Ce n’était pas un docu-fiction que vient de nous présenter la chaîne LCP, non, c’était un véritable documentaire qui retraçait l’évolution des pays de l’Union française depuis Le soleil des indépendances jusqu’à nos jours. Ce qui est très frappant, c’est l’évolution de l’ancienne puissance coloniale vis-à-vis de son ancien empire ; pour les gens de ma génération, c’était la surface rose sur le planisphère. D’ailleurs la carte utilisée tirait sur le rouge, les anciennes colonies britanniques étant en vert ; peut-être parce que l’auteur du film, Patrick BENQUET, est de la même génération que moi puisque nous nous sommes côtoyés en classe pendant plusieurs années au lycée, sauf en langues car il étudiait allemand en LVI, puis à la fac de Nice.
Donc, la première partie nous montrait la façon dont la France faisait les présidents et les régimes de ces nouveaux pays aux frontières tirées au cordeau sans véritable prise en compte des réalités ethniques. Ceci était organisé grâce à FOCCART et ses réseaux tout puissants. Puis, avec la découverte du pétrole offshore dans le golfe de Guinée, c’est la puissante compagnie Elf (les ronds rouges !) qui dictait sa loi tout en finançant abondamment les partis politiques métropolitains. Cette lutte pour le monopole pétrolier fut la cause de l’implication malheureuse bien qu’officieuse de la France dans la tentative de sécession du Biafra.
Lorsque MITTERRAND arriva, Jean-Pierre COT, idéaliste qui croyait qu’il avait été élu pour changer la vie, fit long feu au gouvernement après avoir préconisé justement une autre politique.
Puis vint l’affaire Elf, point de départ de la renommée de la juge Eva JOLY, suffisamment tortueuse pour amener le gouvernement à faire disparaître cette compagnie pour éviter des révélations trop accablantes.
Mais les temps avaient changé : et maintenant ce n’est plus Paris qui « nomme » les gouvernements africains, mais tant qu’ El Hadj Omar BONGO (anciennement Albert Bernard, lorsque la France l’avait mis en selle) était en vie, c’était lui qui fournissait aux présidents la liste des ministres qu’il souhaitait voir et ceux qu’il fallait limoger. Et le chantage était clair : si vous ne faites pas ce que je demande, je demande aux Chinois de venir !
Le film montrait bien aussi l’évolution de « marxistes» africains tels Mathieu KEREKOU (qui changea le Dahomey en « République Populaire du Bénin ») ou Denis SASSOU NGUESSO (au Congo) lorsque le mur de Berlin fut tombé et que « hors du capitalisme, point de salut ! ».
A la fin de la deuxième partie du film, un autre pays fait son apparition : le Niger. Il faut dire qu’on y trouve de l’uranium, mais là ce n’est plus Elf, mais Areva qui investit. Ne vous étonnez pas de ne pas voir apparaître le Burkina Faso, le Sénégal ou le Mali : il n’y pousse ni gaz, ni pétrole, ni uranium ; alors pourquoi la République commerçante irait y perdre son temps ?
Et ce n’est pas fini…