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Le blog de Bernard SARLANDIE

Pour que vivent les caricatures.

6 Septembre 2021, 10:10am

Publié par Bernardoc

Journaliste, écrivaine et veuve du desinateur Georges Wolinski, Maryse Wolinski enjoint dans ce texte le président Emmanuel Macron à défendre l'art de la caricature et à s'engager pour bâtir un Maison du dessin de presse et du dessin satirique. Voici sa tribune, cosignée par les dessinateurs de presse Chappatte, Coco, Gorce, Juin, Kak et Riss : 

"Au lendemain de l'attentat du 7 janvier et de l'assassinat de cinq dessinateurs parmi les plus talentueux, leur confrère Chappatte signa dans le New York Times un dessin au texte évocateur : "Sans humour, nous sommes tous morts." Quatre années plus tard, à l'occasion d'une polémique autour d'un autre dessin, ce même journal faisait preuve d'une terrible amnésie et annonçait cette fois sa décision de ne plus publier de dessins dans son édition internationale. Cette initiative suscita une vive émotion. Elle était le signe d'un recul de la liberté d'expression.

En 2020, Monsieur le Président, dans vos vœux à la presse, vous étiez des plus clairs : "Cinq ans après l'attentat de Charlie Hebdo et alors que le New York Times a décidé […] de cesser de publier des dessins de presse […], je souhaite que notre pays continue à ne pas céder à ce que j'appelle cet esprit de lapidation et à cette forme d'ordre moral autoproclamé."

Pour défendre cet art de l'esprit critique, vous faisiez alors vôtre le souhait de créer en France la Maison du dessin de presse et du dessin satirique, idée lancée par Georges Wolinski au début des années 2000 : "Un lieu de rencontre, disiez-vous, de formation, d'exposition et qui, bien évidemment, travaillera avec le réseau des lieux existants dédiés au dessin de presse sur le territoire."

La création d'un tel lieu se justifie d'autant plus que la presse satirique appartient à notre histoire. Elle a connu ses premières lettres de noblesse avec Honoré Daumier et La Caricature. Elle a accompagné la IIIe République et s'est développée jusqu'à nos jours comme contre-pouvoir.

Quelques mois après cette annonce, en plein procès des attentats de janvier 2015, l'horreur frappa de nouveau quand un professeur fut décapité pour avoir fait réfléchir ses élèves sur des dessins publiés dans Charlie Hebdo. Cette fois encore, vous avez fait du dessin de presse un enjeu civilisationnel. Vous avez dit : "Ils ne passeront pas", et vous avez défendu avec constance le droit à la caricature, cette forme d'expression que les intégristes ne supportent pas et qui mérite d'être protégée, valorisée, défendue.

Votre parole était essentielle car dans ces moments tragiques où la démocratie est attaquée, c'est à l'Etat de montrer la voie. De fait, la caricature est un langage complexe avec sa grammaire, ses codes et ses techniques qui nécessitent des référents communs, une vaste culture générale, un appétit pour l'actualité et une grille de lecture spécifique pour être compris. C'est un langage qui s'apprend. C'est ce langage que ce professeur voulait expliquer à ses élèves.

L'objectif de la Maison européenne du dessin de presse est bien de défendre ce langage, le diffuser, le rendre accessible à tous, à commencer par les plus jeunes. Accompagner les dessinateurs, ne pas laisser seuls les professeurs et les associations qui s'efforcent sur le terrain d'enseigner cette belle langue.

Deux missions de préfiguration ont été lancées par le ministère de la Culture pour étudier les possibilités de création d'une telle Maison. Il en résulte que la Région Ile-de-France est très déterminée pour soutenir financièrement ce beau projet. Fortement impliqué, le maire du 6e arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq, met à la disposition du projet un lieu situé entre l'Ecole des beaux-arts et l'Académie des beaux-arts. Quant à la Ville de Paris, elle s'est dite prête à l'accueillir. Il ne manque plus que votre engagement, celui de l'Etat, qui ne serait autre que le respect de la parole donnée." 

Et ce n'est pas fini...


 

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