L’EXPULSION N’EST PAS UNE SOLUTION.
Le 16 février dernier, un squat occupé depuis plusieurs jours dans l’ancienne EHPAD de Pessac Alouette et qui accueillait plusieurs familles sans abri a fait l’objet d’une évacuation par les forces de l’ordre suite à une procédure engagée par le CHU de Bordeaux.
Invariablement, les arguments liés à l’insécurité du bâtiment et à la tranquillité du voisinage ont été invoqués pour justifier cette évacuation. Invariablement, les quelques solutions de relogement proposées, sans répondre à l’intégralité des besoins, se sont résumées à quelques nuitées hôtelières mais ont surtout mobilisé la solidarité de citoyens volontaires face à la précarité et à la détresse des personnes concernées, se substituant ainsi au devoir de la puissance publique.
De la même façon, la situation de certains squats et bidonvilles occupés par des Bulgares, Roumains et/ou Roms reste toujours aussi problématique et coutumière d’évacuations et d’errance de ces populations sur le territoire de la métropole bordelaise. On ne peut davantage passer sous silence l’irrésolution de la situation des ressortissants Sahraouis vivant sur ce même territoire et plus largement en Gironde, dont le groupe principal reste cantonné dans un ancien bâtiment industriel faute de solution alternative. Chaque semaine, des familles quand ce ne sont pas des mineurs isolés, se retrouvent confrontés à l’insuffisance des infrastructures d’accueil et sans véritable prise en charge. En outre les mesures d’expulsion et la mobilité ainsi imposée remettent systématiquement en péril le parcours ou le suivi social, sanitaire et éducatif des personnes, les enfonçant encore plus dans l’exclusion dont elles sont victimes et sabotant le travail d’accompagnement réalisé par certains services publics locaux et les associations de terrain.
Souvent de nationalité étrangère, ces hommes, femmes et enfants se voient régulièrement opposées des règles administratives concernant la régularité de leur séjour et/ou le refus de délivrance ou de renouvellement de leur titre de séjour, se retrouvant ainsi dans l’incapacité de faire valoir leurs droits fondamentaux et livrés à l’indignité de leur sort. Ils s’ajoutent au cortège des précaires, travailleurs ou personnes en fin de droits qui ne trouvent plus à se loger sinon dans un véhicule ou dans un squat. Expulsés et considérés comme indésirables, ces personnes et familles n’en demeurent pas moins dignes d’un minimum de respect et de la reconnaissance de leur condition d’êtres humains. Or, le droit à l’hébergement reste un droit inconditionnel reconnu notamment par le Code de l’action sociale et des familles (art. L 345--‐2--‐2) et affirmé dans la feuille de route 2015--‐2017 du Plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale.
Alors que ce profile la fin de la « trêve hivernale », les organisations signataires dénoncent le traitement expéditif et indigne que subissent des populations particulièrement fragiles et démunies. Elles appellent les autorités et les institutions publiques, faute en l’état de réponse adaptée à cette situation de carence, à faire preuve d’une application moins aveugle de procédures qui aggravent plus qu’elles ne considèrent la vulnérabilité des personnes. Elles demandent que des mesures volontaristes soient mises en œuvre par les autorités publiques locales, dont le droit à réquisition prévu par les dispositions du Code de la Construction et de l’Habitation (art. L 641--‐1 et 642--‐1), pour offrir des solutions d’hébergement et d’accompagnement plus appropriées et respectueuses des droits et de la dignité.
Bordeaux, le 28 février 2017
Signataires : ACAT, ASTI, CGT Gironde, CSF Gironde, DAL33, FNARS Aquitaine, FSU, LDH Gironde, RESF33, SAF, UNEF
Et ce n'est pas fini...