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Le blog de Bernard SARLANDIE

voyages

Preston

26 Janvier 2010, 00:06am

Publié par Bernardoc

         200px-Preston City Council - coat of armsDeuxième expérience de vie en Grande-Bretagne : je passais d’un comté rural et traditionnel des Midlands à un comté catholique du nord-ouest de l’Angleterre et dans la ville la plus catholique de ce comté. Je crois que maintenant elle est devenue une ville musulmane (à vérifier). L’école aussi était différente : au lieu d’une « anglican boarding grammar school », j’allais découvrir une « roman catholic day secondary school », c'est-à-dire que d’une école sélective qui conduisait au bac, je tombais sur un collège non sélectif qui s’arrêtait à la fin de la seconde (5th form) avec un examen final qui était les « O’levels » (pour « niveau ordinaire », et la fin des études pour un grand nombre d’élèves, surtout ceux issus des milieux défavorisés.

         Les bâtiments n’étaient pas les mêmes non plus : au lieu des bâtiments datant du XVIII° ou XIX° siècle, je trouvais des constructions qui n’avaient rien à envier à nos fameux « Pailleron », et avec le recul, je dirais même qu’il ressemblait sacrément à Langevin ! La différence est que les autorités n’ont pas attendu 2010 pour fermer « St Cuthbert Mayne school » de Fulwood à Preston, puisque en la cherchant sur internet j’ai découvert qu’elle n’existait plus depuis 1998.

         Mon travail était complètement différent : je prenais les élèves par petits groupes dès la 5ème et comme j’étais plus aguerri, j’avais davantage d’activités à proposer aux élèves, et ils préféraient venir avec moi que rester dans le cours traditionnel avec leur professeure, ce qui la rendait un peu jalouse même si elle essayait au mieux de le cacher. De ce fait, nos rapports sont toujours restés assez distants.

         J’ai découvert dans cette école, en 1972 donc, la méthode de travail par projet, très similaire à nos « travaux croisés » mis en œuvre quelques trente ans plus tard dans nos collèges. Je me suis aussi émerveillé devant les travaux d’arts plastiques en découvrant des garçons en train de tricoter et des filles en train de construire des maquettes : on était vraiment très loin des cours de dessin que j’avais connus lycéen. Les cours de musique permettaient à quelques élèves de s’échapper pour aller pratiquer un instrument individuellement tandis que les autres continuaient leur apprentissage collectif. J’ai failli mettre cela en place à Goya, jusqu’à ce que la professeure en sous service soit réquisitionnée pour aller terminer son service dans un autre collège.

         Le Principal de ce collège était un laïc, mais son adjointe était une bonne sœur, véritable « commissaire religieuse » chargée d’assurer la conformité de l’établissement avec les préceptes de Rome.

Et ce n’est pas fini…

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Débattre disaient-ils

24 Janvier 2010, 17:25pm

Publié par Bernardoc

         En débarquant à Newport, ma seule formation était mon stage de moniteur de colonies de vacances que j’avais effectué à Pâques avec les Cemea et un mois de colo. Fort heureusement, je n’avais que des grandes classes (5th ans 6th forms, c'est-à-dire 2nde, 1ère et Terminales) en petits groupes. La plupart des élèves de bonne famille étaient assez au fait de l’actualité ; déjà existaient ce qu’on appelle les « social studies », assez proches de ce qui a été mis en place une trentaine d’années plus tard en France sous le nom d’ECJS (soit Education Civique, Juridique et Sociale). Ils suivaient cette actualité avec leurs yeux de conservateurs (« tories ») ou de travaillistes (« labour »), voire même de communistes, mais pour ces derniers c’était seulement un mot contestataire sans grand-chose derrière. Il me suffisait donc de lancer un sujet politique –au sens large- pour déclencher des argumentations enflammées.   

         Cette aptitude au débat était encouragée dans l’école par l’intermédiaire de la « debating society » qui organisait chaque mois un débat sur un sujet de société. Très codifié, quasiment rituelique, le cadre obligeait les élèves à une discipline très formatrice : deux orateurs étaient désignés pour défendre un point de vue opposé, pendant que les auditeurs écoutaient sans rien dire, sinon les monosyllabes acceptées pour montrer leur approbation ou leur désapprobation. Ce n’est qu’après qu’ils pouvaient intervenir pour exprimer leurs sentiments, tout cela sous la présidence d’un maître de cérémonies chargé de distribuer les rôles et d’organiser la parole avant de terminer par un vote.

         Après avoir assisté à deux débats, je me suis porté volontaire pour être l’orateur opposant principal du troisième débat qui avait trait à l’accueil des filles, la question posée l’étant de façon négative, du genre : « Cette école pense que l’arrivée des filles ferait baisser les résultats. »

Je n’ai pas dû être assez bon car l’entrée des filles fut repoussée. Mais les choses ont évolué avec le temps puisque maintenant les filles externes sont admises au cycle terminal.

         Un autre débat auquel j’ai vivement participé concernait le port de l’uniforme ; je vous laisse deviner de quel côté je me trouvais.

         Cette façon de débattre formait les gens à l’écoute et au respect de l’autre et ce sont des leçons que j’ai retenues et qui m’ont bien été utiles par la suite.

         A la fin de l’année sonnait l’heure du retour en France, et après cette autonomie financière je n’avais pas envie de retomber aux crochets de mes parents, et c’est pourquoi j’avais déposé une demande de  poste de pion auprès du rectorat de Nice.

Et ce n’est pas fini…

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La vie à l'internat

20 Janvier 2010, 08:02am

Publié par Bernardoc

         Ce qui m’a frappé en arrivant, c’était l’extrême liberté des internes, une liberté fondée sur la confiance…nous qui venions de nous battre depuis six mois contre la ségrégation garçons-filles dans les résidences universitaires. Les élèves en effet, pouvaient sortir en ville dès la fin des cours, à condition qu’ils soient revenus pour le dîner qui avait lieu à dix-huit heures. Et dès qu’ils rentraient, l’uniforme n’était plus obligatoire, ce qui veut dire qu’en hiver les petits (6ème et 5ème) étaient autorisés à mettre un pantalon long, qui était quand même plus confortable que ces shorts longs et ces chaussettes montantes qui étaient une partie de leur uniforme.

         00000043J’ai eu l’occasion de pratiquer l’internat car, à partir du deuxième trimestre, le Directeur m’a proposé d’être logé, nourri, blanchi gratis en échange d’une à deux nuits de service par semaine. Grâce à cette aubaine j’ai pu faire de sérieuses économies, et comme nous étions trois jeunes célibataires à nous partager la tâche, il y avait toujours moyen de s’arranger si on avait calculé de sortir une nuit de service.

         Comme à midi, le soir aussi les élèves attendaient debout à leur place qu’un adulte dise « grace », c'est-à-dire le benedicite. S’il n’y avait pas d’adulte, c’était un « prefect », c'est-à-dire un élève de terminale qui s’en chargeait. Or, un soir de juin, je me retrouvai seul en face du réfectoire ; j’étais en charge des « juniors » (6ème à 4ème) et les « prefects » avaient été dispensés de leur encadrement pour préparer leurs examens A-levels. J’attendais l’arrivée de mes collègues, mais ils n’arrivaient pas. Et je voyais les élèves me regarder en souriant, car ils connaissaient mes opinions, tout en refusant de déroger à la règle. Au bout de trois longues minutes, alors que l’agitation commençait à poindre, j’ai marmonné une formule incompréhensible qui était le feu vert pour le début du repas.

         Lorsque j’étais de service le dimanche, je devais accompagner les élèves à la messe. J’en ai alors profité pour visiter les quatre églises du village, avec mes yeux d’étudiant, car un certificat de ma licence comportait une partie consacrée à l’histoire des églises en Angleterre. Et dans chaque église les paroissiens me sautaient dessus, persuadés qu’ils allaient faire un nouvel adepte. Il fallait que je résiste pour ne pas être contraint de communier !

         Les grands élèves étaient quant à eux persuadés que la France était encore « la fille aînée de l’Eglise » et que la sexualité était gérée en direct de Rome par le Pape. J’ai dû leur expliquer que la France n’était pas l’Irlande, ni l’Espagne franquiste ou l’Italie.

Et ce n’est pas fini…

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Réflexions educatives

19 Janvier 2010, 08:00am

Publié par Bernardoc

         La première chose qui m’a frappé, après les uniformes, fut l’assemblée trihebdomadaire au cours de laquelle le chef d’établissement (ou d’autres professeurs) s’adressait à l’ensemble de la communauté éducative. C’était un bon moyen de communication qui permettait aussi de « resserrer les boulons » le cas échéant. Chaque assemblée commençait par une prière, selon les règles du système éducatif britannique.

         Les deux autres jours la journée commençait par une réunion de classe en présence du professeur principal, réunion qui avait la durée d’une période ordinaire, c'est-à-dire quarante minutes.

         Lorsque j’ai commencé comme Principal-adjoint en ZEP, j’ai proposé à tous les professeurs principaux une heure par semaine, hors enseignement, avec leur classe. Bien entendu, cette heure était rémunérée. Et chaque enseignant était bien content, grâce à cette heure de vie de classe avant l’heure de pouvoir ainsi contribuer à une vie harmonieuse au sein du collège. Puis dix heures annuelles furent imposées, ce qui diminuait d’environ 50% le total des heures consacrées à la classe. Enfin, elles ne furent plus payées, amis inclues dans l’Indemnité de Suivi et d’Orientation des Elèves). Et j’ai hélas pu constater que cette heure était presque uniquement utilisée pour « préparation des élections », « élections », « préparation du conseil de classe » et « compte-rendu du conseil de classe ». Il ne restait donc plus guère de temps pour traiter des problèmes éducatifs.

         J’ai décrit plus haut comment les réunions, non pas de tout le collège, mais de chaque cycle, avait permis d’améliorer certains fonctionnements de Langevin et d’avancer ensemble : c’était directement une réminiscence de cette année d’assistanat.

         La vie culturelle était très vivante dans cet établissement et chaque année il y avait un concours de peinture, poésie, littérature, théâtre et musique entièrement pris en charge par les élèves de terminales (les prefects) qui, non seulement participaient mais guidaient les élèves plus jeunes dans une forme de tutorat bien compris. J’ai été convié à participer au jury de ce concours, ce qui m’a permis de voir (ou d’entendre) la totalité des productions.

         Je me souviens aussi d’avoir accompagné des élèves à Birmingham pour un concert de Jethro Tull et des Ten years after, sortie organisée par les enseignants (un peu comme si on organisait une sortie à la Rock School Barbey ou au Krakatoa, ce que je n’ai pas vu ; mais en revanche, la RSB était venue organiser un concert à Goya).

Et ce n’est pas fini…

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Mes découvertes

18 Janvier 2010, 07:47am

Publié par Bernardoc

         Bien entendu, les élèves portaient des uniformes et les enseignants quelquefois la toge. J’avais acheté en souvenirs les trois cravates et les deux écharpes de l’école, puisque l’uniforme variait en fonction de la classe. En hiver je mis un jour une des écharpes, ce qui provoqua une remarque, mais pas une remontrance, du chef d’établissement, qui me dit qu’en tant que membre du personnel je ne devais pas utiliser une partie de l’uniforme des élèves. Je ne m’en servis donc qu’en dehors de l’école…jusqu’à ce que je la perde sur une route du Var une dizaine d’années plus tard.

         Par respect pour les élèves, je mettais une cravate pour les douze heures hebdomadaires que je passais au boulot, et j’étais à la fois surpris et fier de voir que le magasin de mode de la ville reproduisait en vitrine ma façon de m’habiller : j’étais quasi un inspirateur de mode !

         Mais les anglais m’ont fait découvrir bien d’autres choses : le hockey sur gazon, que j’ai pratiqué régulièrement avec l’équipe « B » de l’école (sauf pour les compétitions officielles ; j’ai dû faire un ou deux essais au tennis mais sans beaucoup de réussite et je ne me suis essayé au squash qu’une seule fois : la balle était bien trop rapide, le tamis de la raquette bien trop petit au bout d’un manche bien trop long !

         Un de mes regrets fut d’avoir décliné l’invitation de Sam BAKER, le professeur de musique, qui souhaitait que je participe à la chorale. Je lui dis que je chantais faux, ce qu’il n’a pas cru. Et lorsque j’ai assisté au concert (il s’agissait du Messie de Haendel) dans l’église du village j’ai été transporté, ce qui m’a conduit après à participer à plusieurs chorales, mais malheureusement pas autant que je le souhaiterais à cause de mes (trop ? ) nombreuses occupations.

         En revanche, je fréquentais tous les lundis le folk-club local et là je ne me privais pas de reprendre en chœur les refrains que tout le monde connaissait. J’y avais vu plusieurs fois un bluesman, Rod DAWES, que j’ai aperçu plus tard en Polynésie mais qui a disparu au moment où je venais de faire le rapprochement. Un folk-club, ce n’est pas uniquement des chansons, c’est aussi des tombolas, des pintes de bière et des « fish n’ chips » qui aident à absorber l’alcool. Ah ! ces chips bien grasses emballées dans du papier journal, je ne vous dis que ça !! Quoi HACCP ? C’est quoi ça HACCP ? Rabat-joie, va !

Et ce n’est pas fini… 

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Newport, suite

17 Janvier 2010, 09:30am

Publié par Bernardoc

         Un jour il faudra que je dresse les portraits des collègues que j’ai rencontrés dans cet établissement. J’y arrivais en même temps qu’un professeur d’anglais, ancien officier de la marine marchande, et qui rentrait d’un stage à Nice où il avait été hébergé à la Lanterne et comme nous étudiants, il avait ses habitudes à « La gaîté niçoise » où il appréciait le rosé. Il m’a plusieurs fois prêté sa voiture sans autre forme de procès, car l’épave que j’avais achetée pour cinquante livres n’avait pas fait plus de quarante kilomètres ; fort heureusement le garage qui me l’avait vendue n’a fait aucune difficulté pour me rembourser. J’ai donc voyagé surtout en auto-stop pendant cette année. Et je me souviens de la courtoisie qui existait entre auto-stoppeurs : il n’y avait jamais plus de deux personnes au même endroit, les autres restaient en retrait : le typique art de la queue britannique que je n’ai pas retrouvé deux ans plus tard.

         Cette année-là, j’ai découvert les auberges de jeunesse, que j’ai abondamment utilisées par la suite. Je comptais visiter l’Ecosse pendant les vacances de Pâques par ce moyen, mais avant je décidais de tester la plus proche à une quarantaine de kilomètres pour voir le fonctionnement. Un élève me prêta un vélo, un collègue un sac à viande et me voilà parti. Comme la plupart des auberges en Grande-Bretagne, celle-ci se trouvait dans un endroit remarquable, dans une belle maison de maître dont la YHA (Youth Hostel Association) avait hérité. Le Shropshire n’est pas un comté particulièrement plat et pour quelqu’un qui n’était pas habitué à pratiquer la bicyclette, c’était un déplacement suffisamment long. Lorsque j’arrivai, je découvris qu’il y avait un groupe de scolaires qui occupait déjà les lieux…qui étaient complets. Lorsque je présentai ma carte flambant neuve au père-aubergiste, il m’annonça qu’il n’y avait plus de place, puis il me demanda quel était mon mode de locomotion ; quand je lui dis : le vélo, il vit que je n’avais pas la possibilité d’aller à la prochaine auberge et lorsque je lui précisai que c’était ma première fois, il m’accepta quand même. Cet accueil amical en AJ, je ne l’ai pas trouvé ailleurs qu’en Grande-Bretagne où c’était une généralité.

         Le collègue qui m’avait parlé des AJ était aussi logé sur place et, bien que prof. d’anglais, il entraînait les équipes de l’école au basket-ball et au badminton. C’est ainsi que je découvris ce dernier sport que je n’avais jamais rencontré en France encore, et que j’ai eu l’occasion de pratiquer en sport-loisir par la suite.

Et ce n’est pas fini…

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Ma vie en Angleterre, 1er épisode

16 Janvier 2010, 09:03am

Publié par Bernardoc

         Frais émoulu de mai 68, mon DUEL (Diplôme Universitaire d’Etudes Littéraires) en poche, je débarque à Newport, Shropshire (ou Salop) début septembre pour une année d’assistanat. En effet, à cette époque, les assistants venaient pour l’ensemble de l’année scolaire et non pas pour six mois comme c’est le cas actuellement.

         titlePhoto 01Ce gros bourg d’un comté rural des Midlands comportait deux écoles secondaires, une de garçons et une de filles. Bien entendu j’étais affecté sur l’écoles des garçons : Adams’ Grammar School. Il s’agissait d’une école semi-privée, en anglais : « volontary aided » qui, comme une demi-douzaine d’autres, appartenait à la guilde des merciers (haberdashers). L’enseignement y était gratuit, mais les parents, par exemple, avaient payé la piscine et le bloc scientifique. La majorité des élèves étaient internes et certains ne rentraient chez eux qu’aux petites vacances. Beaucoup d’enseignants venaient d’Oxbridge, c'est-à-dire les deux grandes universités anglaises.

         Moi qui débarquait avec mes idées révolutionnaires, je fus remarquablement bien accueilli par des collègues qui faisaient montre d’une ouverture d’esprit tout à fait inconnue dans la France de Marcellin (le ministre de l’intérieur). A leur tête, un pasteur anglican, le Reverend J.D. ROBERTS, qui, comme c’est le cas un peu partout ailleurs qu’en France, continuait d’assurer quelques cours.

         L’école disposant de locaux, j’étais logé, nourri et blanchi contre une fort modique somme. Et le soir je me trouvais à dîner avec cinq autres collègues, dont deux Gallois qui n’avaient pas trop voulu s’éloigner du pays puisque le Shropshire était limitrophe du Pays de Galles. C’est en discutant avec eux, qui étaient au départ ceux dont l’accent me paraissait le plus facile à comprendre, que j’ai pris conscience de mon occitanité.

         Mais souvent, au début, le soir je me retrouvais tout seul à la salle à manger et les collègues arrivaient tous ensemble au bout d’un moment. J’ai fini par leur demander ce qu’ils faisaient ; et bien, ils prenaient l’apéro « en face » dans un des pubs de l’hôtel Victoria…et ils s’étonnaient de ne pas m’y retrouver. Bien que n’appréciant pas vraiment la bière à l’époque, je m’y rendis « pour voir ». Où n’avais-je pas mis le doigt ?

Et ce n’est pas fini…

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Londres bis

15 Janvier 2010, 14:13pm

Publié par Bernardoc

         Deux ans plus tard, rebelote. Cette année-là, j’y allais au mois d’août puisqu’il fallait attendre les résultats du bac. Ce fut une expérience complètement différente, puisque je me retrouvai à Catford, une banlieue du sud est, un peu plus chic à l’époque (nous étions en 1964), et au lieu d’une famille nombreuse, je me retrouvais chez une veuve passionnée de jardinage et qui fumait comme un pompier. C’est d’ailleurs quelque chose qui m’avait frappé : le nombre de femmes anglaises qui fumaient ouvertement dans la rue.

Nous étions au mois d’août, et contrairement au mois de juillet de ma première visite, ce ne fut pas trois semaines de beau temps et une semaine de pluie, mais le contraire.

         Comme j’avais pas mal visité Londres la première fois, j’étais moins avide d’aller en ville tous les jours et la semaine ensoleillée fut consacrée à la piscine en plein air, bondée bien entendu. J’ai découvert les cinémas, enfumés, les courses de lévriers où une fois par semaine j’allais miser mon argent de poche disponible (mais il faut dire que les enjeux étaient très modestes). C’était bien avant que les anglais deviennent « métriques », quand la livre comportait vingt shillings qui eux-mêmes étaient divisés en douze pence.

         Je profitai aussi d’une journée de voile sur un estuaire avec le fils de ma logeuse, ce qui se traduisit aussi par une acquisition de vocabulaire spécialisé, qui n’était pas à négliger deux mois avant mon entrée en fac d’anglais à Nice. En ce temps-là la rentrée universitaire se déroulait aux alentours de la Toussaint.

         Je décidai aussi de rendre visite aux WRIGHTS à Walthamstow ; je m’étais fait « beau », comme on disait à l’époque, et je tombai dans une ambiance libertaro-beatnik où mon costume me mettait mal à l’aise. Ce fut la dernière fois que j’entendis parler de cette famille pourtant artiste et sympa, mais nous n’en étions pas au même point d’évolution.

         Cet été là fut celui de Jackie la coiffeuse, ma première English girl-friend avec qui nous sommes restés en contact pendant plusieurs années, comme avec Mrs MORLEY d’ailleurs avec qui nos échanges épistolaires se sont terminés avec sa mort.

         Ces deux fois quatre semaines passées seul dans deux familles différentes me firent découvrir des aspects différents de la vie outre-manche et surtout me permirent d’énormes progrès dans l’expression anglaise, ce qui me mettait dans une situation favorable pour entamer ces études britanniques.

Et ce n’est pas fini…

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A la découverte de la perfide Albion

14 Janvier 2010, 13:50pm

Publié par Bernardoc

         Lorsque j’arrivai à Jean Aicard en 5ème M (moi qui arrivais de 5èmeM7, c’est dire la différence d’échelle) au début du deuxième trimestre, j’avais comme professeur d’anglais M. ROLLAND, qui arrivait d’un séjour de cinq ans aux USA (d’où il avait rapporté les stylos-feutre) et que tout le monde appelait « Sorcier » à cause de son tic de langage : « C’est pas sorcier ». Il était très controversé, mais pour moi, qui depuis un an déjà avais envie de devenir prof. d’anglais, ce fut un de mes inspirateurs. Il m’avait à la bonne car, selon ses critères de notation, j’étais deux ou trois points au dessus du suivant. Comme pour tous les élèves, il raccourcissait mon nom : j’étais habituellement « Sarlan », « Sar » lorsqu’il était en forme.

         Je retrouvai cet enseignant en seconde. Comme j’étais toujours décidé à me diriger vers l’enseignement de l’anglais, il insista pour que je me rende dans un pays anglophone. Après discussion avec ma mère, contact fut pris avec une officine et en juillet 1964 j’allais partir comme hôte payant à Walthamstow, une banlieue de l’est londonien. Mes parents m’accompagnèrent en train à Paris où ils n’étaient pas revenus depuis notre déménagement. Je devais prendre le train de St Lazare à Dieppe, puis le ferry de Dieppe à Newhaven pour enfin arriver à Victoria station. Je me souviens du départ, moi hilare dans le train et ma mère en pleurs sur le quai ! Tout se passa bien, je me découvris le pied marin et je me retrouvai quasiment seul sur le quai de Victoria station, en train de demander aux quelques hommes encore présents : « Excuse me, are you Mr WRIGHT ? ». Une partie de la famille (il y avait cinq enfants) finit par arriver. Je fus fort bien intégré, je découvris la baignoire, les tapis et les fauteuils qui ne faisaient pas partie de mon environnement familial.

         Le père était électricien et collectionnait les vieux disques, voire rouleaux de cire, sur lesquels étaient gravés des standards du jazz. La plus petite fille, Jenny, avait trois ans ; c’est la seule qui n’allait pas à l’école, et tous les matins elle regardait la seule émission de télévision qui existait à l’époque, et qui était à destination des enfants de son âge : Play School. Et je dois dire qu’en regardant cette émission avec elle, j’ai fait d’énormes progrès en anglais. Tout de suite après le déjeuner, je prenais le train pour me rendre à Londres que je découvrais grâce à un guide que m’avait fait acheter Mr WRIGHT. Grâce à lui, je visitais aussi les usines Ford de Dagenham, aujourd’hui disparues, une véritable ville dont les documents m’ont servi bien des années plus tard lors de certains cours à Blanquefort.

Et ce n’est pas fini…

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Mes voyages

13 Janvier 2010, 00:31am

Publié par Bernardoc

Tout a commencé très tôt ; je devais être au CP à l’école de la rue St Luc à Paris (pas très loin de l’église St Bernard qui est devenue célèbre quarante ans plus tard quand les CRS pasquaïens ont attaqué la porte à coups de hache pour en déloger des sans-papiers) et lors de la distribution des prix je reçus un livre illustré intitulé Légendes de la savane. A sa lecture, je décidai que j’irai en Afrique quand je serai grand pour découvrir la réalité de ce beau pays qui venait de m’être révélé.

Mais avant, plus prosaïquement, les voyages se déroulaient chaque année entre Paris-gare d’Austerlitz et St Yrieix la Perche en Haute-Vienne avec changement à Limoges. Nous voyagions régulièrement avec trois de mes cousines et leurs parents. Une année fut particulièrement épique : les voitures étaient encore les vieux wagons en bois d’avant-guerre dans lesquels les compartiments étaient indépendants, chacun disposant de deux portes : une de chaque côté. Et bien entendu, qu’est-ce que j’ai imaginé de faire pendant que nos mères préparaient le casse-croûte ? Tripoter une des portes que je réussis à ouvrir ! Panique dans le compartiment : les tentatives des adultes pour refermer la porte n’aboutirent pas car, même si on était loin du TGV, le vent empêchait cette manœuvre. Nous avons été contraints de nous serrer à l’autre extrémité du compartiment jusqu’à la prochaine gare pour nous protéger du courant d’air. Il n’y a pas eu besoin de me donner une rouste (ce ne faisait d’ailleurs pas partie des méthodes éducatives de mes parents), mais la leçon fut sévère et je n’eus aucun mal à me rendre compte que j’aurais très bien pu finir sur la voie.

Le premier grand voyage fut notre déménagement de la rue Polonceau (entre Barbès et Château-rouge) à San Salvadour, à Hyères dans le Var, au sein d’un magnifique parc fleuri et arboré dans lequel se dressait un hôpital de l’Assistance Publique de Paris. Nous avions pris des couchettes, car le voyage durait toute la nuit, et en débarquant à Toulon mon père tint à nous montrer le marché du cours Lafayette, ce qui nous plongeait directement dans la Provence maritime et les « Goûtez le poisson, le monde ! » n’était pas sans rappeler (ou annoncer ?) Les marchés de Provence de Gilbert Bécaud, lui-même Toulonnais.

Et ce n’est pas fini…

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