V.S.N.A.
Il s’agit d’un sigle que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître : Volontaire au Service National Actif, autrement dit coopérant militaire. Foncièrement nourri au pacifisme, il n’était pas question pour moi d’aller revêtir l’uniforme et faire pendant des mois ce que Célestin Freinet appelait du travail de soldat, c'est-à-dire qui ne servait à rien. J’avais indiqué mon intention à dix huit ans, la première fois où j’ai passé « les trois jours », mais on tenait absolument à m’orienter vers les TAP (Troupes AéroPortées, en d’autres termes les paras) ou les EOR « Ecoles d’Officiers de Réserve », ce que bien entendu je déclinai.
Trois ans plus tard, je fis une demande conditionnelle de résiliation de sursis, pour partir en coopération pour, dans l’ordre, reste du monde, Afrique noire francophone, Afrique du nord. Rien ne me fut proposé, à part les TAP et les EOR. Je continuai donc de faire pion, puis je réussis le concours d’entrée à l’ENNA et au bout d’un an mon sursis arrivait à terme. Comme entre-temps je m’étais marié et qu’il n’y aurait que mon traitement pour vivre, j’inversais l’ordre de mes choix et comme, déjà à l’époque, je bénéficiais d’un énorme piston ( ! ), je me retrouvais affecté au Ghana. J’avais quand même à nouveau décliné les TAP et les EOR.
Un livre de géographie me permis de situer ce pays qui n’était pas sous les feux de l’actualité en France. Il s’agissait d’un pays anglophone et j’allais y enseigner le français. Pour m’y préparer, je participais à un stage de quinze jours au ministère des affaires étrangères. Après un an de stage à l’ENNA, je l’ai trouvé assez peu enrichissant, mais cela nous a au moins permis de faire connaissance avec l’ensemble de ceux qui allait partir. Cette année-là on allait détruire La Villette et Libé y organisait une guinche de soutien avec François Béranger et Eddy Mitchell et d’autres. François Béranger trouvait qu’il avait peu de spectateurs, alors il a entamé un rock, et on a vu débouler tous les fans d’Eddy Mitchell, qui finalement sont restés.
Un mois plus tard, c’était le grand départ, la première fois que nous prenions l’avion, et l’assurance habituelle de nos grand-mères déclarant qu’elles ne nous reverraient plus.
J’allais découvrir l’Afrique, comme je m’étais promis de le faire depuis la lecture de mon prix : Légendes de la Savane. Les surprises commençaient.
Et ce n’est pas fini…