Près de 600 travailleurs sans papiers sur le point d’être régularisés après une grève
in La croix du 4 mars 2024
Pour la CGT, c’est une « victoire ». Le syndicat, qui a coordonné ces derniers mois plusieurs grèves de travailleurs sans papiers, a annoncé qu’à l’issue d’une réunion au ministère de l’intérieur, jeudi 29 février, il a « obtenu l’ouverture d’un processus de régularisation de l’ensemble des travailleurs et travailleuses sans papiers en grève », indique-t-il dans un communiqué.
D’après le syndicat, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin « s’est engagé à donner consigne aux préfectures pour régulariser » les « 502 sans-papiers franciliens en grève depuis le 17 octobre », mais aussi « les 51 grévistes du Nord travaillant à Emmaüs » en grève depuis l’été, « les 60 saisonniers agricoles de la Marne pris dans un réseau de traite d’êtres humains accompagnés par la CGT depuis le mois de septembre » , ainsi que les « 7 grévistes d’Amazon en Seine-Maritime, en grève au mois de mai 2023 ».
« Il ne s’agit pas d’une régularisation collective mais de plusieurs dossiers différents, pour lesquels des discussions étaient en cours depuis plusieurs mois », confirme Gérard Ré, secrétaire confédéral de la CGT chargé des travailleurs migrants. « Pour Amazon, il s’agit de sept livreurs embauchés par un sous-traitant et qui s’étaient mis en grève en mai 2023 car leurs heures supplémentaires n’étaient pas payées, détaille Gérard Ré. La boîte les a licenciés par texto avant de plier boutique. »
Concernant Emmaüs dans le Nord, « on a 51 travailleurs sans papiers qui se sont mis en grève sur trois sites, poursuit-il. Avec l’arrivée d’un nouveau préfet, les discussions ont avancé et devraient en l’état aboutir à des régularisations. »
Quant à l’affaire des saisonniers agricoles de la Marne, reprend Gérard Ré, « elle fait suite à un contrôle de l’inspection du travail, qui a découvert des travailleurs d’Afrique de l’Ouest, surexploités par un sous-traitant pour les vendanges. On leur avait promis 80 € par jour qu’ils n’ont pas touchés, ils étaient logés dans un hangar en terre battue et surveillés avec une gazeuse ! Comme il y a une enquête pour traite d’êtres humains, la loi prévoit qu’ils puissent être régularisés en tant que victimes. »
Enfin, les grévistes franciliens, intérimaires pour la plupart, étaient employés dans le secteur du bâtiment, de la logistique, de la sécurité, du nettoyage ou encore du ramassage des déchets.
Cela se fera-t-il via la nouvelle loi immigration sur les métiers en tension ? Une circulaire du 5 février précise que pourront être régularisés les travailleurs avec trois ans de présence sur le territoire et douze mois de travail. Mais la liste des métiers en tension, « qui date de 2021 et comporte de nombreux trous, n’a toujours pas été révisée sauf pour les métiers agricoles », indique Gérard Ré.
Selon Gérald Darmanin, cette nouvelle législation sur les métiers en tension devrait permettre de régulariser 7 000 à 8 000 travailleurs sans papiers par an jusqu’en 2026.
Et ce n'est pas fini...