BULLETIN N°10 DE KAFENION I ELLAS
Notre ville est jumelée avec Kalambaka, et en tant que membre du comité de jumelage je viens de recevoir ce témoignage que je tiens à vous faire partager.
Fidèle à son histoire, la Grèce résiste encore. En 22 juillet nous avions 4.110 cas et 201 morts, dont 66 femmes. Ainsi en un mois, le pays n’a déploré que 10 décès, contre une vingtaine en Nouvelle Aquitaine et près de 700 pour toute la France.
En revanche, il y a un motif d’inquiétude réelle. La Grèce n’a eu que 5 morts en plus de trois semaines, mais 5 nouveaux décès ces derniers jours ! Le déconfinement et surtout les flux de populations dus aux vacances amènent un retour significatif de la pandémie, en France et dans le bassin méditerranéen (Portugal, Espagne, Italie). La vigilance est donc de rigueur pour les autorités d’Athènes qui ont pourtant besoin du secteur touristique pour ne pas voir sombrer de nouveau son économie (20% du PIB). Par ailleurs l’incurie de deux de ses voisins du nord (Serbie, Macédoine « du nord »), n’arrange rien. En effet, les autorités de ces pays pour se maintenir au pouvoir, ont tenu à organiser leurs élections législatives. Les ultras nationalistes de Belgrade et les sociaux-démocrates de Skopje (signataires des accords d’apaisement de Prespa avec la Grèce), restent en place. Mais avec comme résultat une relance de l’épidémie dans ces deux Républiques ex-yougoslaves, donc un réel danger aux frontières septentrionales de la Grèce.
Au 1er juillet, tous les aéroports grecs ont rouvert, ainsi que les ports de Patras et Igoumenitsa. Mais les avions en provenance de Turquie, Royaume uni et Suède ont été interdits jusqu’au 15 juillet, prolongation jusqu’au 22 pour la Suède. Mais contrairement à la France, les passagers débarquant en Grèce doivent s’être fait préalablement enregistrer sur leurs i-phones avec un RQ prouvant qu’ils ont fait un test de moins de 72 heures qui est négatif. En arrivant sur le sol grec, tous sont testés au niveau de la température. Depuis le 19 juillet, Athènes a refermé une partie de ses postes frontières du nord. Ainsi, aujourd’hui, de l’Albanie à la Bulgarie, il n’y a plus que 6 points de passage, avec contrôle obligatoire de la température. En effet, le 12 juillet, le virus a été détecté dans la petite ville de Macédoine occidentale, Kozani.
Après quatre jours de marathon à Bruxelles, les 27 sont enfin tombés d’accord pour un vaste plan de relance face à la crise sanitaire. La Grèce devrait toucher 70 milliards d’euros. Il s’agit d’un plan de relance digne du New deal américain de 1933 ou du plan Marshall de 1947. Pourtant quatre États (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche), appelés « États radins » par nombre de quotidiens, ont rechigné à la solidarité. Ils auraient voulu, en échange de leurs signatures, imposer des réformes structurelles aux autres pays, comme l’augmentation de l’âge de la retraite, la baisse des pensions… Exactement ce que la Troïka (FMI, BCE, Commission de Bruxelles) a imposé à la Grèce de 2012 à 2019, entraînant le pays dans la précarité, la pauvreté. Cela a provoqué une surmortalité combien supérieure aux 200 morts actuels !
Ces quatre États devraient balayer devant leur porte. Les Pays-Bas et la Suède n’ont pas voulu confiner. Résultat : les plus hauts taux de mortalité d’Europe. Quant aux rapports entre le Danemark, l’Autriche, un peu d’histoire. Le Royaume du Danemark a placé sur le trône de Grèce un de ses rejetons au chômage, un Gluksburg. Ces derniers étaient proches de l’Axe durant la Première Guerre mondiale et sont rentrés dans les fourgons de l’armée britannique à la libération, avant de se vendre aux Américains, participant à la guerre civile et écrasant les ouvertures démocratiques de 1963-1965. Et que dire des Autrichiens. Les chefs nazis en charge de l’occupation de la Grèce de 1941 à 1944 étaient pour beaucoup des Autrichiens : Herman Neubacher et un certain Kurt Waldheim, responsable de la déportation des Juifs de Salonique en 1943 ! Sur ce sujet, nous vous conseillons : « Dans la Grèce d’Hitler 1941-1944 » de Mark Mazower, Les Belles Lettres, 2002.
Christophe CHICLET
Et ce n'est pas fini...