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Le blog de Bernard SARLANDIE

Education & jeunesse.

12 Avril 2020, 09:16am

Publié par Bernardoc

Comment construire une société apprenante ?

Il y a 40 ans, on nous promettait un grand SPULEN. Cela aurait pu se réaliser avec la nationalisation (bien entendu sans indemnité ni rachat) des officines privées, la plupart du temps catholiques. Las, les calotins ont réussi à mobiliser la droite la plus réactionnaire qui a fait plier le gouvernement de l’époque et entraîné la démission d’un (grand) ministre de l’EN.

Aujourd’hui, nous sommes toujours dans un système dual, avec des résultats qui vont à l’encontre de ce que l’école est censée apporter : au lieu de combler les écarts face à l’éducation et à la culture, l’école les augmente. Un nombre croissant d’élèves quitte l’école primaire sans savoir lire (un peu plus de 15%), et ces écarts s’accroissent encore lors des années collège (le taux des élèves en grande difficulté à l’issue de la 3ème a augmenté de 30% en 10 ans).

Philippe MEIRIEU parle « de ce système éducatif qui fonctionne tel une centrifugeuse qui tourne et exclut, qui détecte, trie et dérive. » Il poursuit en remarquant que « l’école n’est pas là pour dépister et alimenter cette centrifugeuse qui fait de l’exclusion son principe de fonctionnement au contraire de l’intégration. »

La lutte contre ce fait implique la disparition des discriminations, notamment à l’encontre des enfants issus de familles en précarité, souvent ostracisés parce que leurs parents sont catalogués « incompétents » puisqu’ils n’osent pas venir à l’école. Valoriser les élèves en pratiquant une pédagogie de la réussite conduira à de meilleurs résultats que des sanctions mal comprises. Car toute pédagogie repose sur l’affirmation que tous les enfants sont capables d’apprendre. Ce n’est pas nouveau : déjà Pagnol l’illustrait dans une de ses œuvres, La gloire de mon père, je crois.

Un (grand) ministre de la culture avait un temps été celui de l’EN ; il s’agit de Jack LANG. Je n’ai pas un souvenir impérissable de son passage à la tête du ministère, mais il avait eu l’immense mérite de permettre à la culture d’entrer dans les établissements, par le biais d’ateliers subventionnés et à la demande des équipes pédagogiques.

Les statistiques indiquent que c’est en France que le taux d’encadrement est le plus faible des pays de l’OCDE, comme la rémunération des enseignants d’ailleurs.

Est-il besoin d’aller plus loin avant de voir qu’une amélioration du système passe par une revalorisation des traitements et un recrutement massif ? Revaloriser les traitements entraînerait un choix de carrière positif et non par défaut, ce qui change du tout au tout l’approche du métier. Dans l’augmentation du recrutement, j’inclus bien sûr les Conseillers Principaux d’Education, une originalité de notre système, dont le rôle bienfaisant et régulateur n’est plus à démontrer.

Il importe aussi que ce recrutement se fasse au plus près du peuple, et pour cela il faut abandonner le recrutement à bac+5 pour les professeurs d’école maternelle par exemple, un des fleurons de notre éducation républicaine dont nous pouvons être fiers et que le monde entier nous envie. Un recrutement si tardif entraîne déjà une sélection par l’argent. De plus à Bac+5, il y a certainement des professions qui sont mieux rémunérées que celles de l’éducation. Et la pédagogie, c’est-à-dire l’art de transmettre des connaissances, cela s’apprend.

Je crois profondément en « L’Ecole, instrument de paix » (c’est le nom d’une association mondiale basée à Genève), et je pense que la construction des savoirs est indissociable de l’institution de la loi.

Commençons par affecter 6 maîtres pour 5 classes en primaire et encourageons élèves et maîtres à travailler en coopération plutôt qu’en compétition. Soyons convaincus que tout enfant doit pouvoir aimer apprendre, et pour cela bâtissons l’enseignement à partir de la connaissance du milieu culturel des élèves en nous appuyant également sur les parents. Nous jugerons après. Ceci n’est pas nouveau : que l’on se rappelle Sébastien FAURE et La Ruche, Francisco FERRER et L’Ecole Moderne, reprise quelques années plus tard par Célestin FREINET. Tous avaient en tête l’émancipation de l’homme par l’éducation. Ce n’est pas un hasard si deux des plus anciennes revues syndicales des enseignants s’appelaient L’Ecole Emancipée ou L’école libératrice. Avec les TIC (Techniques d’Information et de Communication)- qui ne sont plus nouvelles depuis longtemps - qui existent actuellement, et sont amenées à se perfectionner encore, « apprendre à apprendre » est un des enjeux essentiels, non seulement de l’instruction, mais de l’éducation, afin que tout citoyen ne se laisse pas berner par des informations non vérifiées. Bien avant elles, Piaget émettait une théorie qui disait en parlant de l’enfant : « Apprends-moi à agir seul ». D’où l’importance du tâtonnement expérimental, « principe naturel de tout apprentissage qui se fait par observation, imitation immédiate ou différée, inventions, dialogues, réflexions, écritures, transmission orale et gestuelle. »

Evitons de revenir au gavage auquel l’enfant devait se soumettre, comme sous la III° République, quand Jules FERRY envoyait en toute sérénité les hussards noirs inculquer aux enfants favorisés de nos colonies que leurs ancêtres étaient les Gaulois.

Et ce n'est pas fini...

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