyau de plus !
Le lendemain, le petit déjeuner fut le bienvenu : 39 heures sans ingurgiter quoi que ce soit était un temps raisonnable me semblait-il, même si j’aurais à fournir peu d’efforts puisque j’allais passer les deux jours à venir au lit.
Lundi matin : premier lever, premiers pas : ça allait, mais je continuais de me trimballer une poche, ce qui me rendait encore dépendant. Dès le retrait de la sonde (mardi à 6 heures du matin), j’abandonnais les chemises de l’hôpital au profit de mon pyjama, puis d’habits de jour.
Mardi, mercredi, jeudi : une heure de kiné collective avec tous mes co-opérés ; léger malaise vagal mardi à la fin de la séance : j’avais sûrement voulu aller trop vite. Mardi, visite du chirurgien qui confirma ce que m’avait laissé entendre le kiné la veille : sortie prévue vendredi à 14 heures.
Donc, ce séjour a alterné sommeil, bouffe, exercices et lecture : il y avait énormément de temps que je n’avais pas lu autant. D’ailleurs demain je vous parlerai d’un livre que Guilhem m’avait prêté.
Au bout d’une semaine j’ai pu apprécier le professionnalisme de l’ensemble du personnel et son engagement empathique au service des patients. J’oublierai les deux ou trois déceptions inspirées par certaines aides-soignantes, car elles ne furent que passagères et ne relevaient pas d’une constante.
Je retiendrai seulement l’excellente qualité du service public et la nécessité qu’il y a de le maintenir ainsi. La veille de mon départ une manifestation se tenait à midi devant l’hôpital pour protester contre les dépassements d’honoraires (instaurés par Giscard d’Estaing et jamais remis en cause par la gauche), même si cette fois-ci j’y ai échappé.
Et ce n’est pas fini…