Il n'y a pas que Gaza, hélas...
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In Siné mensuel, été 2024
Et ce n'est pas fini...
Pour éviter d'avoir à me répéter, notes en vrac d'un retraité, incorrigible militant.
In Siné mensuel, été 2024
Et ce n'est pas fini...
In Le Monde du 5 juillet 2024
Nous refusons que l’institution policière – qui est un service public nécessaire dans une démocratie – soit instrumentalisée au profit de pouvoirs autoritaires et d’idéologies mortifères portées par une extrême droite héritière directe d’une idéologie raciste, fasciste et réactionnaire.Si demain ces pouvoirs ont autorité, la police comme institution démocratique au service des citoyennes et des citoyens sera portée disparue, ce qui aura de terribles conséquences sur l’exercice de nos libertés.
Il faut donc absolument soutenir une police démocratique et respectueuse des libertés privées et publiques. En effet, les amalgames et les caricatures qui construisent une figure repoussoir d’une police que l’on peut montrer du doigt, conspuer, rejeter d’un bloc ne sont pas un projet politique. Cette affirmation pourra sembler provocatrice tant on assimile police et violence, mais c’est une nécessité politique, aujourd’hui encore plus qu’auparavant, de penser la police dans sa diversité.
Il est urgent de rompre avec l’imagerie qui condamne toute une profession et construit une vision diabolique d’un service public pourtant absolument fondamental dans les démocraties : si nous n’avons pas un service public de police, nous aurons des milices incontrôlables et bien plus brutales et arbitraires que les violences et les errements policiers insupportables qu’il faut dénoncer sans relâche et punir sévèrement.
La condamnation aveugle (« tout le monde déteste la police ») masque tout ce que les pratiques policières doivent à la politique : on tape sur les policiers alors qu’il faudrait taper plus encore sur les politiques autoritaires qui autorisent des pratiques policières de plus en plus antirépublicaines. Cette condamnation masque aussi les formes discrètes (et parfois plus directes) de résistance ou, du moins, de pratiques différentes que de nombreuses policières et policiers s’efforcent de mettre en œuvre.
LA police n’existe pas ! Il y a DES polices, autant de métiers qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. UnCRS [un policier de la police nationale affecté à une compagnie républicaine de sécurité] n’est pas un OPJ [officier de police judiciaire] de la brigade financière, un patrouilleur n’est pas un voltigeur (BRAV-M [brigade de répression de l’action violente motocycliste]). Tous ne sont pas d’extrême droite, loin de là. Tous ne sont pas des brutes qui frappent, loin de là. Tous ne sont pas des ripoux, loin de là. Mais il est certain qu’un véritable service public de police doit exiger de ses agents et agentes une exemplarité républicaine et accepter le contrôle et les sanctions en cas de manquement au droit.
Il ne s’agit donc pas de faire l’apologie de la police, mais de revenir à la raison. Nous avons besoin d’une police démocratique qui protège les citoyens. Il faut se réapproprier notre police, et ce n’est pas en lançant des anathèmes et des slogans que nous y parviendrons.
Des tentatives ont été faites pour fabriquer une police plus proche des citoyens, comme la police dite « de proximité », mais elle fut arbitrairement supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003. De plus, il n’a pas été mis assez de moyens à la disposition de cette police pourtant souhaitable, ce qui a abouti à un rejet de la part des policiers, qui l’ont souvent vécue comme un déclassement. Les policiers souffrent aussi d’un défaut de formation ou, plus exactement, d’une formation trop « policière » et pas suffisamment « armée » par les sciences sociales.
Cet appel veut convaincre autant les policiers, les politiques (qui souhaitent une police au service de la population et pas de« l’Etat ») et les citoyens que nos libertés privées et publiques sont garanties, certes d’abord par les luttes sociales et politiques, mais aussi grâce à une police bien formée et bien contrôlée qui ne vient pas brimer ces luttes, mais permet leur expression sereine.
Nous appelons les policiers démocrates et respectueux des valeurs de la République à sortir du devoir de réserve, à exprimer leurs inquiétudes, à défendre leurs métiers de service public et à s’afficher comme protecteurs de la population, de toute la population sans discrimination aucune. Il faut aussi que nous, citoyennes et citoyens, imposions une police plus juste, démocratique et républicaine. C’est pourquoi nous appelons à construire des espaces de dialogue et de réflexion pour repenser un service public de police qui aura vraiment les moyens d’être au service de toutes et tous.
Et ce n’est pas fini...
14e circonscription des Bouches-du-Rhône : Anne-Laurence Petel
1ere circonscription du Val-d’Oise : Emilie Chandler
1ere circonscription des Alpes-Maritimes : Graig Monetti
8e circonscription du Rhône : Dominique Despras
2e circonscription de l’Allier : Romain Lefebvre
4e circonscription de la Drôme : Emmanuelle Anthoine
7e circonscription de l’Oise : Maxime Minot
8e circonscription du Rhône : Nathalie Serre
3e circonscription de l’Ardèche : Fabrice Brun
1ere circonscription de la Creuse : Valérie Simonet
5e circonscription de Saône-et-Loire : Gilles Platret
Dans la 2e circonscription du Finistère, Jean-Charles Larsonneur
Dans la 9e circonscription de Haute-Garonne, Florian Delrieu, (Renaissance)
Dans la 2e circonscription de la Loire, Eric Le Jaouen (UDI /Ensemble)
Dans la 2e circonscription du Lot, la candidate Renaissance Huguette Tiegna
Dans la 2e circonscription du Nord, la candidate Renaissance Violette Salanon
Dans la 1ere circonscription du Puy de Dôme, le candidat Horizons Hervé Prononce
Dans la 1re circonscription de Seine-et-Marne, la candidate Modem Aude Luquet (29,04
Dans la 2e circonscription de la Somme, le candidat Renaissance Hubert de Jenlis
Dans la 1re circonscription de la Vienne, la candidate divers droite /Ensemble Séverine Saint-Pé
Dans la 1ere circonscription de Haute-Vienne, la candidate divers centre /Ensemble Isabelle Negrier
Dans la 3e circonscription du Val-de-Marne, le candidat Renaissance Loïc Signor
Dans la 4e circonscription de Vendée le candidat Renaissance Ilias Nagnonhou
Dans la première circonscription de Corrèze Francis Dubois
Dans la 6e circonscription de Loire-Atlantique Alain Hunault
3 candidats NFP
Dans la 5e circonscription de la Loire, Ismaël Stevenson LFI /NFP
Dans la 10e circonscription des Yvelines, le candidat LFI /NFP Cédric Briolais
Dans la 4e circonscription de Vendée, la candidate PCF /NFP Julie Mariel-Godard
Dans la 1ere circonscription de Lozère Pierre Morel A L’huissier
Dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle
1 candidat divers centre
Dans la 3e circonscription de Haute-Vienne Gilles Toulza
Et ce n’est pas fini...
In Chez Pol du 2 juillet 2024
Tour à tour percutante, émouvante et déterminée, Marine Tondelier se révèle au grand public à l’occasion des ces législatives anticipées. Au sein d’EE-LV, on savoure un peu après des européennes éprouvantes.
C’est une anecdote que Cécile Duflot aime bien raconter. Nous sommes en 2016, en pleine campagne des primaires EE-LV auxquelles candidate l’ancienne ministre du Logement de François Hollande. Sa collaboratrice parlementaire, une certaine Marine Tondelier, l’accompagne en déplacement. «On dormait dans la même chambre d’hôtel pour faire des économies, se souvient Duflot. Un soir, on soulève le matelas sur lequel on dort et on voit que c’est une planche en bois. Elle rigole et elle me dit en riant que, quand on en est là, c’est que c’est vraiment le bas du bas.» Huit ans plus tard et une campagne des législatives éclair, Tondelier n’est plus en bas. Le grand public a fini par découvrir cette écolo. L’intéressée fait tout pour, usant du fond mais aussi de la forme. Cette veste verte qu’elle porte depuis des semaines , en passe de devenir l’un des symboles de cette campagne, en est un bon exemple. La notoriété s’accroît. Dans le reste de la gauche, on observe et on finit, parfois, par se méfier de cette aura grandissante. Ce qui était impensable après une campagne des européennes chaotique et qui a vu le camp écolo échapper de peu au désastre. Mais la dissolution est passée par là.
Durant la campagne des législatives puis lors de la soirée de premier tour, sur France 2 face à une Aurore Bergé incapable d’appeler à l’union face à l’extrême droite, Tondelier transperce l’écran. La découverte de cette élection, c’est elle. Du moins pour les néophytes. Pour les écolos, c’est tout sauf une surprise. Ceux qui la connaissent dans ce parti qui aime couper les têtes un peu trop hautes louent sa «solidité» et sa «cohérence» depuis des années. «Elle est très intelligente et elle travaille beaucoup, peut-être trop», note l’eurodéputé David Cormand. Le maire écolo de Grenoble, Eric Piolle, se souvient du travail de la jeune femme auprès de lui, en 2021. Elle dirige alors sa campagne de la primaire écolo – avec le même succès que pour Duflot quatre ans plus tôt. «Je cherchais quelqu’un qui allie deux qualités essentielles, au-delà de la proximité sur le fond bien sûr : la cohérence par tous vents, et l’attachement à la dimension humaine de la politique – confiance, respect et franchise, service du collectif», résume l’édile
Ce sens du collectif porte ses fruits. C’est autour d’elle que l’union de la gauche s’est faite pour les législatives, conclues et annoncées au siège des écolos. Et, depuis dimanche soir, elle est l’un des visages les plus marquants de la gauche définitivement opposée au RN. «Elle arrive à élever son niveau de jeu, ajoute Cormand. Elle a pris la mesure des enjeux.» «Elle a une énergie folle et ça débouche sur quelque chose de positif, poursuit le porte-parole des jeunes écolos et ancien collaborateur de Tondelier, Octave Plessis. Quand elle est face à des fachos, elle les remet à leur place.» Le même parle d’une «fierté» retrouvée chez les militants et s’enflamme : «Dans 50 ans, on reparlera de cette séquence…»
Une chose joue pour elle : élue d’opposition dans la ville RN d’Hénin-Beaumont, Tondelier sait mieux que personne ce qu’est l’extrême droite au pouvoir. «Ça lui confère une sensibilité particulière, estime Cormand. Certains élus de gauche n’ont pas la même perception du RN au pouvoir. Elle a l’exemple du comment et du pourquoi le parti agit, elle voit ce qu’il fait.» Cela débouche sur des séquences notables. Dimanche soir sur France 2, elle met Bergé face à ses responsabilités. Lundi matin sur France Inter, pleine d’émotion, elle s’emporte contre le «comportement de lâche et de privilégié» de Bruno Le Maire, qui refuse d’appeler à voter pour un candidat LFI face au RN. «Quand elle répond à cet imbécile, elle est forcément concernée», balance Cormand.
Rarement personnalité aura fait l’objet d’une telle unanimité au sein des Verts, du moins pas récemment. Les épreuves éteignent toute velléités et efface les mois d’errance où, durant la campagne des européennes, le parti écolo a brillé par ses carences. Assiste-t-on à l’émergence d’une nouvelle figure politique ? «A l’évidence», constate le sénateur écolo Yannick Jadot. «Elle fait un sans faute dans la façon dont elle incarne notre combat face à la dérive politique et idéologique ambiante. Et c’est précieux», résume pour sa part la députée sortante Sandra Regol qui réfute néanmoins toute idée d’éclosion récente : «Ça fait bientôt deux ans qu’elle est très présente dans les médias et s’impose dans le paysage politique.» Duflot abonde et moque une affaire de journalistes – à raison sans doute – de toujours tenter de raconter des histoires. Mais qui oserait dire que, dans cette ambiance actuelle, une belle légende ne fait pas de bien ?
Et ce n’est pas fini...
Hégémonique au sein de l’électorat populaire qui se déplace encore pour voter, le RN se révèle favorable aux intérêts des grandes entreprises, des propriétaires immobiliers et des ménages aisés.
Logement : priorité aux propriétaires : Pour tenter de régler la crise du logement, le RN a fait le choix depuis deux ans de défendre les intérêts des propriétaires bailleurs, y compris au détriment des personnes en situation de mal-logement.
Les députés RN se sont aussi opposés au coup de rabot sur la niche fiscale dite « Airbnb », estimant qu’il relevait de « la contrainte et [de] la punition des propriétaires ». Pour ne pas « terroriser des propriétaires », ils ont aussi cherché à supprimer l’amende administrative de 15 000 euros infligée à ceux qui falsifiaient des documents lors de l’enregistrement électronique de leur meublé de tourisme.
Fiscalité : des baisses d’impôts bénéficiant aux plus fortunés Lors de l’examen des lois de finances, le RN a défendu les grandes lignes de son programme présidentiel de 2022. Dont les mesures de baisses d’impôts bénéficient souvent à un public très large… et aisé. Ainsi, la baisse de la TVA sur les carburants vise à alléger la facture des familles vivant loin de leur lieu de travail, mais profiterait à tous les conducteurs, y compris urbains et aisés, disposant de gros véhicules gourmands en essence. Le soutien aux détenteurs de SUV se retrouve dans la position adoptée contre le malus au poids pour les véhicules thermiques, en 2023 : le RN s’y est opposé – comme LR – arguant qu’il s’agissait de « l’outil de travail des Français ».
De même, la baisse de la TVA sur les énergies bénéficierait aux occupants de grands logements. « L’ensemble des taux réduits confèrent un gain en euros plus élevé aux ménages les plus aisés », relevait la Cour des comptes en 2023 dans un rapport sur la TVA, soulignant l’inefficacité de la mesure. Cependant, le poids de la TVA dans le revenu disponible des ménages est par nature plus important pour les revenus modestes.
L’exonération d’impôts sur le revenu pour les moins de 30 ans et pour leurs entreprises bénéficierait, elle aussi, principalement aux ménages et aux entrepreneurs fortunés. Les ménages les plus modestes ne sont en effet pas imposables. Selon une note du cabinet Asteres en 2022, les 10 % de moins de 30 ans les plus aisés capteraient les deux tiers de cette manne puisée dans le budget de l’Etat.
Le RN a également soumis des propositions propres à avantager les détenteurs de patrimoine, avec l’abrogation des droits de succession pour les héritages inférieurs à 150 000 euros et le remplacement de l’impôt sur la fortune immobilière par un impôt sur la fortune financière. Là encore, au bénéfice des plus aisés : selon la dernière étude de l’Insee, en 2018, moins de 15 % des Français transmettaient des héritages supérieurs à 100 000 euros et étaient donc soumis à l’impôt. De même, la fin de l’impôt sur la fortune immobilière bénéficierait aux propriétaires.
Agriculture : contre toute forme de contrainte Les députés RN ont voté contre l’inscription dans la loi d’objectifs à 2030 de surfaces en agriculture biologique, contre l’instauration de diagnostics climatiques lors de l’installation, contre la mise en place de stages de sensibilisation en cas d’atteintes à l’environnement. Au final, le RN a voté contre l’ensemble de la loi d’orientation agricole, l’estimant décroissante.
En matière de santé publique, le parti fait régulièrement passer les mesures de prévention après la défense des intérêts économiques. Les députés ont ainsi voté contre l’interdiction des nitrites dans les charcuteries, s’alignant avec la position des industriels charcutiers, malgré les preuves abondantes du rôle de ces additifs dans la survenue de cancers.
S’ils disent soutenir le « manger français », les élus du RN ont voté contre un amendement écologiste proposant un approvisionnement 100 % français pour la viande servie en restauration collective.
Social : un entre-deux qui penche à droite Sur l’emploi et le social, le RN a tenté de tenir une position d’équilibriste au prix d’un discours ambigu : une défense de certains acquis sociaux mâtinée d’une remise en cause de certains droits. Ce qui les conduit à défendre les plus modestes et les plus précaires tout en stigmatisant les « assistés ».
Même chose sur les réformes de l’assurance-chômage du gouvernement depuis 2022. Les élus RN ont voté en faveur de la première, instaurant notamment le principe de contracyclicité qui durcit les règles d’indemnisation quand le chômage baisse et les assouplit quand le marché du travail se détériore. Le RN a, par exemple, défendu la fin de l’indemnisation des chômeurs ayant refusé un CDI à la fin d’un CDD et voté pour assimiler les abandons de poste à des démissions.
Le parti d’extrême droite s’est systématiquement opposé à une augmentation du smic ou à l’indexation des salaires sur l’inflation.
Sur le monde du travail, le parti a plutôt montré une volonté de favoriser la division entre employés, avec des amendements sur la représentativité syndicale, privant de droit de vote aux élections professionnelles les travailleurs précaires et les employés ne maîtrisant pas la langue française.
Réindustrialisation : un soutien aux entreprises, sauf celles engagées dans la transition énergétique Le RN entend poursuivre la baisse des impôts de production et la « simplification » des normes juridiques et environnementales.
Et ce n’est pas fini...
in Libération du 24 juin 2024
Dans un communiqué diffusé ce dimanche 23 juin, les quatre chefs des principaux partis de l’union de la gauche condamnent «avec la plus grande fermeté ceux qui utilisent nos compatriotes juifs comme boucs émissaires de tous les maux de la planète» et rappellent leurs propositions pour lutter contre l’antisémitisme.
Ce dimanche après-midi, alors que commençait dans le XVIe arrondissement de Paris un rassemblement en soutien aux Juifs de France, les chefs des quatre principaux partis qui composent le Nouveau Front populaire ont diffusé un communiqué appelant à «combat[tre] l’antisémitisme et toutes formes de racisme» et dénonçant des «campagnes de diffamation». «Le drame du viol antisémite de Courbevoie nous bouleverse, affirment d’emblée Marine TONDELIER (Les Ecologistes), Fabien ROUSSEL (Parti communiste français), Manuel BOMPARD (La France insoumise) et Olivier FAURE (Parti socialiste). Cet acte à l’encontre d’une enfant de 12 ans traitée par ses agresseurs de “sale juive” est une abomination. Nous affirmons tout notre soutien à la victime et à ses proches.» Pour couper court à l’idée, propagée par l’extrême droite et certains responsables de la majorité, que cette nouvelle union à gauche n’est pas claire sur le sujet, les quatre martèlent : «Ce crime témoigne de la résurgence inquiétante des actes antisémites dans notre société, et de la culture du viol qui gangrène les comportements masculins dès le plus jeune âge. Cela doit nous interpeller et nous mobiliser.»
Et je complète en disant qu’affirmer que Netanyahou est un fasciste n’est pas une manifestation d’antisémitisme.
Et ce n’est pas fini...
Et ce n'est pas fini...
Près de 80 organisations du Pacte du pouvoir de vivre et de l’Alliance écologique et sociale ont lancé mercredi la Coalition 2024, qui «appelle à la mobilisation autour de seize mesures prioritaires à engager dès le 8 juillet». On trouve dans la liste des signataires Attac, la Fondation Abbé-Pierre, la Ligue des droits de l’homme ou encore Oxfam, mais aussi cinq syndicats réunis en intersyndicale : la CFDT, la CGT, l’Unsa, la FSU et Solidaires. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, évoque les enjeux et les difficultés de cette campagne éclair pour empêcher l’accession de l’extrême droite au pouvoir.
Quel est l’objectif de cette coalition ?
C’est une centaine d’associations, d’ONG, de syndicats opposés à l’extrême droite et réunis autour de seize mesures qui permettent à tous de dire : «Ça oui, c’est important», et de se demander quelle formation politique les propose. Par exemple, revenir sur la réforme des retraites, donner accès au RSA dès 18 ans, garantir l’accès aux services publics sans condition de nationalité et partout sur le territoire… Et puis, ça implique la mobilisation de toutes les troupes des organisations qui font partie de cette coalition. Et ça fait du monde.
Comment décliner cela concrètement ?
Une des priorités de la CFDT depuis toujours, c’est de s’engager contre l’extrême droite, l’enjeu étant de se mettre en ordre de marche pour agir efficacement d’ici à 2027. Là, le soir de l’annonce de la dissolution, on se dit qu’on va devoir faire en trois semaines ce qu’on devait faire en trois ans ! Notre mot d’ordre, c’est «tous sur le pont». Pour convaincre de l’importance d’aller voter et de l’impasse qu’est l’extrême droite. Le tout, c’est de dépasser le cercle des responsables pour embarquer tout le monde. On a fait des tracts, des vidéos, des argumentaires, et on va sur deux terrains. D’abord la question des valeurs, c’est-à-dire que, dans notre conception de la société, l’émancipation, la solidarité, la démocratie sont incompatibles avec ce que porte le RN, qui défend des principes d’inégalité de droits entre individus, de discrimination, de préférence nationale. Ensuite, on a les exemples des pays européens qui ont vu l’extrême droite arriver au pouvoir. Systématiquement sont remises en question l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, les libertés syndicales.
Comment ça se passe sur le terrain ?
L’idée qu’on défend, c’est qu’il faut débattre. Dans cette période, il n’y a rien de pire que le silence et l’évitement. Je préfère un débat musclé, où on va se confronter et argumenter de part et d’autre, au silence. Sur le terrain, on a des remontées diverses. Des militants pointent la difficulté d’aborder ces questions sur les lieux de travail, donc l’organisation doit être en renfort pour les aider, les accompagner. Les discussions peuvent aussi être âpres. On nous explique que ce n’est pas le rôle d’un syndicat de se positionner sur ces questions. Je ne vais pas jouer la langue de bois, on a des adhérents qui partent.
Pourquoi ?
Parce qu’on a pris position contre l’extrême droite. Mais un adhérent qui part fait toujours plus de bruit qu’un adhérent qui arrive. Et on en a aussi beaucoup qui arrivent.
Et du côté des employeurs ?
Certains disent qu’il ne faut pas distribuer de tracts. C’est la première fois que je vois ça. Ça se produit dans des très grosses boîtes où les syndicats ont accès aux messageries. Je leur réponds que c’est de la liberté d’expression syndicale, qu’on est pleinement dans notre rôle, fidèles à notre histoire. Et qu’on est dans un moment inédit pour tout le monde.
Que dites-vous aux salariés pour les convaincre que voter RN revient à voter contre leurs droits ?
Qu’il y a ce que le RN dit et il y a ce qu’il fait. Au Parlement européen comme en France, ils n’ont jamais pris position en faveur des droits des travailleurs. Les trois directives de progrès, même petites à l’échelle européenne, ils ont voté contre : celle sur les travailleurs des plateformes, celle sur le devoir de vigilance, celle sur la transparence sur l’égalité salariale entre femmes et hommes. En France, c’est le groupe qui compte le plus de députés ayant voté contre ou s’étant abstenu sur la constitutionnalisation de l’IVG. Et leur politique est un tout, basé sur la discrimination et la préférence nationale. Je trouve extrêmement éclairantes - et inquiétantes - les dernières déclarations de Jordan Bardella qui nous parle de Français d’origine étrangère. Il y aurait deux types de Français selon les origines ? Quand Laure Lavalette [députée RN du Var, ndlr] dépose un amendement expliquant que les travailleurs étrangers en situation régulière ne peuvent plus participer aux élections professionnelles, c’est bien qu’ils sont obnubilés par les étrangers et ne comprennent pas ce qu’est un collectif de travail.
Vous n’envisagez toujours pas d’aller au-delà d’un appel à voter contre le RN en soutenant explicitement le Nouveau Front populaire ? Vous disiez mardi à Albi qu’il fallait un «vote de progrès» …
J’ai dit ça parce que je ne veux pas désespérer tout le monde en expliquant qu’il faut voter contre. Je crois à l’intelligence de la liberté de réflexion et de choix. C’est aussi la démarche de la coalition dans laquelle la CFDT est investie. C’est en liberté que les travailleurs doivent pouvoir voter pour un choix de progrès, donc de formations politiques qui ont des choses à dire sur le travail et la solidarité. Mais moi, je ne vais pas leur dire de voter pour untel, sachant qu’il y a 577 élections. Notre position, c’est : pas de consigne de vote au premier tour, si ce n’est de faire barrage au RN. Et la CFDT sera très claire au deuxième tour sur un appel à voter pour tous les candidats qui seront face au RN.
Et ce n'est pas fini...
in Le Monde du 20 juin 2024
Fermeture de bureaux de poste, de centres des impôts, de services de maternité, suppression de classes, de petites lignes de train… En plus de fragiliser des territoires, contraignant leurs habitants à parcourir des kilomètres pour accéder à leurs droits, les restructurations de services publics, qui ont cours depuis plus de vingt ans, alimentent le vote pour le Rassemblement national (RN), lequel exploite opportunément le sentiment d’abandon et de déclassement qui en résulte.
Le politologue Jérôme FOURQUET y voit « un carburant du RN dans les petites villes et les villages ». Dans son ouvrage La France d’après (Seuil, 2023), il montre la corrélation entre la progression du vote RN entre 2002 et 2022 et la fermeture de toute une série de services publics, dans des préfectures, des sous-préfectures et d’anciens chefs-lieux de canton. Des disparitions « douloureusement vécues par les habitants et les élus », qui, rappelle-t-il, y voient une « rétrogradation » du rang de leur ville.
Dans une étude sur la mobilité des jeunes ruraux publiée en mai, l’Institut Terram, un groupe de réflexion qui se consacre à l’étude des territoires, et l’association Chemins d’avenirs, qui lutte contre l’inégalité des chances des jeunes ruraux, estiment que les entraves à la mobilité, faute d’offre de transports publics, et l’isolement géographique ressenti par nombre de jeunes ruraux concourent à alimenter le vote en faveur du RN – les critères socio-économiques renforcent l’effet de lieu.
Coautrice de La Valeur du service public (La Découverte, 2021), l’historienne Claire LEMERCIER rappelle « la portée symbolique de ces services publics à la française dans l’imaginaire collectif. Bureau de poste et ligne de train matérialisent l’aménagement et la desserte du territoire jusque dans chaque canton, comme l’avait voulu la “République”, à la fin du XIXe siècle, avec des bâtiments donnant une majesté à ce qui appartient à tout le monde ». Donc, une fierté. Leur fermeture est vécue comme un déclassement en même temps qu’un désengagement de la puissance publique.« Voir se dégrader ces bâtiments n’est pas non plus sans effet », rappelle l’historienne.
La sociologie du vote RN dépasse désormais largement les catégories populaires. Sur ses terrains, on constate que les notables locaux vivent tout aussi mal le recul des services publics, « symbole d’un déclassement territorial ». « Les élus locaux du RN l’ont bien compris, qui viennent grossir les cortèges dès qu’un service public est menacé, profitant du vide laissé par la gauche. »
« Si la gauche espère reconquérir le vote des catégories populaires, celles des bourgs mais aussi des banlieues et des villes, cela doit passer par des propositions fortes en matière de services publics », dit Julia CAGE, coautrice d’Une histoire du conflit politique (Seuil, 2023) et engagée aux côtés des forces progressistes de gauche – par ailleurs présidente de la société des lecteurs du Monde. L’économiste considère que l’injustice dans l’accès aux services publics est l’un des principaux déterminants du vote RN, avec le pouvoir d’achat. Et ce, avant la question migratoire.
Quant au monde rural, il n’est pas structurellement conservateur, estime-t-elle, mais a en revanche été déçu par une offre politique de gauche essentiellement urbaine et peu attentive à ses préoccupations. « Si vous devez faire des kilomètres pour accoucher ou avorter, comment voulez-vous que des discours sur la constitutionnalisation de l’avortement et la PMA pour toutes vous parlent ? », rappelle-t-elle. Proposition de l’économiste : « Réintroduire l’ISF en ciblant toutes les recettes vers le financement des services publics sur tout le territoire. »De quoi rapporter 30 milliards d’euros par an, d’après ses calculs.
En matière de programmes pour les législatives des 30 juin et 7 juillet, le Nouveau Front populaire s’engage à un « plan d’investissement » afin que « personne ne [puisse] habiter à moins de trente minutes d’un accueil physique des services publics ». Mais aussi au « rattrapage des postes manquants de fonctionnaires », de l’hôpital à l’école publique.Dans sa profession de foi, le RN parle, quant à lui, de « réduire les déserts médicaux, soutenir l’hôpital public et sécuriser l’approvisionnement en médicaments », sans davantage de précisions, pour l’heure. La majorité devrait, quant à elle, s’appuyer sur ses engagements pris en avril pour simplifier les démarches administratives et améliorer les services publics.
Et ce n’est pas fini...
In Libération du 10 juin 2024
Législatives «L’heure est trop grave pour se déchirer» : après la dissolution, la gauche s’engage dans un débat sur l’union.
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L'édito de Dov Alfon Dissolution de l’Assemblée nationale : qui peut croire que Macron sait ce qu’il fait ?
Et ce n'est pas fini...
Ce sont eux qui le disent