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Le blog de Bernard SARLANDIE

La Mrifen

17 Décembre 2009, 15:02pm

Publié par Bernardoc

           En arrivant à Blanquefort, je devins correspondant de la Mrifen (Mutuelle Retraite des Instituteurs et des Fonctionnaires de l’Education Nationale). Je fis découvrir cette institution à une majorité de collègues, certains se rendant compte que malheureusement ils étaient trop vieux pour y adhérer. En quittant Blanquefort, bien entendu, je transmis le flambeau à une collègue qui avait adhéré avec son mari.

         A BoraBora, c’était un collègue de droite qui s’était instauré correspondant et donc la publicité était toujours faite. Pendant que nous étions là-bas, comme nous étions riches, nous cotisions Rose et moi au taux maximum, car elle avait adhéré à la Mrifen dès notre mariage, même si elle n’appartenait pas encore à l’Education nationale.

         Au retour, je continuais de participer régulièrement aux assemblées générales départementales et posais des questions auxquelles on me répondait en souriant de ne pas m’en faire, que tout était sous contrôle. Quand soudain, au bout de quelques années, patatras ! Tout foutait le camp ! Une assemblée générale houleuse au lycée Marcel Dassault, à laquelle participaient des adhérents que je n’avais jamais vus et qui posaient les mêmes questions que je posais depuis des années, mais de façon très agressive, aboutit à la remise en cause de quelque chose auquel je croyais depuis trente ans. Entre temps, la Mrifen était devenue, en s’élargissant, le CREF, mais sa gestion avait été trop hasardeuse pour obtenir sa consolidation.

         Résultat : du jour au lendemain, une baisse de 16% des rentes servies sans aucun recours. Certains, qui ne s’étaient jusqu’à présent jamais préoccupés de la gestion de leur mutuelle estèrent en justice mais au bout de plusieurs années de procédure furent déboutés. Quant à ceux qui étaient encore cotisants, plusieurs solutions s’offraient à eux. J’avais reçu une lettre de plusieurs pages en réponse à mes questions qui m’avait laissé perplexe car je n’avais pas compris grand-chose, et je me suis demandé s’il s’agissait de jeter un rideau de fumée pour laisser les adhérents dans la méconnaissance. A cette époque, en tant que chef d’établissement, je recevais gratuitement Les Echos tous les jours pendant plusieurs semaines, et parmi un des numéros que j’ai lus dès réception, un jour il y eut une demi-page consacrée au naufrage du Cref, et c’était lumineux. C’est à ce moment-là que je décidai de suspendre mes versements ; après tout, avec une trentaine d’années de cotisations, j’avais déjà effectué davantage de versements que la plupart des adhérents.

         Depuis septembre, je touche donc environ 150 € par mois de la part du Corem (Complément Retraite Mutualiste) qui est devenu un des services de la seule Mgen. Je n’ai pas fait le calcul pour savoir au bout de combien de temps je rentrerai dans mes fonds, mais j’espère qu’il n’y aura pas une autre catastrophe aboutissant à une nouvelle baisse des sommes versées.

Et ce n’est pas fini…

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De mes engagements...

15 Décembre 2009, 08:03am

Publié par Bernardoc

         Lorsque j’ai commencé à faire pion à Jean Aicard à Hyères, dans le lycée où j’avais été élève depuis la cinquième, mon ancien professeur d’allemand était le secrétaire de la section du Snes. Il m’a fait un paquet cadeau : outre la carte du Snes, il m’a aussi vendu la Maif, la Mrifen, l’Autonome et la Mgen ; je devenais ainsi un bon petit militant du Ccomcen (Comité de Coordination des Œuvres Mutualistes et Coopératives de l’Education Nationale).

         Le militantisme, je connaissais déjà un peu, après deux ans à l’Unef clôturés par mai 68. Mais en septembre 1969, j’arrivais dans un lycée dont le censeur était un militant de l’UDR, sinon du SAC pasquaïen, qui se prenait pour le petit Marcellin (le ministre de l’intérieur de l’époque) local. Il faut dire qu’à cette époque – là les lycéens étaient fortement politisés et qu’il y avait une bande de joyeux anars qui étaient capables de mettre une pagaille organisée.

         Nous vivions les derniers jours des Surveillants Généraux, qui allaient bientôt devenir des CPE (non pas Contrat Première Embauche, mais Conseiller Principal d’Education). J’ai eu le bonheur de travailler avec M. Terrade, qui était déjà CPE dans sa tête et ses actes, même avant le statut, et qui, sans surprise, a été coopté pour devenir Principal.

Profondément humaniste, il se trouvait davantage entre le marteau et l’enclume que nous les pions, car malgré la sympathie évidente qu’il avait pour les élèves, son boulot était quand même de maintenir l’ordre.

         Un matin en débarquant au bahut, tous les murs étaient tagués : c’était une grande première ? Une phrase était particulièrement révélatrice : « Un élève, une pionne, un assistant…Un prof ? » En effet, le censeur s’était débrouillé pour faire virer un élève (Serge Quadruppani, qui a fait son chemin depuis et qui chronique de temps en temps dans Siné Hebdo), puis une pionne (qui avait le tort de militer à la Gauche Prolétarienne) et enfin l’assistant d’allemand dont les cheveux roux devaient lui rappeler quelqu’un.

         Les réunions syndicales ressemblaient quasiment à des réunions secrètes de comploteurs, le nombre de précaires vulnérables et engagés étant susceptible de diminuer si ces derniers devenaient trop voyants. Je me souviens, je dévorais toutes les revues syndicales et mutualistes, où la parole bien que codifiée, paraissait véritablement libre et accessible à tout syndiqué puisque les débats étaient retranscrits, même si de façon synthétique dans notre presse. Ca a bien changé depuis.

Et ce n’est pas fini…

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Fuite ?

14 Décembre 2009, 07:39am

Publié par Bernardoc

         Dans ma dernière page, je parlais de « fuite » de Blanquefort. C’est vrai que je ne m’y suis pas toujours senti bien à 100%. Au réfectoire, la première année, je trouvais fort désagréable de découvrir, alors qu’il n’y avait qu’un collègue à table, toutes les autres chaises basculées vers la table pour montrer que tout le monde n’était pas bienvenu.

         Autre chose : un collègue m’aborde en me disant « Et toi, qu’est-ce que tu vends ? » « De l’anglais » lui répondis-je. « Ah bon, t’es pas vraiment intéressant alors ». C’est vrai que pour faire des travaux dans sa maison, c’était mieux d’enseigner les métiers du bois ou la maçonnerie !

         Ce fut pareil lors de ma première pré-rentrée : le patron distribua les emplois du temps aux coordonnateurs des disciplines, à charge pour ceux-là de les répercuter auprès des collègues. Avec les enseignants de lettres-histoire (puisque j’étais à l’époque le seul à faire lettres-anglais) l’un d’entre eux me dit ; « Bienvenue cher collègue, nous sommes la CGT ; je ne sais pas si tu es syndiqué… » « Bien sûr, je suis au Snetaa ». C’était la chose à ne pas dire et ce collègue, qui était aussi secrétaire départemental du Snetp, m’a fait la gueule jusqu’à la fin de l’année. Heureusement, ils n’étaient pas tous comme ça et j’ai pu entretenir des rapports de confiance avec les autres littéraires, notamment par le biais de la pédagogie. Et une « vieille » collègue (elle devait bien avoir cinquante balais à l’époque ! ) me confia : « Toi, tu n’es pas comme les autres autonomes, on peut discuter avec toi. »

         Je participais donc à de nombreux stages syndicaux, qui m’ont beaucoup apporté pour ma formation générale, et qui culminèrent avec un stage de trois semaines au Québec, où la Fen était invitée par la CEQ (Centrale des Enseignants du Québec).

         L’année suivante, ce furent trois mois que j’allai passer en Irlande, dans le cadre d’un «échange « poste pour poste »…et je crois que c’est moi qui était gagnant dans cet échange.

         Pour la quatrième fois je n’avais pas obtenu de nomination au LEP Jacques Brel de Lormont où nous habitions, et un commissaire paritaire du Sgen me dit à mon retour qu’il n’avait pas vraiment soutenu ma candidature pour un poste de documentaliste puisque je partais pour BoraBora. Je me contenterais donc de notre colonie du Pacifique puisque mon dossier pour l’étranger n’avait pas abouti. Il faut dire que les postes étaient très rares aux Seychelles !

Et ce n’est pas fini…

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Engagement syndical

13 Décembre 2009, 08:42am

Publié par Bernardoc

          A l’époque, je militais au Snetaa-Fen, après avoir été adhérent du Snes-Fen lorsque j’étais pion. Passer du Snes au Snetaa lorsque je suis entré à L’ENNA avait d’ailleurs provoqué un débat avec certains de mes camarades qui ne comprenaient pas que, venant du Snes, je n’adhère pas à la Cgt.

         Donc, en arrivant à Blanquefort, je m’enquis de la situation syndicale, car j’étais prêt à m’engager pour le CA. Le camarade secrétaire me répondit que tout était bon, qu’il y avait une liste commune Cfdt-Cgt-Fen. Au cours de deux années de fonctionnement, je m’aperçus que, malgré la liste « unitaire », chacun votait de façon différente au CA.

         Deux ans plus tard, la plupart des adhérents du Snetaa partirent faire l’ouverture du lycée Beau de Rochas, et pendant une année nous prîmes la direction de la section avec Annie, la prof d’EFS (Economie Familiale et Sociale) en attendant qu’elle parte comme proviseur de LEP dans une autre académie. La consigne syndicale était de présenter des listes Fen et donc nous présentâmes des listes Snetaa-Sneeps (le syndicat des profs de gym de LEP affilié à la Fen). Cela surprit les camarades des confédérations, mais nous préparions les CA ensemble et nous y votions de façon unitaire, ce qui était un grand changement par rapport à ce qui se faisait auparavant. Et lorsque j’avais prévu de faire une intervention importante, je me portais toujours volontaire pour assurer le secrétariat de séance, c’est pour cela que je n’ai jamais compris le refus des profs de Zola de prendre les notes pour rédiger le procès-verbal.

         Lors de ma dernière année au LEP, aucun adhérent ne vint à l’assemblée générale de la section ; il est vrai que j’avais prévu de passer la main puisque je devais passer tout le deuxième trimestre en Irlande, pour un échange poste pour poste. J’affichai donc ma démission de secrétaire sur le panneau syndical tout en indiquant que je restais adhérent de base. Bien entendu, pas de liste de candidat et mes camarades du Sgen et du Snetp vinrent me dire qu’ils avaient gardé deux places sur la liste pour nos candidats. Ces deux places furent complétées par des confédérés.

         Et c’est à mon retour d’Irlande que j’appris que j’étais nommé à BoraBora : ma fuite avait été réussie !

Et ce n’est pas fini…

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Blanquefort, la suite

12 Décembre 2009, 07:48am

Publié par Bernardoc

           Lendemain de la rentrée de janvier, sans prévenir (ça ne se faisait pas à l’époque), l’inspectrice débarque dans ma classe en me déclarant qu’elle venait en tant que conseillère pédagogique.

         Première chose : « Où est le cahier de textes ? » « Ils l’ont perdu Madame. » « Un cahier de textes, ça ne se perd pas » ; toi, va le chercher dit-elle en désignant un élève. Trois minutes après, le cahier de textes était dans la classe.

         Elle eut l’occasion de me dire lors de l’entretien de refuser de faire cours si cela se reproduisait et je dois dire qu’au cours de ma carrière d’enseignant j’eus l’occasion de mettre par deux fois ce précepte en pratique une fois à Blanquefort (une semaine) et une fois à BoraBora (deux semaines). Finalement les élèves en avaient assez de ne pas avoir de cours et le cahier de textes finissait par revenir. L’inspectrice me déclara également que mes élèves étaient des sauvages et que je ne m’en sortais pas si mal que ça devant ce public. Elle me conseilla aussi de faire poncer les tables qui étaient en piteux état, ce qui était facile grâce à l’atelier bois. Et du jour où les tables revinrent propres, elles le restèrent – au moins tant que je fus le seul à utiliser cette salle.

         Mon CAECET (Certificat d’Aptitude à l’Enseignement en CET –alors que nous étions devenus des LEP depuis plusieurs mois) se solda par un succès, notamment parce que « j’avais compris que la pédagogie Freinet ne pouvait s’appliquer dans le secondaire » selon les termes de l’inspectrice. Je n’argumentai pas, car ce qui importait était la titularisation qui me permettrait de gagner ma liberté pédagogique.

         Je repiquai donc dans le même établissement, en ayant négocié des heures séparées pour l’anglais, ce qui me procura un emploi du temps beaucoup moins avantageux que l’année précédente. Ainsi, je ne travaillais le vendredi qu’après la récréation de seize heures, et pour un cours de français qui se terminait un quart d’heure plus tôt que d’habitude pour permettre aux internes d’attraper leur train. Pas vraiment le meilleur moment pour un cours de français à des élèves qui apprenaient une profession du bâtiment.

         Estelle eût le bon goût de naître à ce moment-là, ce qui me permit de bénéficier d’un jour de congé supplémentaire, car à cette époque les onze jours du congé de paternité n’étaient même pas en gestation.

Et ce n’est pas fini…

 

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Blanquefort

11 Décembre 2009, 08:18am

Publié par Bernardoc

           Premier poste où je débarquai en septembre 1977 au retour du Ghana. Dans ma fiche de vœux, j’avais demandé « tout poste dans l’académie de Bordeaux », et je me retrouvais nommé sur le poste vacant le plus près de Bordeaux. Nous trouvâmes à nous loger à Lormont, ce qui impliquait la traversée quotidienne du pont d’Aquitaine, qui était quand même plus fluide que maintenant.

         Je découvris un emploi du temps alléchant, surtout pour un professeur stagiaire : à part le lundi où j’avais une journée complète de sept heures, je finissais à midi et mon week-end commençait le vendredi à dix heures ! J’avais donc tous mes après-midi pour préparer mes cours. Ce qui était moins drôle, c’était les périodes de deux heures consécutives avec les mêmes classes ; si cela était acceptable en français, c’était une aberration en anglais, mais c’était tellement plus facile pour établir les emplois du temps ainsi, et tant pis pour les élèves qui ne voyaient leur prof d’anglais qu’une fois par semaine. Bien que pour certains ce fût largement suffisant, notamment ceux qui n’avaient pas d’épreuve à l’examen. Je me souviendrai toujours de la classe que j’avais le mardi de dix heures à midi. Il s’agissait des 2MRTP (terminale BEP des Mécaniciens Réparateurs de matériels de Travaux Publics) ; ils étaient 36 (alors que l’année précédente ils étaient en groupes) et pouvaient, s’ils le souhaitaient, demander à passer une épreuve orale. Inutile de dire que ceux qui s’intéressaient à l’anglais étaient très minoritaires et ce qui se passait dans ma classe était tout sauf un cours d’anglais. A dix heures donc, le mardi matin, j’étais le dernier à quitter la salle des professeurs…quand vraiment je ne pouvais pas faire autrement, et j’angoissais, comme j’étais stagiaire à l’idée que l’inspectrice pourrait se pointer à ces heures-là.

         Stagiaire j’étais, mais le rectorat a mis du temps à s’en apercevoir car il n’avait pas dans l’idée qu’un professeur débutant puisse rester stagiaire pendant quatre ans, ce qui était mon cas puisque entre mon année d’ENNA (Ecole Normale Nationale d’Apprentissage – un remarquable lieu de formation) et mon arrivée au CET (Collège d’Enseignement Technique) de Blanquefort, s’étaient écoulées mes deux années de VSNA (Volontaire au Service National Actif) au Ghana. Si bien que je reçus le soutien d’une conseillère pédagogique la semaine d’avant les vacances de Noël, et elle me proposa de ne commencer qu’à la rentrée de janvier, ce qui me parut raisonnable.

Et ce n’est pas fini…

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Ouf ! Plus de ça !

10 Décembre 2009, 16:14pm

Publié par Bernardoc

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1969 : Entrée dans l’Education nationale en tant que « pion » (surveillant d’externat).

2009 : Enfin la retraite (en tant que Principal).

 

40 ans d’évolution dont je ne suis pas sûr qu’elle ait été positive.  Ce fut  une des surprises du Haillan que des parents osent me demander en toute franchise : « Je souhaite rencontrer Monsieur Untel (ou Madame Unetelle) pour l’«engueuler », mais comme je n’ai pas envie qu’il (elle) me réponde, je souhaite votre présence ». Et ils s’étonnaient que je ne me prête pas au jeu.

         Il a quand même fallu que j’attende ma dernière année d’activité pour que je reçoive des services académiques un soutien écrit par le biais d’une lettre qui demandait aux parents de laisser les professionnels que nous étions faire leur travail sans s’immiscer dans une sphère qui n’était pas la leur. Du coup j’ai téléphoné à l’auteur de la lettre pour le remercier. Je me demande encore comment mon supérieur hiérarchique a pu signer ce courrier, vu les rapports qu’il entretenait avec moi et que j’aurai l’occasion de développer plus tard.

Et ce n’est pas fini…

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Laïcité

9 Décembre 2009, 10:06am

Publié par Bernardoc

           Dans notre République présidée par le chanoine de Latran, c’est un concept qui est de plus en plus bafoué. Je n’en veux pas spécialement (c'est-à-dire pas davantage que pour d’autres sujets) au chanoine dont après tout c’est le boulot de tenter de nous faire ingurgiter ses foutaises, mais j’en veux d’abord à ceux qui ont commencé il y a plusieurs années à accoler un adjectif au terme laïcité, alors que ce dernier se suffit à lui-même. Vous souvenez-vous des auteurs de la « laïcité plurielle » ? Et bien c’était nos amis de la Ligue de l’Enseignement. Quand on a un tel boulevard ouvert devant soi, pourquoi se priver d’en rajouter une couche ?

         Après les accords Kouchner-Vatican, qui  ont abandonné le principe républicain du monopole de la collation des grades, les boîtes à curés se sont senti pousser des ailes et se déclarent prêtes à violer nos convictions d’enseignants laïques, membres du service public d’éducation nationale.

         Ainsi, au mois de juillet un camarade est convoqué pour des oraux de Bac Pro dans un LP Privé catholique. Il remarque que la salle dans laquelle il doit interroger n’est pas une salle laïque et il demande au directeur de le changer de local ou d’ôter le crucifix qui choque sa conscience. Devant le refus du directeur, il refuse de se plier, lui militant laïque, au diktat à lui imposé par un suppôt de la secte de Rome et se retire, non sans en avertir les autorités rectorales.

         Convoqué pour deux journées, il se représente le lendemain, constate que rien n’a changé, reformule la même demande et devant le refus du serviteur diocésain quitte les lieux à nouveau.

         La sanction est tombée avec le traitement du mois de septembre et la retenue sur salaire. Les autorités hiérarchiques, au lieu de soutenir le principe de laïcité, ont préféré sanctionner un fonctionnaire qui voulait faire respecter les règles du service public.

         Ce n’est, hélas, pas nouveau. Il y a vingt ans, lors des derniers examens que j’ai fait passer en tant que professeur, la même chose m’est arrivée, mais, peut-être parce que j’allais changer de corps, j’ai procédé aux interrogations et j’ai écrit ensuite à l’inspecteur d’académie pour lui suggérer de demander aux établissements confessionnels de faire disparaître les symboles idolâtres des lieux où les enseignants laïques étaient appelés pour remplir leurs missions de service public. Le Proviseur, en faisant suivre ma lettre, m’a déclaré que je faisais bien d’écrire, mais qu’il doutait de la réception d’une réponse. Il avait raison ! Et il m’avait raconté que lui, jeune professeur, s’était trouvé à corriger des copies à côté de bonnes sœurs en cornettes, ce qui l’avait également choqué.

         Devant l’absence de réponse, et afin que mon action ne soit pas complètement étouffée, j’avais fait paraître ma lettre dans le bulletin départemental de L’Ecole Emancipée.

         Mais cette fois, l’action est relayée au niveau national et je vous engage à signer la pétition sur le site de l’UFAL (Union des Familles Laïques) par l’intermédiaire du lien que je rajoute sur le blog.

Et ce n’est pas fini…

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La fin d'une belle aventure humaine

8 Décembre 2009, 16:35pm

Publié par Bernardoc


Et oui, même si je pense que je suis resté une année de trop à Langevin, il n’en reste que les bons souvenirs. Je l’ai quitté en même temps que Monique, notre documentaliste ; j’ai utilisé une carte de France pour lui rendre hommage, car partout où elle avait navigué, elle avait monté un CDI.

         Pour moi, il n’y eut pas de discours mais des chansons. En voici une ci-dessous :


   
Monsieur le Principal

 

Monsieur le Principal

On vous chante une lettre

Que vous r’lirez peut-être

Quand vous s’rez au Haillan

 

Depuis six ans déjà,

Vous gérez ce collège

Vous partagez ses peines,

Dirigez ses combats

 

Monsieur le Principal,

Vous avez tant écrit,

Résisté, tempêté,

Pour que cette école vive.

 

Vous avez instauré

Les ateliers lecture

Le Printemps des Poètes

Et les journées du Cesc

 

Nous avons partagé

Chorale et bonnes soirées

Journées banalisées

Et succès au brevet

 

Vos chemises tahitiennes

Nous ont ensoleillés

Vos colères tropicales

Nous ont fait sursauter

 

Nos idées, nos projets

Jamais vous n’étiez contre

Vous rêviez la rencontre

Des pays étrangers

 

Grèves, syndicats, manifs,

Vous portez haut vos convictions

Et tous ici reconnaissons

Comm’ vous êtes réactif

 

Il y a eu des blessures

Et des malentendus

C’est toute une aventure

Qu’ensemble on a vécue

 

Pour toutes les occasions

Où vous nous avez soutenus

Encouragés ou défendus

Soyez remercié.

 

Monsieur le Principal,

On vous donne cette lettre

Que vous r’lirez peut-être

Quand vous s’rez au Haillan.


       Chanté par l’ensemble du personnel sur l’air du Déserteur, cet hommage m’a laissé sans voix. Il paraît qu’en six ans c’était la première fois que je restais silencieux aussi longtemps.  Je peux considérer que ma carrière professionnelle heureuse  s’est arrêtée à ce moment-là, la collusion objective entre la hiérarchie et une forte minorité d’enseignants de Zola m’ayant rendu la vie très difficile pour mes trois dernières années au point que je suis parti avec la haine d’une institution pour laquelle je m’étais battu pendant une quarantaine d’années. J’en ai toujours voulu au « socialiste » Jospin de n’avoir pas pérennisé le Congé de Fin d’Activités, car deux ans plus tôt je serais parti de manière plus apaisée.

 

                   Et ce n’est pas fini…


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La SEGPA

7 Décembre 2009, 23:26pm

Publié par Bernardoc

         Autre particularité de Langevin : la Section des Enseignements Généraux et Professionnels Adaptés, terreur des enseignants du collège qui angoissaient à l’idée d’avoir à dispenser leurs savoirs à ces élèves déshérités, et à la gestion desquels ils n’avaient pas été préparés. Il existe bien une formation volontaire de deux cents heures, le 2C.ASH, qui débouche sur la soutenance d’un mémoire, et qui n’est « récompensée » par rien : aucune reconnaissance financière pour ces collègues qui, en plus de leur temps de travail, se seraient pliés à cette formation. Inutile de dire que, malgré la publicité faite, aucun collègue du collège ne s’est précipité sur cette formation : ils avaient bien trop peur que cela les désigne prioritairement pour enseigner en Segpa !

         Après une année de découverte avec un Directeur-adjoint, fin pédagogue que j’ai pu découvrir lors de la formation des délégués, j’ai eu le bonheur de travailler trois ans avec Jean-François, et après j’ai tenté de maintenir pendant deux ans ce que nous avions bâti ensemble.

         Dès le départ il avait souhaité que je préside un conseil de classe de Segpa, et j’ai donc suivi pendant quatre ans les mêmes élèves depuis la 6ème . Je fus un peu surpris, et Jean-François également, quand je découvris que les bulletins n’avaient pas été remplis. Cela ne se reproduisit plus.

         La présence d’une Segpa au collège a permis de bonnes initiatives pédagogiques, ainsi qu’une osmose avec les autres élèves. On y pratiquait l’intégration partielle de jeunes d’un ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique) voisin, mais aussi nous avons, par le biais de la 4AES permis à certains élèves de rejoindre le cycle classique, alors que d’autres attendaient l’orientation post-3ème . De même, alors que certains parents avaient refusé l’orientation en Segpa à l’issue de l’école primaire, ils acceptaient en cours ou à la fin de la 6ème cette orientation car ils ‘étaient rendus compte que les élèves étaient tous traités avec une égale dignité. Je me souviens d’une mère me disant « Laissez-lui sa chance [de passer en 5ème ] » que j’ai réussi à convaincre en lui répliquant que sa chance, c’était justement d’être pris en charge dans une classe à effectif réduit par un maître spécialisé.

         Les enseignants de Segpa disposent chaque semaine d’une réunion de concertation qui est soit incluse dans leur service, soit payée en heures supplémentaires. J’avais connu cela au CETAD de BoraBora (voir plus haut) et c’est vraiment le minimum pour pouvoir travailler en équipe. Ce n’est pas un hasard si le B2i (Brevet Informatique & Internet) était pris en charge collectivement par l’équipe, ce que demandaient les textes officiels, alors qu’au collège on avait plutôt tendance à se reposer sur les professeurs de technologie. Les élèves de Segpa avaient aussi de meilleurs résultats à l’ASSR (Attestation Scolaire de Sécurité Routière) que ceux du collège.

         Enfin, la gratitude et la reconnaissance des enseignants faisait plaisir et me confortait dans mon action ; deux témoignages : une collègue qui, à la fin de sa première année est venue me dire : « Monsieur le Principal, vous m’avez réhabilitée », et une autre qui m’a avoué qu’elle avait passé ses six meilleures années professionnelles sous ma direction. J’aurais bien aimé pouvoir en dire autant de mes chefs à moi, mais je suis un doux rêveur.

Et ce n’est pas fini…

 

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