Aujourd'hui...
...on vous mène en bateau !
Et ce n'est pas fini...
Pour éviter d'avoir à me répéter, notes en vrac d'un retraité, incorrigible militant.
...on vous mène en bateau !
Et ce n'est pas fini...
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Et ce n'est pas fini...
J-1
Et ce n'est pas fini...
Nous avons passé le bac et nous voilà donc maintenant dans la région du nord du Ghana, limitrophe du Burkina Faso.
Je vous ai dit plus haut qu'on ne voyait personne en brousse, et pourtant comme vous le signale le panneau indicateur, autour de nous se trouvent plus de 1400 personnes.
Nous observons une mini tornade avant de trouver un village où des monticules allongés de terre indiquent que l'on se prépare à d'autres constructions dans le village : une fois séchées, ces lignes seront découpées en briques.
Contrairement au sud qui a été christianisé, le nord est à majorité musulmane et l'on peut trouver nombre de mosquées typiques du Sahel, aux créneaux et aux toits en forme de pyramides. Peintes en blanc, on peut voir qu'elles ont été construites en terre lorsque le temps a commencé à les dégrader. Mais il n'y a pas besoin de cela pour remarquer les poutres de la structure interne qui dépassent de tous côtés. C'est ce genre de monuments que les fous furieux du Mali se sont appliqués à détruire il y a quelques années.
Et ce n'est pas fini...
En 1961, quatre ans après l'indépendance de son pays, Kwame N'KRUMAH, un des premiers pan-africanistes visionnaire, décida la réalisation d'un projet qui avait été envisagé du temps du colonialisme, mais jamais mis en œuvre : le barrage d'Akosombo sur le fleuve Volta.
Ce barrage, dont la construction a demandé quatre ans et qui me rappelait un peu celui de Serre-Ponçon, a donné naissance au plus grand lac artificiel du monde. Il occupe 3,6% de la surface du pays. Il a fallu a l'époque déplacer 1% de la population et la reloger dans une cinquantaine de nouveaux villages (au lieu des 700 qui furent noyés). Nous n'avons pas vu les vestiges, mais seulement les nombreux troncs d'arbres étêtés qui dépassaient de l'eau. C'était un paysage que nous ne connaissions pas à l'époque.
La centrale électrique envoyait 80% de sa production vers la fonderie d'aluminium du port de Tema, et il me semble qu'à l'époque une partie de l'électricité était exportée vers le Togo voisin.
Nous avons plusieurs fois pris le bac pour traverser (vers le nord) un des bras du lac : toujours un spectacle typiquement africain qui nous faisait nous sentir comme des découvreurs ; le nom que nous donnaient les petits était : « brouni », un terme qui avait à voir avec la couleur de notre peau, plus ou moins rougie par le soleil.
Et ce n'est pas fini...
Krobo : au milieu de nulle part, mais village d'un ancien haut dirigeant du pays qui en a profité pour faire arriver jusqu'à la jungle une 2x2 voies éclairiée !
Chaque village développe une spécialité artisanale. Ainsi N'tonso, sur la route entre Kumasi et Mampong, s'est spécialisé dans la création d'adinkrah. Qu'ès aco ? Il s'agit d'un grand drap porté en toge et décoré à l'encre grâce à des pochoirs découpés dans des calebasses, chacun ayant une signification bien particulière. Cette pièce de tissu devant être utilisée jusqu'à ce qu'elle tombe en lambeaux, on commence par un tissu blanc qui sera teint au fur et à mesure de la saleté. En effet, il n'est pas possible de laver ces tissus imprimés, et réimprimés à chaque fois. Même lorsqu'ils sont noirs (cf. plus haut les funérailles) on distingue les empreintes noires dessus. Soulage aurait sans doute aimé.
Dans un autre village, la spécialité est les perles. Dans un moule en terre avec des alvéoles, on remplit chaque trou avec de la poudre de verre, un morceau de bois au centre, et on passe le tout au four : le verre fond, la tige de bois se consume, et il n'y a plus qu'à récupérer les perles, très lourdes et souvent grossières mais qui sont portées davantage autour de la taille, notamment chez les petites filles, plutôt qu'autour du cou.
Un autre village, dont j'ai oublié le nom, se spécialisait dans le tissage de kente : de longues bandes à base jaune et dont les motifs signifiaient tous quelque chose. Un peu plus haut vous m'avez vu drapé dans une telle étoffe, après que les bandes ont été cousues ensemble. Cette pièce nous a servi de dessus de lit pendant des années. Là encore, remarquez l'ingéniosité dans la fabrication des instruments.
Et ce n'est pas fini...
A trente kilomètres à l'ouest de Takoradi se trouvait un morceau de paradis, un must à l'époque : Busua.
Quelques bungalows en dur sur la plage, de jeunes Ghanéens prêts à venir vous faire cuire sous vos yeux sur les barbecues locaux (on doit toujours en avoir un au fond d'une malle d'africaneries) des homards tout frais pêchés.
Moment de détente exceptionnel qui, avec du recul, n'est pas sans rappeler certains coins de Polynésie.
Un guide touristique de la côte occidentale du Ghana indique maintenant 9 hôtels et/ou restaurants, preuve de l'attrait de ce village. Il y en a même un tenu par un couple de Français.
Quelques photos de l'endroit et des alentours ; posez-vous et rêvez !
Et ce n'est pas fini...
Puisque nous sommes arrivés sur la côte, quelques images du golfe de Guinée, notamment du château St Georges de la mine (Elmina), un des premiers forts construits par les portugais en 1482 et qui servira plus tard de lieu d'embarquement pour les esclaves à destination du nouveau monde, et la Gold coast (ancien nom du Ghana) a été un grand fournisseur.
A l'époque où nous y étions, le château faisait office d'auberge de jeunesse et nous avons donc pu y dormir et bénéficier d'un paysage superbe.
Aujourd'hui Elmina est une ville de 20 000 habitants et qui comporte un certain nombre d'hôtels inscrits sur booking.com.
Nous avons fait plusieurs excursions sur la côte, respiration maritime loin de notre brousse et avons utilisé les artisans locaux : nous avons fait provision de divers sacs en cuir (sur commande) que nous avons utilisés pendants des années tant la qualité était bonne ;
Et ce n'est pas fini...
J'adore le train, et par conséquent j'adore cette émission que je regarde le jeudi soir quand j'en ai (rarement!) l'occasion. Et en triant mes photos africaines, je suis tombé sur quelques photos de notre voyage de 258 kilomètres entre Kumasi et Takoradi.
Le voyage durait toute la nuit, et comme nous étions riches (!!) nous avons pris un wagon-lit de première classe. Ca ne nous est jamais arrivé depuis. Ce fut une belle expérience, partir en TPV (Très Petite Vitesse) au milieu de la jungle tropicale, s'arrêter dans des gares improbables où une nuée d'Africaines se précipitait en pleine nuit avec leur bassine sur la tête pour nous proposer toutes sortes de produits comestibles (ah ! Ces beignets au goût de lessive, souvenir inaltérable de notre séjour), boissons ou fruits locaux.
Et en arrivant sur la côte sud, le lever de soleil était superbe.
Comme vous pouvez le voir sur la carte, nous avons traversé une riche région minière, d'où la construction de lignes de chemin de fer pour évacuer le minerai vers le port de Takoradi, premier port en eau profonde du pays. D'ailleurs, depuis 2010 les trains de voyageurs ont été supprimés. Dommage, c'était une belle expérience.
En arrivant en Afrique, les Européens ont entamé la construction de chemins de fer depuis les côtes, non sans provoquer des révoltes parmi les travailleurs africains (lire par exemple Les bout de bois de dieu d'Ousmane SEMBENE qui évoque la construction de la ligne Dakar-Niger, ligne qui s'est arrêtée en fait à Ouagadougou où « en principe le train devrait arriver vers... » - voir plus haut le reportage sur le Burkina Faso en 2011).
Et ce n'est pas fini...
Les funérailles se déroulent généralement le samedi, mais souvent des semaines, voire des mois, après le décès, surtout lorsqu'on n'a pas trouvé de successeur, notamment chez les familles royales. Cette célébration du deuil insiste sur les faits accomplis par le mort et elle doit s'assurer que son départ se déroule dans les meilleures conditions. C'est pour cela que l'on voit un nombre d'objets ayant appartenu au défunt, tels les tabourets qui l'accompagnent au cours de la cérémonie qui peut regrouper plusieurs centaines de personnes. Comme vous pouvez le voir sur les photos, les couleurs de deuil sont le noir et le rouge, avec toujours une épaule découverte pour les hommes, qui se découvrent l'autre épaule lorsqu'ils vont saluer un chef, pour montrer qu'ils ne dissimulent pas une arme sous leur toge.
On remarque le grand nombre de parasols (réservés aux chefs, dont certains sont sur des chaises à porteurs) qui sont sans cesse en mouvement et font office de ventilateurs.
Ces festivités de deuil sont aussi l'occasion de faire la fête. Mais ce n'est pas particulier au peuple akan : souvenez vous d'Alleluia, la chanson de Jean FERRAT qui dit : « Souviens-toi des temps mémorables
Qu’on n’a jamais pu égaler Où l’on resta trois jours à table A cause de trois macchabées ».
Je vous avais dit que nous avions pu avoir une bonne intégration grâce à nos voisins, et vous voyez ci-dessus Alan COLE, qui a pris la nationalité ghanéenne. Sans lui nous ne serions jamais venus à ces funérailles.
Vous avez vu dans la carte du début de ces mémoires où se situait Mampong, sur la principale route vers le nord, et nous servions régulièrement de halte pour les collègues visiteurs, qui nous le rendaient avec bonheur. Et bien ce jour-là, nous hébergions notre collègue de la région de la Volta qui redescendait du nord avec des copains à lui qui étaient venus de France lui rendre visite. Assister à un tel spectacle qui n'était pas prévu au cours d'un séjour de trois semaines leur aura laissé je pense un souvenir impérissable.
Et ce n'est pas fini...