C’est un leitmotiv depuis plusieurs années. Les gouvernements successifs, de droite ou de droite, en bloquant le point d’indice font effectivement baisser le pouvoir d’achat de ces fonctionnaires chargés de préparer l’avenir de notre pays. Mais il y a une autre dévaluation perceptible, et qui n’est pas seulement une question de pouvoir d’achat (quoique) : c’est le manque d’estime de la part de certains élèves et/ou de leurs parents pour les enseignants.
Je ne peux m’empêcher de voir là une conséquence de l’éloignement des maîtres de leur lieu de travail. Contrairement à ce que disait Sarko, au siècle dernier, dans les petits villages l’instituteur était plus influent que le curé pour la transmission des valeurs de la République. Lorsqu’il quittait sa classe, après être passé par la mairie pour remplir son devoir de secrétaire, il retournait dans son logement de fonction. Cette époque est révolue, et plus personne ne réclame son rétablissement. Hélas ! oserais-je dire.
J’en parlais il y a une dizaine de jours en PACA, et là aussi, comme je l’avais découvert à Mérignac, les profs ne veulent surtout pas habiter là où ils enseignent : peur de croiser les élèves au supermarché, chez le boulanger ou d’autres commerçants. Résultat les enseignants ne sont connus qu’à travers leurs prestations en classe, et c’est tout. Ils ignorent même la plupart de temps ce qui se déroule sur la commune de leurs élèves. Pourtant la participation à la vie associative permet de voir les gens, parents ou élèves, sous un autre angle, de repérer les points forts à utiliser dans les relations scolaires,…
J’ai bossé un an en Angleterre, deux ans au Ghana dans des écoles avec internat : dans les deux cas j’étais logé sur place. J’ai habité six ans dans une île de 32 km de tour, et là j’étais bien obligé de côtoyer mes élèves. Quand le suis devenu personnel de direction, j’ai toujours tenu à occuper le logement de fonction, ce qui me permettait de m’intégrer très vite. Malheureusement je cherchais en vain les collègues dans les associations que je fréquentais, et je ne pouvais que le déplorer, car la plupart ignoraient l’implication de leurs élèves au niveau de la commune, et c’était très regrettable.
Alors, préparons-nous à voir encore des heurts entre deux communautés qui se connaissent mal et qui s’effraient l’une l’autre, par manque de contact et de construction commune.
Et ce n’est pas fini…