La charnière entre deux séjours
Juin 1986 : l’heure du congé administratif avait sonné. Nous partions sans attendre la fin de l’année scolaire, selon les ordres du ministère, pour bénéficier de tarifs minorés.
A cette époque, nous avions droit à la deuxième partie de notre prime de séjour (six mois et demi de traitement non indexé) au départ, ainsi qu’à un déménagement aller-retour vers la métropole. Au retour, nous touchions la première partie de la prime du deuxième séjour. Inutile de dire que nous ne nous étions jamais sentis aussi riches que pendant ces vacances. Nous avons loué une Renault 21 avec laquelle nous avons sillonné la France et je n’arrêtais pas de me dire c’était un beau pays, alors que la majorité des gens nous enviaient notre confetti du Pacifique.
Mi-août : moment du retour pour être présents pour la rentrée. Maeva allait retrouver Tao, sa nounou, Estelle allait retourner au CE2 pour continuer à écrire que « Tihoti ramait la pirogue » ou que « Tina pédalait la bicyclette », tout en enrichissant son vocabulaire de gros mots tahitiens. Mais au moins elle continuait de nous parler avec un accent popa’a, le franco-tahitien étant réservé aux conversations avec ses camarades.
Nous avions laissé notre fare à deux familles de collègues pendant nos vacances : une des Marquises et l’autre étant un ancien de BoraBora qui avait fait souche à Tahiti. C’est quelque chose qui se pratiquait beaucoup, et qui permettait de visiter les îles de façon relativement bon marché, les prix des hôtels étant peu compatibles avec nos salaires (même indexés ! ). Pour ceux qui n’avaient pas cette possibilité, le Club Med offrait à l’époque le meilleur rapport qualité/prix sur l’île. Il avait la particularité d’être ouvert aux gens de BoraBora, suite à une gentille et amicale pression de certains résidents. Avec celui de Moorea, il avait aussi contribué à fournir un certain nombre d’enseignants aux différents CETAD, grâce aux compétences des GO, qui n’avaient parfois qu’un très lointain rapport avec les disciplines des concours de l’Education nationale, que certains ont pourtant passés et brillamment réussis.
En route donc pour la deuxième ligne droite, avec un personnel renouvelé à 50% par rapport à notre première arrivée.
Et ce n’est pas fini…