Deux titres dans la presse d'hier :
L'Humanité :
La Commission européenne se félicite du Cice et de la loi travail
Dans son analyse annuelle de la situation économique et sociale des états membres, Bruxelles reconnaît une stagnation du revenu réel des ménages.
Le Monde :
Bruxelles encourage Paris à poursuivre les réformes
La Commission a présenté son rapport annuel sur les " déséquilibres macroéconomiques " dans l'UE.
J'ai déjà eu l'occasion de dire à maintes reprises combien je me sentais profondément européen, même si ma première expérience hors de France fut dans la perfide (ô combien!) Albion.
Mais plus d'un siècle avant ma naissance, l'immense poète que fut Victor HUGO en parlait déjà avec espoir et enthousiasme :
En 1848 : Une monnaie continentale, à double base métallique et fiduciaire, ayant pour point d’appui le capital Europe tout entier et pour moteur l’activité libre de deux cents millions d’hommes, cette monnaie, une, remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires d’aujourd’hui, effigies de princes, figures de misère (…).
On verrait partout le cerveau qui pense, le bras qui agit, la machine servant l'homme ; les expérimentations sociales sur une vaste échelle ; toutes les fécondations merveilleuses du progrès par le progrès; la science aux prises avec la création; des ateliers toujours ouverts dont la misère n'aurait qu'à pousser la porte pour devenir le travail ; des écoles toujours ouvertes dont l'ignorance n'aurait qu'à pousser la porte pour devenir la lumière.; où l’enfant pauvre recevrait la même culture que l’enfant riche; des scrutins où la femme voterait comme l'homme ; car nous proclamons la femme notre égale, avec le respect de plus. O femme, mère, compagne, sœur, éternelle mineure, éternelle esclave, éternelle sacrifiée, éternelle martyre, nous vous relèverons !»
En 1849, au Congrès de la Paix : « Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Petersburg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne (…). Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand Sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le Parlement est à l’Angleterre, ce que la Diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France. »
En 1867 : "Au vingtième siècle, il y aura une nation extraordinaire. Cette nation sera grande, ce qui ne l'empêchera pas d'être libre. Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l'humanité. Elle aura la gravité douce d'une aînée. Elle s'étonnera de la gloire des projectiles coniques, et elle aura quelque peine à faire la différence entre un général d'armée et un boucher ; la pourpre de l'un ne lui semblera pas très distincte du rouge de l'autre. Une bataille entre Italiens et Allemands, entre Anglais et Russes, entre Prussiens et Français, lui apparaîtra comme nous apparaît une bataille entre Picards et Bourguignons. Elle considérera le gaspillage du sang humain comme inutile. Elle n'éprouvera que médiocrement l'admiration d'un gros chiffre d'hommes tués. Le haussement d'épaules que nous avons devant l'inquisition, elle l'aura devant la guerre. (....)
Cette nation aura pour capitale Paris et ne s'appellera point la France ; elle s'appellera l'Europe.
Elle s'appellera l'Europe au vingtième siècle, et, aux siècles suivants, elle s'appellera l'Humanité
L'Humanité, nation définitive, est dès à présent entrevue par les penseurs, ces contemplateurs des pénombres ; mais ce à quoi assiste le dix-neuvième siècle, c'est à la formation de l'Europe."
Que rajouter ? Sinon que l'Europe telle qu'elle est et telle qu'elle évolue est bien loin de l'idéal formulé par Hugo : il est donc temps de la secouer et de l'orienter de façon plus progressiste.
Et ce n'est pas fini...