Au revoir l'Afrique
Pâques 1977 : nous commençons à penser à notre retour. Nous étions venus avec une malle, nous repartons avec une grosse caisse pleine d’«africaneries ». Nous nous mettons d’accord avec Peter, qui rentrait en Angleterre, pour partager les frais de déménagement de Mampong jusqu’à Accra. Les déménageurs nous avaient établi un devis comparatif qui indiquait que le prix « par avion » était moins élevé que le prix par bateau. Je n’ai jamais très bien compris comment se débrouillent les déménageurs pour fournir des devis comparatifs où c’est toujours le leur qui est le moins cher. J’avais posé la question en son temps à la CSCV qui ne m’avait pas encouragé à mettre mon nez là-dedans.
Lorsque les déménageurs vinrent faire leur œuvre, nous fûmes stupéfaits de voir leur dextérité et la confiance qu’ils avaient dans leur travail. J’en ai vu un balancer par-dessus son épaule une coupe en terre qui n’a absolument pas souffert vu la façon dont elle était emballée.
Après le déménagement, il fallait songer à vendre la voiture, et pour obtenir des devises nous étions obligés de la vendre à l’Etat. Nous l’avions fait repeindre (intérieur ou extérieur) pour environ 150 francs, mais j’avais peur qu’il pleuve le jour où j’allais la présenter, car elle n’était pas complètement étanche. L’inspection fut très rapide, le « testeur » essaya l’avertisseur (un vieux klaxon de camion que j’avais récupéré), le démarreur, les essuie-glaces et les phares, et ce fut à peu près tout. Et je fus agréablement surpris par le prix proposé : je n’avais pratiquement rien perdu en deux ans et plusieurs accidents.
Muni des papiers réglementaires, je me rendis à la banque du Ghana pour obtenir mes devises et me mis à attendre. Curieusement des gens qui arrivaient après moi me passaient devant et repartaient sans que mon dossier ait semblé progresser. Même au bout de deux ans, j’avais omis de garnir mon passeport officiel de quelques billets, qui auraient sans nul doute accéléré mon passage !
Enfin, muni de mes chèques de voyage, et après avoir récupéré nos billets d’avion, je retourne à mon hôtel (le même que celui qui nous avait hébergés lors de notre arrivée). Le soir, direction Le Phenix, comme deux ans auparavant, avec toutes mes valeurs sur moi car il n’y avait pas de coffre à l’hôtel. Et en chemin, tentative de vol à l’arraché : je me suis débattu, ai hurlé comme un beau diable et ai réussi à entraîner mon agresseur au milieu de la route, où je me suis couché sur mon précieux sac. Un taxi est arrivé, avec un homme en uniforme qui en est sorti. Attroupement et commentaires autour de moi, avec mon voleur probablement au premier rang, qui se transformait en accusateur. Mais je me sentais sauvé ; je fis le sixième passager du taxi jusqu’à mon hôtel, en angoissant cependant car j’étais on ne peut plus vulnérable si une solidarité africaine décidait de s’en prendre à l’européen qui représentait toujours l’ancien colon. Rien ne se passa. Ouf ! j’avais eu chaud, d’autant que j’appris que la semaine précédente, c’est à coup de couteau qu’une telle aventure s’était terminée au même endroit.
Le lendemain, Peter vint me chercher pour me ramener à Mampong ; j’étais aphone et j’avais dû abandonner le pantalon que je portais la veille qui était dans un triste état.
Et ce n’est pas fini…